Pillages, Destruction de Biens et Vandalisme : Moubarack Lo indigné contre ces faits qui «dégradent l’image du Sénégal auprès des investisseurs»

L’économiste, Moubarack Lô a déploré les dérapages et les débordements observés ces derniers jours. Pour lui, c’est une mauvaise expérience pour le Sénégal. Selon lui, il y a des conséquences à court terme. Mais, il y aura également un impact sur le moyen terme. Aussi, invite-t-il les jeunes au calme et à la sérénité.

Sur le court terme, dit-il, «déjà cette semaine, il y a eu beaucoup d’acteurs économiques qui n’ont pas pu fonctionner ou ils n’ont pu fonctionner que partiellement. Et donc ça va impacter forcément la croissance en ce mois de juin. Certainement, il y aura des rattrapages dans certains domaines. Mais, il y a des domaines qui sont irrattrapables. Par exemple, un touriste qui devait venir, qui avait une fenêtre de vacances et qui décide d’aller ailleurs, c’est une perte sèche pour l’économie», a noté Moubarack Lo.

A moyen terme, également, il y aura un impact d’après l’économiste. «Le Sénégal n’est pas connu comme un pays en trouble. Chaque fois qu’il y a manifestation avec mort d’hommes, des agressions, des pillages, ça dégrade l’image du Sénégal auprès des investisseurs», a-t-il souligné.

D’après M. Lo, les investisseurs n’aiment pas l’incertitude et les troubles. «L’élément le plus important chez un investisseur, c’est la paix. Ensuite, il y a la qualité de l’environnement, des affaires. Mais, dans la qualité de l’environnement des affaires, il n’y a pas que l’aspect réglementaire ou les procédures administratives ou bien la réglementation de la concurrence des prix. Mais, il y a aussi l’environnement plus global. Donc, la quiétude, le bon ordre, même la propreté et la discipline aussi».

«Il y a des agresseurs professionnels qui s’infiltrent et  qui considèrent  d’ailleurs, ces jours de manifestation comme des jours  de foire»

Ainsi, indique-t-il, l’économie Sénégalaise a été agressée. «Vous avez vu des comportements inadmissibles et incompréhensibles. Des boutiques pillées, des commerces vandalisés, des bâtiments détruits sans aucune raison, forcément l’économie du Sénégal a été agressée au-delà de ce qui a été fait au niveau local et dans certains quartiers».

Pour ce qui concerne l’estimation de l’impact financier, l’économiste préconise qu’on fasse une évaluation globale, pour mesurer les pertes. «Il faudrait ouvrir un guichet unique ou tout ceux qui ont perdu quelque chose peuvent se déclarer. Les assurances également sont des sources pour capter l’information concernant les pertes en matériels», a-t-il souligné.

A l’en croire, «il y aura des travailleurs qui seront au chômage technique pendant quelques périodes, parce qu’il y a des activités qui ont été totalement détruites et qui ne pourront pas se relever de ce qui a été fait».

Pour Moubarack Lô, il est vraiment temps, dans ce pays, qu’on se parle au-delà du dialogue. «Il faut que dans les maisons, dans les quartiers, dans les écoles, qu’il y ait un réflexe citoyen qui soit encourager et développer pour que quel que soit la situation, on ne détruise pas le bien commun. On peut toujours manifester sa colère, son désaccord, par rapport à une situation sans détruire», a-t-il conseillé.

«Ceux qui sont allés détruire des bâtiments ou des bureaux à la faculté de médecine, au CESTI, au COUD, sans compter les bus d’académies qui sont incendiés, le Senelec, la Sonatel, la SenEau qui ont été saccagés,… Toutes ces sociétés-là ont connu des pertes énormes avec ces manifestations et elles n’ont rien à voir avec ce qui se passe», déplore Moubarack Lo.

«Les investisseurs  n’aiment pas le  l’incertitude et les  troubles»

Poursuivant l’économiste souligne que dans les manifestations, «il y a des agresseurs professionnels qui s’infiltrent et qui considèrent d’ailleurs, ces jours de manifestation comme des jours de foire, où ils pourront se servir gratuitement. C’est eux qui orchestrent, qui orientent et qui ont même les matériels qu’il faut pour pouvoir piller, saccager», signale-t-il.

Et donc pour lui, il faut que la société elle-même fasse barrage à ces comportements. Et les vrais agresseurs qu’on puisse les identifier et les envoyer en prison et les agresseurs amateurs à Bango. «Parmi tous ceux qui manifestent, il n’y a pas que des agresseurs professionnels. Il y a des amateurs qui suivent la foule. Ça, c’est des dynamiques qu’il faut étudier dans les facultés de sociologie et dans les écrits. Il n’y a pas beaucoup de littérature sur ces comportements nouveaux, dévastateurs dans la société. Et donc, il faudrait les étudier, donc tous ces agresseurs professionnels, les professionnels, il faut les envoyer en prison. Mais, ceux que j’appelle les agresseurs amateurs, il faut les amener à Bango pour leur donner une instruction pour qu’ils sachent ce que c’est que le civisme et qu’ils puissent revenir dans la société en bon citoyen», prône M. Lo.

«Ceux qui ne sont pas contents de ce qui a  pu se passer, ils ont une alternative»

Par ailleurs, l’économiste a lancé un appel au calme et à la sérénité. «On est en démocratie et il faut le respect des institutions. La justice a rendu un verdict, il faut l’accepter, et s’y plier. L’essentiel, c’est que toute décision de justice doit être fondée sur des dispositions qui figurent dans des codes qui régissent le fonctionnement de la justice», a-t-il dit.

«Maintenant, ceux qui ne sont pas contents de ce qui a pu se passer, ils ont une alternative, c’est d’exprimer dans l’urne, mais ce n’est pas par la violence qu’on peut montrer un désaccord en démocratie, parce que la violence génère la violence. Et ça, ce n’est pas bon pour la démocratie. La démocratie, c’est la paix, c’est la résolution des conflits et des désaccords par la voie des urnes», a conclu Moubarack Lo.

Vox Pop

 

Dieyna SENE
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