Mgr Carlos Felipe Ximenes Belo, ancien évêque du Timor oriental et Prix Nobel de la paix, est accusé de viols et d’agressions sexuelles sur plusieurs jeunes hommes mineurs durant une vingtaine d’années. Le Vatican a confirmé jeudi 29 septembre que des sanctions ont été imposées à l’évêque en 2020.
L’une des grandes figures du Timor oriental se retrouve sous le coup de sérieuses accusations. Prix Nobel de la paix en 1996 et symbole de la résistance contre la violente occupation indonésienne de son pays, Mgr Carlos Felipe Ximenes Belo, évêque émérite de Dili, la capitale timoraise, fait l’objet d’accusation de viols et d’agressions sexuelles sur de jeunes hommes, commis entre les années 1980 et le début des années 2000.
D’après La Croix, l’hebdomadaire néerlandais De Groene Amsterdammer a rassemblé une vingtaine de sources différentes basées au Timor Oriental, comme des religieux, des politiciens ou des ONG. Des victimes présumées ont également témoigné, faisant part du mode opératoire précis de l’évêque.
Lorsque Mgr Carlos Belo effectuait des déplacements, il invitait de jeunes adolescents dans sa résidence pour les agresser sexuellement voire les violer. Le religieux n’hésitait pas ensuite à acheter leur silence. « Il sait que les jeunes garçons n’ont pas d’argent. Donc quand il vous invitait, vous y alliez », a confié un homme désormais âgé de 42 ans, qui se décrit comme « une victime ».
Durant cette période, le Timor Oriental souffrait d’une pauvreté extrême et d’une famine, en raison de la guerre et de l’occupation de l’armée indonésienne sur le territoire. Mais en 1983, Mgr Carlos Belo a grimpé à la tête de l’Église catholique timoraise, grâce au pape Jean-Paul II. L’Église a défendu la résistance face à l’occupation de l’Indonésie et l’évêque de Dili est rapidement devenu une figure du Timor oriental en défendant les droits humains.
Il sera plus tard récompensé d’un Prix Nobel de la paix en 1996, rappelle La Croix. Le Timor oriental deviendra officiellement indépendant en 2002. À l’époque, des accusations avaient déjà commencé à émerger mais, face à l’instabilité de ce nouveau pays et à la « crainte de représailles », aucune procédure n’avait été lancée.
Puis en 2002, le pape Jean-Paul II a soudainement relevé Mgr Carlos Belo de ses fonctions. L’évêque de Dili a justifié son départ en déplorant « une fatigue mentale et physique ». Il a ensuite été envoyé au Mozambique pour « un travail pastoral en enseignant le catéchisme à des jeunes », avait-il indiqué à l’époque. De nos jours, Mgr Carlos Belo réside au Portugal et ne se rend presque jamais au Timor oriental.
En 2020, le Vatican a finalement ordonné des sanctions contre le religieux, notamment en restreignant ses déplacements mais également en prononçant « une interdiction de contact volontaire avec des mineurs, d’entretiens et de contacts avec le Timor oriental », a enfin confirmé le Saint-Siège ce jeudi.
Source www.lejdd.fr