Avis d’experts au Forum Mondial de l’eau : l’eau, une ressource à utiliser avec parcimonie

L es problèmes d’eau au Sénégal sont dans une certaine mesure, similaires à la situation qui prévaut dans le reste de l’Afrique de l’Ouest et même de façon globale partout ailleurs dans le monde, avec un gaspillage du liquide précieux qui passe presque pour une ressource renouvelable à l’infini, estime un expert de l’hydraulique.

«C’est un message pour les Sénégalais mais également pour le monde entier : l’eau est une ressource qui est en danger et qu’il faut utiliser avec parcimonie», a déclaré Jean Philippe Debuis, conseiller technique Eau Environnement et Assainissement au Bureau régional d’Afrique de l’Ouest de Catholic Relief Services (CRS).

Il intervenait lors d’un panel organisé par le CRS sur les mécanismes de préservation de l’eau dans le cadre du 9-ème Forum de l’eau, au Centre des expositions du Centre international de conférences Abdou-Diouf de Diamniadio. Il relève que la disponibilité des ressources en eau demeure «la même dans un contexte de changement climatique, de raréfaction de la ressource et aussi de croissance démographique assez importante».

Pourtant, remarque-t-il, «on continue à utiliser l’eau comme si c’était renouvelable à l’infini». L’expert estime qu’«il y a énormément de gaspillage dans l’utilisation de l’eau», une ressource pour la protection de laquelle CRS est en train de travailler. «L’eau est en danger et il faut la protéger à la source. C’est la solution la plus durable et la plus efficace en termes de retour sur investissements», a-t-il déclaré.

«CRS voit à la fois le côté préservation de la ressource et toute la chaîne de services. Et il est important pour nous que les gens aient un service de l’eau, ce qui implique les acteurs privés qui sont les associations d’usagers, des organismes d’Etat ou semi-étatiques tels que l’OFOR», a précisé M. Debuis.

Selon lui, l’idée est de voir comment engager tous les acteurs qui travaillent autour de la protection de la ressource. CRS essaie, selon son directeur régional, «de voir les services et les problèmes qui touchent l’eau en termes de raréfaction et en termes de risque de pollution qui peuvent venir d’activités industrielles et agricoles non durables»

Dans le cadre de l’analyse des besoins en eau et de développement des services, l’organisation prend en compte également les risques de conflits, a-t-il indiqué. D’après lui, «les problématiques liées à l’eau et l’assainissement constituent les problématiques les mieux connues des populations avec les questions d’inondations, de changements climatiques, d’accès à l’eau».

«CRS s’est ainsi investi en développant une stratégie Water sécurity pour laquelle elle travaille en étroite collaboration avec les structures étatiques», a-t-il relevé. Avec une «longue expérience en eau et assainissement», il a développé différentes initiatives, dont la dernière est le projet pour l’amélioration de la gouvernance du secteur de l’eau à Kolda.

Lancé dans le cadre du Forum de l’eau de Dakar, ce projet vise à mettre en synergie les différents acteurs pour travailler sur des critères de performances, afin d’augmenter le financement dans le secteur et améliorer par la même occasion l’accès à l’eau et à l’assainissement à Kolda. Cette année également, l’organisation a travaillé sur une initiative promouvant les solutions fondées sur la nature avec une étude de faisabilité pour l’amélioration de la recharge de la nappe à Pout (région de Thiès).

«Pout est une zone assez stratégique pour le Sénégal, car 30% des eaux consommées à Dakar viennent de cette localité. Pout également est stratégique par rapport au maraîchage et au développement avec l’exploitation minière consommatrice d’eau», a expliqué M. Debuis.

Le Vrai Journal

Dieyna SENE
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