Sénégal l’opportuniste politique, je retourne ma veste, toujours du bon côté

Les plus grands opposants, avec des discours virulents à l’égard des gouvernants, se retrouvent systématiquement au pouvoir avec ceux qu’ils dénonçaient jadis. Sans honte, ils deviennent les plus ardents défenseurs du régime en place.
Les Sénégalais ont cette capacité extraordinaire à inventer des mots adaptés à des situations inqualifiables.

En effet, après la victoire du président Wade, ses fervents opposants ont rejoint le pape du «Sopi» (changement en wolof) sans état d’âme. Les animaux sociaux que nous sommes nous conduisent parfois à rechercher de l’herbe verte pour survivre ou exister car la «soupe» au pouvoir est très bonne. Le Président Abdoulaye Wade disait : «Chaque Sénégalais à un prix».
Le chanteur français Jacques Dutronc résume bien ce profil de personnalités «Je suis pour le communisme, je suis pour le socialisme, je suis pour le capitalisme parce que je suis opportuniste. Il y en a qui contestent, qui revendiquent et qui protestent, moi je ne fais qu’un seul geste, je retourne ma veste toujours du bon côté».
Un ancien ministre me disait ceci : « Tous les militants des partis se ressemblent ; ils ne croient en rien». Le temps béni des croyances politiques est révolu. Les programmes politiques (s’il y en a) se ressemblent tous. Nous ne sommes plus dans des coalitions de parti, (comme cela peut exister dans des pays développés), mais une confusion de partis. Des centaines de partis politiques encombrent l’espace médiatique sénégalais. Les citoyens, encore très imaginatifs, les nomment : Partis politiques cabine téléphonique. Nous participons depuis la première alternance à une extraordinaire transformation des mœurs politiques

En effet, les plus grands opposants, avec des discours virulents à l’égard des gouvernants, se retrouvent systématiquement au pouvoir avec ceux qu’ils dénonçaient jadis. Sans honte, ils deviennent les plus ardents défenseurs du régime en place. Beaucoup deviennent des menteurs pathologiques car, ils finissent par croire à leurs mensonges. Ils peuvent crier très fort et en même temps remuer ciel et terre pour rencontrer le «patron». Ce sont des opposants le jour et des visiteurs le soir. Lorsqu’ils sont convoqués par le Président pour occuper une responsabilité gouvernementale, ils disent haut et fort qu’ils doivent consulter leur base. Sachant, souvent, que leurs militants, (pour certains) sont composés de leur famille élargie et quelques copains de quartiers. Nous reconnaissons à juste titre que les dirigeants des partis politiques sont les maitres du jeu.

Rappelons que les militants ne cotisent plus et par conséquent, ils n’ont pas leurs mots à dire. Qui paye, décide. Ces faux adhérents, qui n’adhérent à rien, attendent le ruissellement : leurs «maitres» pourraient leur trouver un emploi précaire ou leur apporter irrégulièrement un soutien financier. Le comble, ce sont des ministres qui ont été remercié par le Président et qui deviennent de durs opposants. Certains créent leur propre parti politique.

La soupe devait être bonne pour être aussi meurtris. Leurs égos surdimensionnés les empêchent d’occuper d’autres postes à responsabilité : c’est ministre ou rien. Or, nous observons dans les pays développés, que des élus ou des ministres deviennent des maires, des chargés de missions ou reprennent sereinement leurs activités précédentes. Il est vrai que la transhumance permet de brouter l’herbe verte sans état d’âme. Le nomadisme politique est loin de s’étendre car, la pauvreté, la perte de dignité, le besoin d’être dans la «lumière», les rancœurs sont des moteurs qui participent à sa longévité.
Alassane Thiam

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