Retour sur l’incendie criminel du Dépôt Dakar Dem Dikk à Keur Massar : Plus d’une trentaine de bus calcinés

Le parking de la société nationale de transport Dakar Dem Dikk (3D) où étaient entreposés les épaves a été dévasté par le feu ce lundi. Cette infrastructure qui se situe à l’arrêt de la ligne 54, à Keur Massar a été la cible de manifestants lors des manifestations qui se sont déclarées un peu partout au Sénégal.

Un témoin des faits qui a parlé sous le couvert de l’anonymat, a retracé le film de l’attaque.

«Je ne peux pas dire clairement ce qui a été la source de ce désastre. Mais, ce sont les détonations de pneus qui ont attiré l’attention des riverains. J’étais dans ma chambre en train de regarder les manifestations en live lorsque j’ai entendu des explosions. Au début je croyais que c’était les grenades lacrymogènes. Mais, grande était ma surprise lorsque j’ai regardé par la fenêtre. Le dépôt était en feu.

C’était très impressionnant. D’après mon épouse, c’est un groupe de jeunes encagoulés, non identifiables. Mais, quand je suis sorti ce matin, j’ai eu une autre version. C’est que ce sont des grenades lacrymogènes. Mais, je penche plus pour la première version. Elle est plus plausible», dira-t-il.

Sur les lieux du sinistre, l’atmosphère était lourde. Les cendres tapissaient le sol de ce qui était le dépôt où Dakar Dem Dikk gardait ses épaves qu’elle comptait peut-être réparer un jour et remettre en circulation. Sur les lieux, des bus à perte de vue gardent les stigmates de cet incendie qui a tout ravagé sur son passage. D’après les estimations, plus d’une trentaine de bus ont été calcinés.

Fatou Sarr, une riveraine déplore cette situation. «Je suis une mère de famille. Depuis deux jours, je ne dors plus. Cette violence ne dit pas son nom. Ces bus sont à nous. C’est notre argent. Les jeunes même s’ils sont mécontents, ils doivent manifester sans détruire des biens publics. Des sièges de la Senee sont vandalisés. Des magasins Auchan sont dévalisés. Ce qui est très triste ! Moi hier, j’ai eu très peur, car j’ai des garçons. Ils étaient dehors dans la rue pour regarder les manifestations. Je suis sortie pour les retrouver coûte que coûte pour les ramener à la maison.

Sur le chemin, j’ai vu les flammes qui provenaient du dépôt de bus. Je suis allée le voir. Après quelques minutes, les sapeurs-pompiers sont arrivés. Mais le feu a été dévastateur. C’était devenu impossible de faire en sorte que le feu n’atteigne pas les bus», a-t-elle témoigné.

Cette mère de famille dit être très inquiète, par rapport à cette situation qui risque de dégénérer à tout moment.

«On ne veut plus que nos enfants meurent. Alors, il faut qu’on nous aide. Ce problème n’a que trop duré. Ce sont nos enfants qui sont tués ou qui sont mis en prison. Alors, hier, ce qui s’est passé, montre aussi que ce dépôt n’a pas sa place ici. Car, parfois des malfrats y trouvent refuge. L’Etat doit nous aider et respecter le droit de nos enfants qui ont aussi le droit de manifester pacifiquement. Ce qui peut calmer la situation et éviter certains actes qui n’honorent pas le Sénégal», renseigne Mme Fatou Sarr.

Ces manifestations, loin de s’estomper, continuent d’engendrer des morts, mais également des dégâts matériels considérables. A ce sujet, d’ailleurs, la direction de la société Dakar Dem Dikk a condamné ces actes qu’elle qualifie d’actes de «vandalismes, insensés». Ayant enregistré, le 8 mai dernier la perte de 2 de ses bus à Mbour, des suites d’une manifestation de jeunes, elle dénonce avec toute la rigueur, ce ciblage dont ses véhicules sont l’objet.

Il faut noter, toutefois, que la journée d’hier a eu son lot de dégâts. Pour preuve, la brigade de gendarmerie de Gou­domp, des voitures de service, des stations Total, les vitres du siège de BRT, entre autres, ont été vandalisées.

Vox Populi

Dieyna SENE
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