Conflits entre pêcheurs artisanaux : Les acteurs en réunion pour la pacification durable du secteur

Les conflits entre pêcheurs artisanaux sont de plus en plus fréquents au Sénégal. Après les évènements opposant les pêcheurs de Kayar à ceux de Mboro et ayant abouti à une perte en vie humaine, les acteurs du secteur unissent leurs forces pour la prévention de ces conflits. Un atelier de réflexion les a regroupés à Saly du 14 au 15 de ce mois.

Avec plus de 700 km de côtes, le Sénégal fait partie des pays les plus nantis en ressources halieutiques en Afrique. Le secteur des pêches et de l’aquaculture joue un rôle socio-économique vital, notamment en termes de sécurité alimentaire et nutritionnelle, de création d’emplois et de richesses pour l’Etat et les communautés.

Cependant, ce secteur névralgique est miné aujourd’hui par des conflits qui opposent les pêcheurs. Ces conflits qui deviennent de plus en plus fréquents sont donc à éviter pour assurer la place prépondérante que le secteur a toujours occupée.

Pour mieux faire comprendre la rareté des poissons due à la surexploitation de la ressource à cause des bateaux étrangers, mais aussi à une augmentation fulgurante des acteurs de la pêche artisanale, Moussa Mbengue secrétaire général de l’ADEPA, est revenu sur l’historique de la pêche qui a connu un boom dans les années 70 du fait de la sécheresse qui a poussé les campagnards vers les zones côtières.

« L’historique de la pêche et de son évolution sont des éléments déterminants pour la compréhension des conflits dans la pêche artisanale au Sénégal. En effet, l’essor de la pêche maritime sénégalaise remonte aux années 1970-1980 dans un contexte de sécheresse des années 1970. C’est ainsi que la pêche artisanale fut le refuge de milliers de paysans émigrés vers les côtes et a contribué à la balance commerciale. Cette pêche artisanale a surpris de par son dynamisme avec l’évolution de ses débarquements (45 000 Tonnes en 1944 ; 380 000 tonnes en 2002 pour atteindre 398 643 tonnes en 2018) » a soutenu Moussa Mbengue.

Pour les acteurs, cette évolution de la pêche a été marquée particulièrement par le développement rapide de la pêche artisanale consécutive aux innovations technologiques (motorisation des pirogues /années 50, senne tournante et coulissante en 1972, pirogues glacières à partir de 1976/1980, appareils d’aide à la navigation et à la pêche notamment le GPS et le sondeur (1990), diversité d’engins de pêche et combinaison de moyens de Production, subvention sur le carburant sous douane et le matériel de pêche artisanale). La pêche étant rentable, les jeunes ont donc jeté leur dévolu sur ce secteur.

Outre l’envahissement massif vers les régions côtières, la politique expansionniste a conduit à une surcapacité de pêche, ayant comme résultat une surexploitation des ressources halieutiques, la migration des pêcheurs et la restriction de certaines zones de pêche, créant ainsi des conflits fréquents entre pêcheurs artisanaux utilisant des engins mobiles et ceux opérant avec des engins fixes dans les mêmes zones de pêche.

Les conflits sont différenciés selon les zones (Grande Côte, Petite, Sud et Zone Sud) et s’expriment sous diverses formes en mer et à terre, explique le SG de ADEPA. On peut citer entre autres, quelques causes de conflits liées à l’utilisation de techniques de pêche prohibées, la violation de zones interdites/protégées, des agressions, des vols de captures et de matériels en mer, une insuffisance d’application des lois et règlements.

L’utilisation des filets fabriqués à base d’éléments mono filaments ou multi mono-filaments interdite au Sénégal depuis 1998 et reprise par le Code de la Pêche maritime et son décret d’application en vigueur, est une véritable source de conflits entre pêcheurs artisans de certaines localités d’une part mais entre aussi pêcheurs et administration des pêches et de l’environnement chargée des AMP d’autre part. Malgré son interdiction légale, son utilisation s’est généralisée presque partout à l’exception d’un nombre réduit de localités dont Cayar notamment.

Pour sa part, le directeur national de la pêche continentale qui a représenté le ministre de la pêche et de l’économie maritime soutient que l’Etat du Sénégal est engagé dans la prévention des conflits.

Le Mandat

Oumou Khaïry NDIAYE
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