UEMOA. Etude, conclusions et recommandations politiques du FMI

Cette étude du FMI examine les effets persistants de la crise du COVID-19 sur l’activité économique dans l’UEMOA à moyen terme, en se concentrant sur trois canaux principaux : l’investissement dans le capital physique, l’accumulation de capital humain et la productivité, en utilisant un cadre de fonction de production.

L’analyse suggère que la pandémie pourrait avoir réduit la croissance à moyen terme jusqu’à 1 point de pourcentage dans un scénario dans lequel aucune politique d’atténuation n’est mise en œuvre pour contrer les cicatrices. Dans un scénario proactif dans lequel les décideurs prennent des mesures pour atténuer les cicatrices, les effets néfastes de la crise pourraient être considérablement atténués.

Malgré sa croissance importante au cours de la dernière décennie, le marché de la sécurité souveraine de l’UEMOA reste à un stade de développement. Ceci est confirmé par une évaluation systématique d’un ensemble d’indicateurs de fonctionnalité pour les six éléments constitutifs identifiés par le cadre de développement du LCBM récemment élaboré par le FMI et la Banque mondiale.

Une telle approche facilite l’identification et l’enchaînement des actions les plus nécessaires pour aider le marché de la sécurité souveraine de l’UEMOA à se rapprocher d’un stade émergent de développement, qui sera essentiel pour réduire la dépendance des gouvernements de l’UEMOA vis-à-vis du financement extérieur, améliorer la résilience économique des pays de l’UEMOA et améliorer la transmission de la politique monétaire.

Dans l’UEMOA, les efforts de réforme pourraient très utilement se concentrer sur des mesures visant à accroître la profondeur et la liquidité du marché secondaire des titres souverains. De telles mesures devraient être accompagnées de mesures se renforçant mutuellement visant à combler les lacunes d’autres éléments constitutifs du LCBM qui entravent le plus le développement du marché secondaire. Les domaines qui méritent une plus grande attention dans chacun des six blocs de construction sont les suivants :

  • Marché monétaire:

o Promouvoir la transparence du marché interbancaire des pensions en garantissant la disponibilité quotidienne des informations sur les transactions et en promouvant des prix/taux de référence pouvant servir de référence pour les prêts des banques.

  • Marché obligataire primaire :

o Réduire la fragmentation du marché, en agissant sur deux fronts importants : (1) éliminer la segmentation dérivée des deux mécanismes d’émission (pour les enchères et les syndications), ce qui nécessiterait une généralisation d’une structure bullet pour tous les titres souverains, ainsi que que l’unification de l’infrastructure commerciale et de l’environnement réglementaire ; (2) renforcer la politique d’émission d’obligations de référence, en utilisant plus largement la réouverture du même instrument, en facilitant leur utilisation par les teneurs de marché et en favorisant la formation de meilleurs prix de référence. Cela permettrait une politique plus efficace de réouverture des instruments émis lors des adjudications précédentes.

o Améliorer les pratiques de gestion de trésorerie des souverains. Cela nécessiterait, entre autres, que les pays constituent des réserves de liquidités. Pour fournir les incitations appropriées à de telles pratiques, les ressources souveraines déposées à la BCEAO devraient être rémunérées aux taux du marché, et en même temps réservées à des fins de gestion de la dette.

  • Marché obligataire secondaire :

o Améliorer la transparence et la formation des prix grâce au développement d’une plate-forme électronique pour les titres mis aux enchères.

o Accroître les incitations pour le SVT à animer le marché secondaire, notamment en produisant des cotations de prix en continu. À cette fin, SVT pourrait avoir accès à des facilités telles que des prêts de titres et des lignes de crédit. En outre, les enchères non compétitives pourraient être structurées de manière à inciter le respect des obligations de SVT.

  • Base d’investisseurs :

o Stimuler la création d’investisseurs institutionnels et de fonds de pension privés.

o Améliorer les programmes de relations avec les investisseurs au niveau national pour améliorer les communications bilatérales avec les investisseurs.

  • Infrastructures de marché

o Autoriser le recours aux pensions intrajournalières et au règlement le jour même pour améliorer l’accès aux liquidités à court terme.

o Unifier le système de dépositaire central des titres souverains.

  • Cadres juridiques et réglementaires :

o Supprimer les traitements fiscaux distorsifs sur les titres à revenu fixe, en particulier les exonérations accordées aux investisseurs achetant des titres auprès du souverain de leur pays de résidence spécifique de l’UEMOA.

o Exiger des fonds d’investissement qu’ils évaluent leur portefeuille d’actifs au prix du marché.

Les mesures de réforme peuvent prendre plus ou moins de temps pour être pleinement mises en œuvre en fonction des contraintes propres à chaque indicateur et élément constitutif. Par exemple, des mesures impliquant une seule institution régionale, comme la BCEAO, devraient potentiellement prendre moins de temps à mettre en œuvre. D’autre part, d’autres mesures devront impliquer une coordination entre différentes agences et dans plusieurs pays avec des degrés divers de développement des capacités, ce qui prendra plus de temps à mettre en œuvre. Le tableau 2 ci-dessous illustre une séquence possible des réformes politiques proposées.

Momar Diack SECK
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