Destruction de Biens Publics, Vandalisme : Les avis mitigées des populations – Vox Populi

Reportage de Vox Populi- A chaque manifestation, on note certains actes de vandalisme, de banditisme et de pillages des biens publics. Certaines personnes profitent de la situation pour voler, agresser et piller des biens d’autrui. Sous ce registre les casses et autres attaques dont sont les cibles, les bus de transport Dakar Dem Dikk constituent des faits que plus d’un déplorent, fermement.

Ces faits, Ahmadou Sène, étudiant en droit, les condamne. «Les vols et pillages commis par certains individus, lors des manifestations deviennent un phénomène fort déplorable. Ces actes d’agression contre les personnes et les biens communs ou privés doivent être sévèrement punis par la loi. A mon avis, la raison de ces méfaits est très simple : C’est juste du vandalisme. Cela n’a rien à voir avec les manifestations. Car même sans autorisation, tout manifestant mécontent peut être dans la rue et exprimer sa colère. Mais aller voler, piller, ou casser des biens d’honnête sénégalais est un acte lâche», dit-il.

«On ne sanctionne pas assez, c’est pourquoi chacun peut se permettre de tout faire»

Selon lui, «nous ne sommes pas le seul pays touché par des vagues de manifestations liées à des affaires politiques ou sociales dans le monde. Mais, hélas, certaines Nations sortent dans la rue, chantent, crient fort leur mécontentement sans en arriver à ces forfaits», regrette-t-il.

La dame Fatoumata Ndiaye, elle, a fortement déploré ces vols et pillages. «Ce sont des actes de banditisme. Mais, il faut savoir que la foule est folle. Comme on dit. Les jeunes sont fatigués par le chômage ajouté à l’injustice que vivent les Sénégalais. Malgré le fait que ces actes puissent qualifiés d’ignobles, je pense que c ‘est juste l’expression de leur ras-le-bol vis à vis de l’Etat et de la politique».

A son tour, Mamadou Lamine Kane, un Business Developper dit avoir une appréciation mitigée. «Mon appréciation est très mitigée. Déjà, je ne suis pas en phase avec cette nouvelle mentalité de la jeunesse à vouloir répondre tout le temps par la violence, quand, selon elle, l’Etat prend des décisions injustes. La vraie citoyenneté, elle doit se faire dans la discipline le respect des règles de droit. Vandaliser un bien qui te sert et sert ta communauté n’est effectivement pas une bonne idée», indique-t-il.

Cependant, ajoute-t-il, «force est de constater que c’est à travers cet acte de vandalisme et de violence que la population se fait entendre et fait réagir la puissance publique qu’est l’Etat. On a vu récemment avec cette manifestation de Ngor, il a fallu aux lébous de ce quartier d’utiliser la violence pour tordre la main à l’Etat et obtenir gain de cause», dit-il.

Pour Ahmed Ba, un sans emploi, tous ces actes de sabotages, de destructions de biens publics n’est que le fruit d’une mauvaise éducation ou d’une influence négative. «Cela dépasse le cadre des manifestations ou bien, disons que, c’est un ensemble de facteurs accumulés depuis la jeunesse. La jeunesse sénégalaise se caractérise par une impolitesse incommensurable. Ils profitent juste de ces mouvements d’humeur pour mettre en œuvre leur indiscipline. Dès lors, il ne faut pas considérer ces actes comme l’effet pervers des manifestations, mais plutôt comme les actions d’une jeunesse qui est passée à côté des enjeux et qui n’a pas pu intérioriser les codes et les conduites du vivre ensemble et de la cohésion sociale. C’est donc le fruit d’une jeunesse en quête d’identité».

«La révolution est une affaire d’idées, non de violence encore moins de banditisme»

«Cela, poursuit-il, ne peut pas être le seul recours pour se faire entendre. Mais, faudrait-il, au préalable, faire la différence entre une population qui cherche le changement et une population indisciplinée. Pour la première, malheureusement, cela apparaît comme étant le seul moyen pour se lamenter, surtout que les marches pacifiques n’ont jusque-là pas permis d’avoir des résultats. C’est en ce sens seulement que les populations utilisent cette approche puisque détruire est synonyme d’alerte. Toutefois, il ne faut pas perdre de vue, que la majorité de ceux qui détruisent, sont animés par autre chose que l’intérêt commun».

