Portrait de Serigne Ibrahima Mbacké (1912-1955) : La vie du fils de Bamba qui a achevé son œuvre au Gabon

Il y a de cela 109 ans, naissait Serigne Ibrahima Mbacké, le 6e fils de Serigne Touba Khadimou Rassoul. En songe, il reçut de son père la mission d’aller achever son œuvre au Gabon. EnQuête propose, à la veille de la célébration du magal de Mbacké Barry Baol, son fief, le portrait de cet exemple de générosité et d’érudition.

Ce 29 mai, à Mbacké Bary situé dans le Baol, sera célébré Serigne Ibrahima Mbacké. Le sixième fils connu de Serigne Touba Khadimou Rassoul n’a vécu que 43 ans. Il est né un 2 safar 1330 de l’hégire qui coïncide avec le 15 janvier 1912 à Daroul Haliimil khabiir (l’actuel Ndaam). Appelé affectueusement Serigne Ibra, sa mère est As Sayida Fatima Soughraa. Elle est de la branche des Dawalhadj de la Mauritanie.

Cinquante ans après le retour d’exil de Cheikhoul Khadim et bien après sa mort, Cheikh Ibrahima MBacké vit son père en rêve qui le désignait pour se rendre au Gabon et terminer la mission qu’il y avait entreprise. En 1954, avec la bénédiction du khalife général des mourides d’alors, Serigne Fallou Mbacké, Cheikh Ibra MBacké quitta son MBacké Barry (coïncidence frappante, parce son père avait quitté un village portant le même nom, mais, situé au Djoloff, en 1885, pour son exil au Gabon). Il fit les mêmes escales que son père durant son périple au Gabon. Il retrouva Samba Ndiaye, alors âgé de 98 ans, qui l’accompagna partout où le Cheikh Ahmadou Bamba Khadimou Rassoul avait séjourné.

Selon le Chercheur Cheikh Oumar Bamba Diop, Serigne Touba avait pactisé avec Dieu huit années d’épreuves. Par son courage et sa détermination, les travaux connurent leur terme à 7 années et 7 mois. Le fondateur du mouridisme apparut à son shérif de fils, à trois reprises, pour l’exhorter à compléter ledit pacte, en effectuant le périple sur ses propres fonds. ‘’Serigne Ibra entreprit le voyage, suivant ville après ville, pays après pays, les pas de Serigne Touba. En cours de route, il eut à effectuer une visite en Guinée chez Cherif Fanta Mady, un saint dont un des illustres fils de Serigne Fallou porte le nom.

Ce dernier s’en félicita et remercia Dieu d’avoir vu une lumière de Cheikhoul Khadim. Il lui remit des Hadiya en or massif pour lui et pour participer aux travaux de la grande mosquée. Arrivé au Gabon, Serigne Ibrahima Mbacké trouva sur place un vieux du nom de Samba Ndiaye, un nonagénaire à l’époque. Le vieux mouride se persuada que c’est Serigne Touba lui-même qui est revenu, car il lui avait promis d’y retourner quand les manguiers (qui étaient sur ses lieux de détention) ne resteront qu’un’’, renseigne M. Diop.

Selon le chercheur, en quittant le Gabon, Serigne Touba a dit à un de ses talibés Samba NDiaye : ‘’Vous voyez ces Neufs manguiers : Ils vont mourir jusqu´à ce qu’il en restera un et c’est en ce moment-là que je reviendrai pour compléter les huit années, comme je l’avais promis au prophète Mouhamed (PSL)’’.

Dans cette mission qui dura quatre mois, Cheikh Ibrahima a été un propagateur de l’œuvre de Cheikhoul Khadim dans l’expansion du mouridisme. Une fois sur le territoire du Gabon, Cheikh Ibrahima visita, sous la conduite M. Ndiaye, les lieux où Cheikhoul Khadim a séjourné, entre 1895 et 1902. C’est ainsi qu’il a visité Mayumba, Lambaréné, Lodima, Njolé, Port Gentil, Libreville et se rendit même jusqu’à l’île nommée par la tradition orale ‘’wir wir’’ située à une soixantaine de kilomètres des côtes de Mayumba. Dans tous ces lieux, il a effectué des prières et des ziarras, selon des durées variables.

Erudition et solide réputation de générosité

En effet, Cheikh Ibrahima Mbacké a bénéficié de solides études coraniques et en sciences religieuses, à l’instar de ses frères et sœurs. Tous ceux qui le connaissaient, ainsi que les habitués de ses assemblées, étaient frappés par l’immensité de son savoir. Cheikh Ibrahima Mbacké s’était caractérisé par l’imitation de son père et maître spirituel dans ses actes, paroles et dans ses enseignements. C’est ainsi que parmi les nombreuses qualités qu’on lui connaissait, il s’était particulièrement distingué par l’amour des musulmans, se traduisant par une assistance sans faille à leur endroit.

Tous ceux qui le connaissaient étaient marqués par son sourire spontané qui rassurait tous ceux qui se rendaient auprès de lui. Cet amour des créatures pour la face de Dieu se mesure à sa générosité sans borne. Sa résidence de Mbacké Bary, dans la ville de Mbacké, ne désemplissait jamais. Autorités, disciples, nécessiteux et gens en quête de prières assaillaient sa demeure, car, il jouissait d’une réputation selon laquelle personne ne rentrait bredouille.

Partout où il séjournait au Sénégal, il était un soutien de la communauté mouride par ses encouragements et exhortations aux disciples dans la voie de Cheikhoul Khadim.

Sa courte vie sur terre, estimée à 43 ans, est estampillée, selon le chercheur, par les sceaux de l’amour de Dieu du Prophète (Saw) et surtout de la générosité. Il a quitté ce monde, un 21 janvier 1955 (29 djoumada Al Oulaa 1374) à Mbacké).  Actuellement, c’est Cheikh Abdourahmane Mbacké qui est son khalife. Il y a aussi lieu de préciser qu’il n’avait pas laissé beaucoup d’enfants sur terre. Il en a eu que quatre.

‘’Chaque fils et fille de Cheikh Ahmadou Bamba a sa mission terrestre ou mystique qu´il détient de son père, la source de biens intarissables. Serigne Ibrahima Mbacké, homonyme du prophète Ibrahima, qui fut connu pour ses miracles et sa générosité, a eu quatre fils : Serigne Abdourahmane Mbacké, Serigne Khadim Mbacke, Serigne Falilou Mbacké et Serigne Mame Mor Mbacké’’, renseigne Cheikh Oumar Bamba Diop.

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Dieyna SENE
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