Le président Macky a ouvert plusieurs fronts à la fois et devra y faire face. Au niveau national, le chef de l’Etat est acculé par l’opposition et la société civile pour non-respect du processus électoral et la chasse aux activistes qu’il a lancé depuis quelques temps en maintenant Kilifeu en prison alors que ses coaccusés ont bénéficié d’une liberté provisoire a ouvert une révolte. Sur le front social, le syndicat des enseignants et les transporteurs sont en grève depuis 48 et le gouvernement semble impuissant à résoudre leurs revendications. En plus du front national, transparency international vient rajouter une couche en déposant une plainte à cause de soupçons de corruption dans le marché du pétrole. le Mandat
Le président Macky doit se sentir mal dans sa peau du fait qu’il semble être esseulé à cause d’une multitude de fronts qu’il a ouvert et qui ont explosé d’un coup. A ce rythme, 2024 risque d’être trop loin pour un chef d’Etat dont le pays était vanté comme étant un modèle de démocratie. Alors qu’il sera le président de l’union africain entre 2022 et 2023, le président Macky SALL va faire le tour du monde alors que sa case brûle.
Processus Électoral Et Révolte Des Activistes
Sur le processus électoral la démarche machiavélique et solitaire du président de la république qui utilise l’administration pour chasser et étouffer l’opposition radicale risque de pousser le YAW dans la rue. Un mois et 20 jours avant le scrutin, les parties prenantes n’ont pas encore reçu le fichier électoral. A cela, s’ajoute le fait que le ministre de l’intérieur, Antoine Diome a demandé à certains préfets et sous-préfets de pourvoir en cassation les décisions qui ont été prises par la cour d’appel pour valider les listes de la coalition YAW. Ainsi une telle démarche décriée aussi bien par l’opposition que par la société civile risque de pousser l’opposition qui gagne de plus en plus du terrain, dans la rue. Or, de telles manifestations risquent de plonger le Sénégal dans une série de manifestations dont la répression pourrait entraîner un soulèvement populaire.
Malheureusement, Macky Sall ne semble pas décrypter le message du mois de mars dernier et non plus le message lancé par la jeunesse africaine dont les soulèvements sont en train de faire des effets dans les pays limitrophes (Mali, Guinée, Niger et Burkina Faso). Donc entamer un bras de fer contre une opposition qui réclame le respect du processus électoral devrait être la dernière solution pour le chef d’Etat d’un pays démocratique.
En plus, de la violation du processus électoral, le régime de Macky Sall n’a pas encore changé de fusil d’épaule sur le fonctionnement de la justice qu’il continue à utiliser pour tenter d’étouffer toute sorte de velléité. Ainsi, le mouvement des activistes Y’en A marre qui était en hibernation depuis 2012 décide de partir en mission de sauvetage pour sortir Kilifeu des geôles de la prison de rebeuss.
Pour rappel, Kilifeu a été filmé à son insu puis arrêté puis déferré alors que l’auteur du film qui a fait l’objet d’une plainte pour collecte illicite de données à caractère personnel et vol a humé l’air de la liberté depuis ce mercredi. Cette justice à 2 vitesses décriée par une bonne frange de la population a été un véritable tendon d’Achille du régime de Macky Sall. Ainsi le 10 décembre, l’opposition compte apporter main forte aux activistes pour faire pression sur l’Etat. Paradoxalement, trois semaines après la levée de l’immunité parlementaire des députés Boubacar Biaye et Mamadou Sall qui ont été cités dans les trafics de passeport diplomatique ne sont pas inquiétés.
Ebullition du front social
Depuis trois ans, le régime de Macky traverse un véritable calvaire à cause de la demande sociale. Après les mesures de restrictions dues au coronavirus, c’est la place à la flambée des prix des denrées de premières nécessités. Ce mercredi, les transporteurs du Sénégal ont fait une grève de 48h.
Ce mot d’ordre suivi a entraîné une paralysie du secteur des transports mais aussi une chute de l’économie. Pourtant, le ministre de tutelle, Mansour Faye, n’est pas en mesure de désamorcer la bombe puisqu’il a été récusé par les syndicalistes qui l’accusent de ne pas honorer ses engagements. Très déterminés, les transporteurs ont donc promis de continuer le bras de fer avec l’Etat du Sénégal qui peine à trouver une solution. Parmi les points de revendication, la corruption abusive dans le système ou les transporteurs sont victimes des tracasseries policières et du racket des forces de l’ordre.
Pourtant ce dernier point qui est la corruption est un secret de polichinelle puisque des études faites par l’OFNAC et transparency démontrent que la corruption gangrène ce secteur. En plus de la grève des transporteurs, il y a aussi la grève des enseignants. Le CUSEMS est depuis hier en grève pour non-respect des accords signés avec l’Etat du Sénégal.
Transparency Réveille De Vieux Démons : Dossier D’aliou Sall Et Franck Timis
Comme si cela ne suffisait pas, transparency international vient d’en rajouter une nouvelle couche. L’organisation internationale ne lâche pas l’affaire petrotim et décide de remuer le couteau dans la plaie.
Elle qui a centré ses activités sur la lutte contre la corruption, dit avoir déposé plainte dans plusieurs pays. Elle réclame donc qu’une enquête soit ouverte sur la corruption d’agents étrangers dans les contrats pétroliers lucratifs du Sénégal.
«Compte tenu de la réticence apparente des autorités sénégalaises à mener une enquête approfondie et à demander des comptes aux responsables, il est essentiel que les informations disponibles soient rapidement examinées par les autorités des pays qui ont une compétence sur cette affaire: l’Australie, la Roumanie, la Malaisie, Singapour, le Royaume-Uni et les États-Unis» renseigne le document.
Ainsi le même document confectionné par Transparency rappelle qu’en 2019, des enquêtes menées par l’Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP) et BBC Africa Eye ont révélé des détails entourant la vente, en 2012, des droits de concession des blocs offshore Deep St. Louis et Deep Cayar, situés au large des côtes du Sénégal.
«Ces révélations mettent en cause le président actuel du Sénégal, Macky Sall, son frère, Aliou Sall, et le fils de l’ancien président. Les rapports accusent l’homme d’affaires roumano-australien controversé Frank Timis d’avoir soudoyé des fonctionnaires sénégalais afin d’obtenir l’accès à des réserves lucratives de pétrole et de gaz à des conditions extrêmement favorables», indique-t-il.
On se rappelle qu’un appel à témoin a été lancé par le procureur de la république Serigne Bassirou Gueye après l’éclatement de cette affaire.
Malheureusement, Clédor Séne qui était parti à la DIC pour apporter ses preuves va découvrir que ce n’était qu’une stratégie pour mieux enterrer le dossier. Cette nouvelle plainte va forcément réveiller les mauvais souvenirs puisque le président de la république avait pris fin et cause pour jeune frère qu’il avait défendu bec et ongle.
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