«Ce qui se passe au Sénégal c’est juste du banditisme», dira d’emblée Mouhamed Seye, enseignant. Pour lui, «la cause est claire. C’est que dans ce pays, on ne sanctionne pas assez c’est pourquoi chacun peut se permettre de tout faire. La Chine compte plus d’un milliard de personnes, bientôt 2 milliards. Et personne n’ose faire certaines choses. La révolution est une affaire d’idées, non de violence encore moins de banditisme. Cette violence gratuite doit être condamnée par tout bon citoyen. Brûler la voiture d’un citoyen sénégalais est un acte de méchanceté. Ces pauvres Sénégalais sont attaqués gratuitement par des bandits, des voleurs qui se cachent derrière une certaine idée de révolution. Quand on change quelque chose, c’est pour apporter le meilleur et non le pire», dit-il.

 

Selon ce dernier, un enseignant, «si le Pastef, par exemple, est un projet, une idéologie appréciée par les Sénégalais, l’absence d’un seul homme ne peut pas l’altérer. Si c’est vrai que c’est un projet apprécié par les Sénégalais, quel que soit celui qui se présente à l’élection, il serait élu. On a vu ce qui s’est passé en Gambie avec Adama Barrow. Si ces gens-là veulent changer le Sénégal, qu’ils aillent convaincre les Sénégalais par leur projet. Et dans ce cas, le candidat choisi importe peu. Car en réalité, il n’est pas plus Sénégalais que les autres. Il a fréquenté les mêmes écoles que les autres. Alors le recours idéal pour se faire entendre, c’est les élections. Et pour le reste force doit rester à la loi».

«La majorité de ceux qui détruisent sont animés par autre chose que l’intérêt commun»

Pape Meïssa, un influencer est d’avis qu’«on peut considérer que cette attitude est soutenue par deux motifs : d’une part, on a des patriotes qui s’indignent de cette situation politique ou de ce procès à affiliation politique. On peut considérer que leur leader politique est malmené par la justice qui est considérée, aujourd’hui, comme un instrument de l’État visant à détruire un adversaire politique. Face à ce manque de considération ou cette injustice, les patriotes ont décidé de se révolter en brûlant tout ce qui est sensé appartenir à l’État».

Mais, indique-t-il, «d’un autre côté, nous ne pourrions pas cautionner l’idée selon laquelle des bus ou des biens appartenant à nos institutions qui sont financés en partie ou intégralement par nous-mêmes via les taxes et impôts peuvent être brûlés par un tiers. Ce sont nos biens. Et quand on brûle nos biens, c’est notre argent qui part en fumée. Donc, quelle que soit l’attitude ou la gravité de la situation, on ne doit pas en tout cas si on se considère comme patriotes comme on le dit, accepter ou mobiliser des jeunes pour incendier des bus qui sont notre propriété. Parce que, lorsqu’ils sont brûlés, l’Etat ne fera que reprendre des fonds publics pour en acheter d’autres. Donc, il ne faut pas du tout accepter d’incendier des bus et autres biens publics. Ce sont nos frères, nos mamans et papas qui empruntent ces bus. Donc, quand ils sont brûlés, il y a forcément des répercussions du côté de la population. Et comme il y a moins de disponibilité de moyens de transport public, cela ne fera qu’accentuer les difficultés de déplacement au niveau de Dakar».

Interrogé à son tour, un homme qui a préféré garder l’anonymat a estimé que cette situation est déplorable et ne profite à personne. «La politique doit être un moyen d’aider les populations à améliorer leur cadre de vie et de protéger les personnes et leurs biens».

A l’en croire, «à cause de la régression démocratique, tout acquis risque de s’envoler et nous ne sommes qu’au début du commencement. La justice est le socle de tout pays, la garantie de la démocratie et elle a quitté le Sénégal. La violence n’est pas le seul recours pour se faire entendre, mais notre Président, carrent, ignore les autres surtout pacifiques. Il a très bien précisé qu’il ne voit pas les brassards rouges, dans un entretien de fin d’année.

Et comme il est dans une logique de liquidation de ses opposants dont deux sont déjà out pour une élection, l’espoir de la jeunesse est sous la houlette de la résistance. Pacifique ou armée, les stratégies sont parfois à la hauteur de la provocation et nous ne sommes pas loin d’une monarchie. Nous ne devions même pas en arriver là. Hélas, que Dieu sauve le Sénégal».

Dieyna SENE
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