L’opposition désormais réduite à sa plus simple « expression » : Macky Sall « sans frontières »…

Manifestement, le président Macky Sall semble réfractaire aux contestations. Depuis son arrivée au pouvoir en 2012, il s’est attelé, comme promis, à réduire l’opposition à sa plus simple expression. Les cas Karim Wade et Khalifa Sall illustrent assez cet état des choses. Place maintenant aux activistes et lanceurs d’alerte.

Guy Marius Sagna, « Bien servi », d’autres sont pourchassés. Le président de l’ONG « Horizon sans frontières «, Boubacar Sèye, est la dernière victime d’une longue liste d’activistes.

Sommes-nous face à un recul démocratique au Sénégal avec l’arrivée de Macky Sall ? Ceux qui répondent par l’affirmative soulignent que les agissements de ce dernier portent un coup à l’image de «référence» du pays. Des faits le démontrent.

Comme promis, il n’hésite pas à sortir l’obusier lourd pour «réduire en silence ses détracteurs». En plus du pouvoir judiciaire qui s’évertue à être au service de l’exécutif.

Aminata Touré, le ministre de la Justice à l’aube de la deuxième alternance, était chargée de concrétiser les grandes promesses pour «mettre fin à l’impunité et lutter contre la corruption» quand Macky Sall accéda au pouvoir en 2012. Sabre au clair, elle s’y engage à fond pour «martyriser» les partisans de l’ancien président sénégalais Abdoulaye Wade (2000-2012).

La Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) est dès lors le moyen pour atteindre ces objectifs déclarés. Une juridiction ad hoc et en sommeil depuis la loi du 10 juillet 1981 qui a introduit dans le Code pénal sénégalais le délit d’enrichissement illicite.

Cette juridiction « chargée de réprimer l’enrichissement illicite et tout délit de corruption ou de recel connexe » juge Karim Wade. Accusé d’enrichissement illicite, Wade-fils est condamné en mars 2015 à une peine de six ans de prison ferme.

Le 24 juin 2016, il bénéficie d’une grâce présidentielle puis est exilé au Qatar. Avec l’obligation de s’acquitter d’une amende de 138 milliards de FCFA. Le Parti Démocratique Sénégalais (Pds) perd son candidat à la présidentielle 2019. Malgré, d’énormes recours juridiques et moult indignations, Karim Meïssa Wade n’est toujours pas éligible à une élection au Sénégal. D’abord sa double nationalité est brandie, ensuite la durée de condamnation qui, selon les dispositions de l’article L.31 du code électoral, interdit l’inscription sur les listes aux personnes condamnées. Toujours dans le Pds, Oumar Sarr, Abdoulaye Baldé font également les frais de la traque aux biens mal acquis.

La liste est loin d’être exhaustive. A présent, le Parti socialiste aussi est aussi dans sa ligne de mire.

Après avoir réussi à museler les leaders de ces formations en les regroupant dans une coalition dénommée Benno Bokk Yakkar, l’Afp de Moustapaha Niass et le Ps dont Ousmane Tanor Dieng était le secrétaire général, ont beaucoup perdu de leur superbe. Leurs ambitions sont limitées.

Khalifa Sall, maire de Dakar d’alors, qui n’a pas voulu suivre la ligne directrice du PS, est stoppé net. En dépit du soutien massif de ses militants et sympathisants.

La caisse d’avance a servi de prétexte. Un nouveau procès politico-judiciaire tient en haleine le peuple. Accusé d’avoir profité de ses fonctions pour détourner 1,8 milliards de francs CFA (2,7 millions d’euros) de la régie d’avance de la mairie de Dakar, le socialiste prend 5 ans de prison ferme. Dimanche 29 septembre 2019, Macky prend un décret et accorde une « remise totale des peines principales » à l’ancien maire de Dakar et à deux de ses coaccusés. Désormais libre, le député-maire déchu, n’est ni électeur encore moins éligible, si on en croit certains spécialistes du Droit. « C’est le Code électoral, qui en a décidé, ainsi, en son article L31».

Le tour des activistes…

Celui qui, avant d’accéder à la magistrature suprême, avait promis aux Sénégalais une «gouvernance sobre et vertueuse» semble ne plus admettre certaines critiques contre sa manière de gérer les affaires publiques. Les lanceurs d’alerte l’ont appris à leurs dépens.

Pour preuve, Boubacar Sèye, le président de l’ONG « Horizon sans frontière », s’est fait cueillir à l’aéroport international de Balise Diagne le 15 janvier 2021 et placé sous mandat de dépôt juste pour avoir demandé « où sont passés les 118 milliards de l’Union européenne pour combattre l’émigration clandestine ». Alors que les organisations de la Société civile n’ont pas encore fini de décrier sur tous les toits l’arrestation de Bouba­car Sèye qu’ils considèrent « arbitraire », le gouvernement de Macky en rajoute une couche.

Et cette fois ci, c’est le coordonnateur du Forum civil à Podor, Samba Tall qui est mis aux arrêts, mercredi par la gendarmerie après un post sur Facebook avant de recouvrer la liberté jeudi 21 janvier 2021. Le post en cause : «Coronavirus, pauvreté et corruption. Nous ne pouvons cumuler tous ces maux chez nous. On peut même considérer les deux premiers comme étant «naturels» mais la corruption, là, je dis non. Et je sais que beaucoup me diront non aussi. Envoyés à Podor pour servir la population podoroise, certains chefs de service sont à Podor pour s’enrichir sur le dos de la population».

La liste des interpellations de ce genre s’étire : le rappeur-activiste Karim Xrum Xax avec les manifestations interdites, Ardo Gingue dans l’affaire de Tobène, entre autres. Guy Ma­rius, le plus coriace des activistes, se singularise avec ses innombrables arrestations.

Le Devoir

Dieyna SENE
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