Economie : « Nous sommes préoccupés par la marginalisation de la pêche artisanale dans les stratégies d’économie bleue de nos pays » (CAOPA)

Dans le monde, la pêche est une des activités économiques les plus importantes aussi bien en termes de revenus générés que sur le plan de la sécurité alimentaire. Alors que les menaces sur les océans vont croissant, la mobilisation internationale pour leur protection devient un sujet incontournable.

En marge de la Conférence des Nations unies sur les océans (UNOC) qui se tient à Lisbonne au Portugal du lundi 27 juin au vendredi 1er juillet prochain, 30 organisations de pêche artisanale d’Afrique, d’Amérique, d’Asie et du Pacifique ont appelé ce mardi 28 juin, les décideurs publics à mettre le secteur au centre des discussions.

Si déjà l’UNOC promet d’aboutir à une action mondiale pour préserver les océans qui couvrent 70 % de la superficie de la planète de plusieurs menaces comme les eaux usées et la pollution plastique, les ONG indiquent que les « proclamations générales n’ont aucun sens si elles ne garantissent pas l’inclusion du plus grand groupe d’utilisateurs ».

En effet, argumentent-elles, la pêche artisanale fournit de la nourriture ou un revenu à 500 millions de personnes. En dépit de ce rôle important dans la sécurité alimentaire et les emplois, la coalition déplore l’exclusion des acteurs dans les processus qui aboutissent à des décisions affectant directement leurs moyens de subsistance.

« Nous demandons aux décideurs d’impliquer davantage les communautés côtières et les organisations de pêche artisanale dans les espaces décisionnels importants tels que UNOC, et d’adopter une approche de la conservation marine basée sur les droits humains. Nous voulons voir des politiques de développement qui donnent la priorité au soutien de la pêche artisanale dans les discussions et la déclaration de l’UNOC et au-delà. Si nous n’agissons pas dès maintenant, la conférence de Lisbonne menace de saper encore davantage les intérêts de ces communautés », souligne un communiqué.

Parmi les approches préconisées par les organisations durant le sommet figurent la promotion de la participation des femmes dans la pêche, l’amélioration de la transparence et la redevabilité dans la gestion de la pêche, un accès préférentiel des zones côtières aux acteurs de la pêche artisanale et un renforcement du soutien aux communautés, en particulier aux jeunes, pour faire face aux conséquences du changement climatique.

« Nous sommes préoccupés par la marginalisation de la pêche artisanale dans les stratégies d’économie bleue de nos pays. Nous ne pouvons pas survivre si nous devons concurrencer des secteurs puissants, polluants et destructeurs de l’environnement marin et côtier. Face à cette menace, nous appelons les gouvernements à adopter une approche de précaution. Ne donnez pas le feu vert à une économie bleue destructrice », indique Gaoussou Gueye, président de la Confédération africaine des organisations de pêche artisanale (CAOPA).

« UNOC étant axée sur l’innovation, la déclaration finale de la conférence devrait reconnaître les innovations efficaces, fondées sur les connaissances locales et traditionnelles, introduites par les communautés de pêche artisanale, pour relever des défis essentiels tels que l’amélioration de la gestion des pêcheries et la conservation du milieu, l’amélioration des conditions de travail et de vie, l’accès à des matières premières de bonne qualité ou une meilleure utilisation des énergies renouvelables, notamment pour les activités de transformation du poisson. Ces innovations aident les communautés côtières dépendantes de la pêche à devenir plus résilientes », déclare pour sa part Béatrice Gorez, Coordinatrice de la Coalition pour des accords de pêche équitables (CAPE).

Il faut noter que cette exhortation pour une meilleure considération de la problématique de la pêche artisanale intervient sur fond de pessimisme de plusieurs observateurs et dirigeants concernant les retombées concrètes de ce sommet.

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a ainsi prévenu le lundi que « l’égoïsme » de certaines nations entravait les efforts visant à conclure un traité très attendu pour protéger les océans du monde. « Certaines personnes pensent encore qu’elles sont assez puissantes pour penser que les eaux internationales devraient leur appartenir », regrette-t-il.

Momar Diack SECK
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