Sénégal : 45 % des prostituées âgées de 21 à 32 ans sont diplômées

Une étude réalisée par le cabinet Rémanagorée, dans la région de Dakar, établit que 45 % prostituées âgées de 21 ans à 32 ans ont fait des études supérieures. L’enquête s’est opérée sur un échantillon de 100 jeunes femmes exerçant ce métier. Et concrètement, les conclusions montrent que 42% ont des diplômes professionnels : Bts, Licence et Master.

Les causes de cette tendance, selon le rapport, sont liées au problème de l’emploi de manière générale. Autrement dit, selon les auteurs de l’enquête, les filles diplômées s’adonnent au commerce du sexe à causes des difficultés quotidiennes familiales.

Les témoignages recueillis pendant l’enquête en disent long. Abibatou Cissé 24ans est diplômée en Master : « si l’Etat ne fait rien pour nous, on en a cure. On nous avait promis des emplois depuis 2012. Malgré mes 24ans d’existence, je reste la seule personne dans notre famille à avoir fait des études poussées et j’ai déjà mon master en marketing et communication. Mes parents ne travaillent pas et je ne peux les regarder faire le tour du quartier pour nous nourrir. La prostitution, même si je le fais avec regret c’est ma seule issue. Et je connais aussi des jeunes hommes avec qui nous sommes promotionnaires qui sont devenus eux aussi des homosexuels, à l’insu de leurs parents ».

Soukeyna Diouf quant à elle, âgée de 27ans diplômée d’une Licence en transport et logistique confie que ses parents sont des paysans et vivent au village.

«Après mon Bac en poche, j’ai opté de suivre une formation professionnelle avec la bourse qui m’a été offerte. Cependant, je vivais avec beaucoup de difficultés ici à Dakar, avec l’espoir de toute une famille. Il m’arrivait de dormir dans les couloirs. Après la mort de mon père, l’année dernière, j’étais obligé par la suite de trouver une échappatoire avec ce plus vieux métier du monde », narre-t-elle.

Comme Soukeyna, Mami Diop âgé de 30ans et diplômée en Master est aussi issue d’une famille pauvre.

« Nous sommes orphelins moi et mes frères. Je suis fille unique. Avant mon Master en Management, je commençais à rêver de tout. Mais par la suite la situation devenait de plus en plus intenable. J’ai même tenté la recherche de financement auprès des structures de l’Etat, mais rien. Il est vrai que la prostitution n’est pas recommandée mais quand on n’a pas d’emploi, que faire ? Surtout quand tu fais face, au quotidien, aux larmes de ta mère », se confie-t-elle.

« Touche pas ma sœur » est l’association initiatrice de la proposition de loi contre le refus de paternité.

Lii Quotidien

Dieyna SENE
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