Pr Moussa Diaw, Enseignant chercheur en Sciences Politiques à L’UGB : «2023, Année de tensions et de recomposition du champ politique»

Candidature de Macky Sall: «L’année 2022 se termine par une situation politique marquée par un équilibre des forces à l’Assemblée nationale avec la mouvance présidentielle qui n’a plus la majorité absolue à l’Hémicycle et surtout par le rapport de la Cour des comptes annonçant des irrégularités dans la gouvernance des fonds consacrés à la lutte contre la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19.

Plusieurs ministères sont épinglés (9 ministères épinglés pour des manquements qui nécessitent l’ouverture d’une information judiciaire). Cela instaure un climat de doute et de suspicion sur l’usage des fonds publics qui engage la responsabilité de la majorité présidentielle.

Celle-ci est fragilisée par cette épreuve qui alourdit le climat politique au moment où les partisans du Président Macky Sall le pressent à annoncer une 3è candidature.

L’année 2023 sera une période préélectorale en fonction de la décision du Président sortant (Macky Sall). S’il se représente pour une troisième fois, malgré l’interdiction de la Constitution, qui limite le nombre de mandat à deux, il risque de créer une situation ingérable face à une farouche opposition et une société civile déterminées à lui barrer la route. Dans ce cas de figure, le pays peut se retrouver dans une situation d’incertitude et d’instabilité pouvant déboucher sur l’irruption d’acteurs imprévisibles.»

Procès de Ousmane Sonko et parrainage : «L‘année 2023 pourrait être considérée comme celle de tous les dangers au regard de cette éventuelle candidature du Président Macky Sall. Ensuite si un procès se tient sur l’affaire «Sweet beauté», qui oppose le leader de Pastef/Les Patriotes, Ousmane Sonko à la jeune masseuse, Adji Sarr, ce qui me semble improbable, quant à la tournure des évènements, la gestion de ce dossier est source de conflictualité et de tension qu’il génère de par son soubassement fortement teinté de politique. Ajoutons à cela le système de parrainage qui ne fait pas l’unanimité car contesté par la plupart des leaders politiques et de la société civile. Ne faudrait-il pas aller dans le sens de la recherche de consensus pour cette question cruciale pour l’élection présidentielle de 2024. Face à tous ces événements, 2023 risque d’être une année de tensions politiques puisqu’elle est déjà une année préélectorale.»

Rapports de forces politiques : «S’agissant des rapports de forces politiques, on peut s’attendre à une nouvelle reconfiguration du champ politique sénégalais qui serait la conséquence d’amnisties de leaders comme les cas de l’ancien député-maire de Dakar, Khalifa Sall (qui a été condamné dans l’affaire de la Caisse d’avance de la Ville de Dakar, Ndlr) et du fils de l’ancien président de la République, Me Abdoulaye Wade, Karim Wade (qui a été condamné par la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) dans le cadre de la traque des biens mal acquis e engagée par le régime du Président Macky Sall , Ndlr).

Ce qui naturellement va engendrer des combinaisons politiques en raison des enjeux des uns et des autres et de la capacité et ambitions des leaders à se positionner dans un espace politique très contrasté. Donc, 2023 risque d’être l’année de la grande reconstitution du champ politique sénégalais en perspective de l’élection présidentielle de 2024.»

L’Obs

Pape Ismaïla CAMARA
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