Au Sénégal, le secteur des médias souffre de plusieurs maux. De la violation systématique des droits des travailleurs à la concurrence déloyale, en passant par les défaillances dans le management, plusieurs groupes de presse sont aux abois. Une situation devenue insupportable pour le SYNPICS dont le Bureau exécutif national a tenu une conférence de presse, hier mercredi 23 mars, pour mettre tous ces problèmes sur la table afin de leur apporter des solutions : Le Vrai Journal

Au Sénégal, comme dans les plus grandes démocraties, les médias jouent un rôle prépondérant dans le développement et la gouvernance d’un pays. Mais force est de constater qu’aujourd’hui, le secteur fait objet de plusieurs cas de violations des droits des travailleurs et de nombreuses perturbations internes, exposant les travailleurs à une précarité préoccupante.

Une situation que le Secrétaire général du Synpics a qualifiée de scandaleux. Du groupe Excaf Telecom, à la chaîne nationale, la Rts, en passant par le quotidien national Le Soleil et l’Agence de Presse Sénégalaise (APS), les syndicalistes de la presse ont fait part de leur consternation face à la situation qui prévaut actuellement dans toutes ces entreprises.

Qui veut liquider le groupe Excaf Telecom ?

Parlant du groupe Excaf Telecom, le Secrétaire général du Synpics, Bamba Kassé a indiqué face aux journalistes que « derrière cette situation, nous voyons les 500 pères et mères de famille qui travaillent dans ce groupe ici à Dakar et dans les antennes régionales ».

S’il a rappelé que le groupe Excaf compte 12 stations radios au niveau régional ainsi que 4 radios et deux chaines de télé à Dakar, le syndicaliste a fait aussi savoir « qu’il s’agit là d’une volonté de sacrifier l’expertise nationale au profit de l’expertise internationale. Et qu’en essayant de liquider ce champion national, ils mettront un coup de sabre au projet TNT, qui constitue l’une des chevilles ouvrières de notre système audiovisuel ».Pour rappel, un contentieux oppose le groupe Excaf au groupe Canal depuis plusieurs années.

En effet, c’est le groupe Excaf qui avait attaqué Canal en justice pour des droits non payés La justice sénégalaise avait alors condamné Canal à verser plus de 300 millions au Groupe Excaf.

Mais contre toute attente, selon les explications de Lassana Diandy, Secrétaire général de la section Synpics du groupe Excaf, Canal a non seulement refusé de verser ce montant, mais a contre attaqué Excaf devant la justice française au nom de l’accord de justice entre la France et le Sénégal signé à Paris le 29 mars 1974.

La justice française a, à son tour, condamné le groupe Excaf à verser la somme de 800 millions de F CFA à Canal. Accusant l’Etat du Sénégal d’être en partie responsable de cette situation, Lassana Diandy invite le président de la République à prendre ses responsabilités et de soutenir cette entreprise nationale car, selon lui, «si aujourd’hui Excaf perd le monopole de l’audio-visuel, demain Canal s’attaquera aux autres groupes et va imposer la vision occidentale au Sénégal. La vision de nous faire perdre nos valeurs religieuses et culturelles ».

Mais, c’est quoi le problème à la Rts ?

A la Rts, les choses semblent tourner au ralenti. Selon Moustapha Cissé présent à la conférence de presse, le Directeur Général de la chaîne nationale du Sénégal ne respecte rien ni personne. Pour cause, depuis son arrivée à la tête de la Radiodiffusion Télévision Sénégalaise, après 10 ans de service et malgré ses 65 ans, Racine Talla fait régner la Gestapo à la Rts.

A en croire le Secrétaire général de la section Synpics de la Rts « la seule chose qu’on peut faire à la Rts, c’est de mettre les masques et se taire. Car si tu parles, tes propos sont enregistrés et amenés à la hiérarchie, et aucune activité syndicaliste n’est autorisée ».

De toute évidence, depuis quelques mois déjà, il y a un énorme chamboulement à la Rts avec les sections syndicalistes qui se plaignent régulièrement de la gestion de leur Dg. En juillet 2021, les syndicalistes de la Radiodiffusion Télévision Sénégalaise accusaient Racine Talla de gestion «nébuleuse et calamiteuse». A l’époque, Abass Sow, porte-parole du jour de l’intersyndicale SYNPICS-CNTS de la RTS et ses camarades, avaient affirmé vouloir programmer d’autres plans d’action dans les jours à venir.

Qui a dit que le « Soleil » ne brillera pas dans les kiosques ?

Depuis plusieurs années, la situation des travailleurs du journal va de mal en pire. Face à la presse ce mercredi, Souleymane Diam Sy, Secrétaire général de la section Synpics du quotidien « Le Soleil », a indiqué qu’ils vivent une situation intenable sous les ordres du directeur Yakham Mbaye qui, depuis son arrivée, ne fait que semer le trouble dans la boîte.

Pour Diam Sy, leur interpellation des plus hautes autorités du pays par rapport à la situation n’a rien donné. Et puisque celle adressée à la Direction du travail expirera le vendredi 25 mars, lui et ses collègues se verront obligés de déposer un préavis de grève la semaine prochaine pour prendre les choses à bras le corps.

Venu prêter main forte aux hommes des médias, le Secrétaire général de la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal, Cheikh Diop, a invité le président de la République à prendre ses responsabilités et soutenir cette entreprise nationale avant que les syndicalistes ne passent à la vitesse supérieure.

Il a également indiqué que «Nous constatons de plus en plus la violation des droits des travailleurs dans le secteur des médias» Pour lui, il est important de procéder à de nouvelles stratégies qui passent, entre autres, par la «création d’une jurisprudence du côté de la loi afin que les journalistes puissent saisir la justice à chaque fois qu’ils sont victimes de licenciement abusif», a-t-il fait savoir.

Avant d’ajouter : « Nous ne pouvons plus accepter que les gouvernements laissent des médias d’Etat faire ce que bon leur semble».

Le Vrai Journal