Dissolution de l’assemblée nationale et élections législatives Le pari risqué de Diomaye

La dissolution de l’Assemblée nationale était devenue un secret de Polichinelle. Et le Président Bassirou Diomaye a acté cette décision hier lors de son adresse à la nation. Mais dans un contexte politico-social peu reluisant, surtout avec la recrudescence de l’émigration irrégulière, le Président Bassirou Diomaye Faye ne prend-il pas un risque avec ces prochaines élections législatives prévues le 17 novembre prochain?

Les querelles politiques sont loin visiblement de connaître leur épilogue au Sénégal. Et ceux qui, lassés par les années de plomb à cause des soubresauts politiques, pensaient tourner la page des polémiques électoralistes avec la dernière élection présidentielle, peuvent déchanter.

Il leur reste une autre paire de manches si l’on se fie aux propos du Président Bassirou Diomaye Faye qui a annoncé hier la dissolution de l’Assemblée ́nationale tout en fixant la date des élections législatives pour le 17 novembre prochain.

Mais en voulant sauver son puissant PM Ousmane Sonko d’une DPG en queue de poisson voire d’un lynchage parlementaire de la part des députés de BBY, Bassirou Diomaye Faye prend certainement le risque d’organiser des élections législatives qui seront tout sauf une sinécure pour les nouveaux tenants du pouvoir. Loin s’en faut. Parce que même si la coalition au pouvoir pense surfer sur l’euphorie de la victoire historique et éclatante de la dernière présidentielle, force est de dire que depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts.

Et à l’épreuve des rigueurs du pouvoir, le Pastef et son  »Projet » essaient de trouver leur marque de manière plus ou moins poussive. Entre certaines sorties ratées, la dernière en date est celle du ministre de la Santé Ibrahima Sy, et l’affaire Cheikh Omar Diagne qui défraie la chronique, les premiers pas du régime n’ont pas été de tout repos. De même, si la jeunesse a participé fortement à l’élection de Bassirou Diomaye Faye, il faut dire que l’avènement de ce nouveau régime n’a pas calmé leur ardeur concernant l’émigration irrégulière qui connaît une recrudescence dans le pays. Et dans ce dédale, l’opposition ne rate aucune occasion pour tirer avec véhémence sur Diomaye, Sonko et Cie.

Par ailleurs, le Pastef et ses alliés ne doivent leur ascension fulgurante et leurs dernières victoires électorales retentissantes qu’à la seule popularité de leur leader Ousmane Sonko.

Un constat d’ailleurs largement partagé par le Président Bassirou Diomaye Faye. Lors de son dernier face-à-face avec la presse, le chef de l’Etat a fait savoir à qui voulait l’entendre qu’il devait son élection à son actuel Premier ministre. Tous les analystes sont d’accord que c’est Ousmane Sonko qui a  »élu » les maires et les députés. Mais cette popularité suffira-telle à persuader les sénégalais de leur donner la majorité parlementaire en novembre ? L’emblématique homme politique pourra-t-il encore embarquer les jeunes avec la même ferveur ? Les jours et les semaines qui viennent nous édifieront sur la question.

Mais ce qui est sûr, c’est que les prochaines élections seront âprement disputées. D’autant qu’avec les contraintes des urgences, les nouveaux tenants du pouvoir n’ont pas le temps pour la politique et ne sont pas encore arrivés à  »déminer » les bastions de l’ancien régime, même si le PM était en déplacement le week-end passé au cœur du  »titre foncier » de Macky Sall, à Matam.

L’ancien chef du gouvernement Amadou Ba, arrivé deuxième lors de la dernière élection présidentielle avec plus de 30%, n’a pas dit son dernier mot. Il compte lancer prochainement sa formation politique. D’autres figures politiques moins représentatives politiquement mais avec une assise médiatique comme Bougane Guèye Dany et Thierno Allassane Sall déclarent déjà la guerre au tandem DiomayeSonko. En attendant, la politique dicte toujours sa loi au Sénégal.

Source L’As 

Oumou Khaïry NDIAYE
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