Economie : Mamadou Bâ, maire et producteur d’oignons au Sénégal

Alors qu’il occupe un poste administratif, Mamadou Bâ s’est toujours passionné pour le maraîchage. Chaque année, son activité agricole lui rapporte des millions de FCFA. Par son succès, le septuagénaire espère motiver de nombreux jeunes tentés par l’exil européen.
A Potou, une localité du nord-ouest du Sénégal, la terre est favorable à la culture des oignons. Dans ce village de la région de Louga, Mamadou Bâ, grand producteur et président national de la filière, cultive cinq hectares pour 30 à 40 tonnes par campagne. Avec une terre fertile et des systèmes d’arrosage modernes, il parvient à rentabiliser son activité de maraîchage avec des bénéfices estimés à 14 millions FCFA.
Âgé de 76 ans, celui que l’on surnomme ‘’Diomyodi’’est à la tête de la commune de Léona depuis 2014. Homme aux multiples casquettes, il a occupé plusieurs postes politiques, mais a développé une véritable passion pour le maraîchage depuis son enfance.
« Je suis né dans l’horticulture. Mes parents cultivaient la terre. J’ai persévéré dans cette voie. Et je ne le regrette pas. Mes maisons à Potou et à Dakar, mes meubles, tout est acquis grâce à la terre », confie-t-il sur un média local.
Le Sénégal a le potentiel d’être autosuffisant en oignons sur plus de la moitié de l’année. En raison de la surproduction observée les 10 dernières campagnes, on assiste à la pourriture et à l’abandon des oignons dans les champs, alors que sur les marchés, les Sénégalais achètent des oignons importés d’Europe. Cette situation paradoxale s’explique par le fait que l’oignon produit au Sénégal contient plus d’eau que celui importé, et se conserve donc moins longtemps. Par ailleurs, l’oignon importé est parfois vendu moins cher, et son accessibilité convient aux consommateurs.
Les producteurs locaux contraints de baisser les prix pendant la haute saison ont du mal à rentabiliser leur activité. La localité de Potou à elle seule, a mis sur le marché plus de 50 000 tonnes d’oignons mi-2021 et attend une production annuelle de 150 000 tonnes. Plus tôt cette année, Mamadou Bâ avait demandé à l’Etat d’intervenir afin de réguler la situation et de faire en sorte que tout le monde y trouve son compte, aussi bien les consommateurs que les producteurs et les commerçants. Selon lui, il ne sert à rien de faire de bonnes récoltes, si elles ne sont pas commercialisées.
Pour venir en aide aux producteurs comme lui, il estime qu’une ouverture sur les marchés sous-régionaux pourrait être la solution. Malgré tout, l’homme qui écume le secteur depuis plus d’une trentaine d’années a réussi à créer une entreprise agricole prospère.
« Si tu veux vraiment travailler et gagner ta vie, engage-toi dans le maraîchage. Il est rentable, car nous avons un bon climat. Un maraîcher déterminé gagne plus que l’émigré », conclut-il.
Ecofin

Momar Diack SECK
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