Rapport de la banque mondiale sur la situation économique au Sénégal : Développements récents et perspectives économiques

Un nouveau Rapport de la banque mondiale sur la situation économique au Sénégal présenté hier mercredi s’est accentué sur les développements récents et perspectives économiques. Il ressort que la croissance a rebondi vigoureusement en 2021 tandis que les pressions inflationnistes se sont accentuées vers la fin de l’année.

La résilience face à la crise de la  COVID-19 a ralenti le recul de la pauvreté au Sénégal. Cependant le déficit budgétaire est resté élevé pour une 2ème année consécutive en 2021 et l’endettement public s’est significativement accru depuis 2019. Autres effets, Les pressions extérieures ont continué à augmenter en 2021, avec des importations en hausse. Selon toujours le rapport, En 2022, le rebond de l’économie devrait ralentir dans un contexte de tensions géopolitiques, , les pressions extérieures persisteront en raison de la hausse des prix mondiaux due à la guerre en Ukraine, ainsi que des importations en capital liées au secteur des hydrocarbures. La poursuite d’une politique de soutien aux ménages face à la crise maintiendra les pressions sur le budget en 2022 car Les perspectives sont très incertaines, avec des risques de baisse substantielle liés aux tensions géopolitiques.

La croissance du PIB a significativement accéléré en 2021. Elle est estimée à 6,1% (3,3% pour le PIB par habitant), tirée par la reprise de la consommation privée et de l’investissement. En conséquence de la hausse de la demande, l’inflation a atteint 2,2% en 2021, alors que les prix moyens de la composante alimentaires ont légèrement reculé. Cette baisse s’explique par la bonne production agricole 2020-2021 qui a permis d’alimenter les marchés locaux et de limiter la hausse des prix au premier semestre de 2021. Toutefois, à partir de juillet 2021, les pressions inflationnistes se sont intensifiées, notamment dans le domaine de produits alimentaires et de l’énergie.

À la suite du choc de la COVID-19 sur la croissance, on estime l’incidence de la pauvreté à 34% en 2020-2021 réduisant les progrès réalisés depuis 2011, notamment dans les zones urbaines, où se concentrent les activités de services. Cependant, l’écart de pauvreté s’est davantage détérioré dans les zones rurales, ce qui suggère que parmi les personnes touchées, ce sont les pauvres des zones rurales qui ont le plus souffert.

Les plans de réponse à la crise du COVID-19 ont aggravé les déséquilibres budgétaires préexistants. Après un déficit à 6,4% du PIB pendant la première année de l’épidémie, il est resté quasiment inchangé en 2021, à 6,3% du PIB. Les principaux facteurs ont été les plans de riposte liés à la pandémie de COVID-19 comprenant des subventions, combinés aux restrictions nationales et mondiales qui ont impacté l’activité économique et les recettes de l’Etat.

L’effet de répercussion de la hausse des prix internationaux du pétrole sur les tarifs énergétiques nationaux au cours de la période 2020-2021 a également entraîné d’importantes subventions budgétaires, mettant en exergue l’importance de la gestion des risques budgétaires et des évaluations annuelles dans le cadre du processus budgétaire. Ces dépenses combinées aux plans de riposte dans un contexte de faible pression fiscale a pesé sur la dette, qui s’élève à 73,2% du PIB en 2021, augmentant de près de 10 points de pourcentage du PIB depuis 2019.

En 2021, le déficit du compte courant s’est creusé passant à 13,3% du PIB contre 10,9% du PIB en 2020. Cette détérioration s’explique par une hausse du déficit commercial. Malgré une augmentation des exportations soutenue par l’or, l’acide phosphorique et les activités de ré-exportations, notamment de produits pétroliers, les importations ont augmenté plus rapidement. Ces dernières ont notamment été tirée par une hausse de la facture des importations de pétrole et l’augmentation des importations de biens intermédiaires dans un contexte de reprise économiques. Le déficit de la balance commerciale a été principalement financé par de forts investissements directs étrangers (IDE) liés aux hydrocarbures et par l’émission d’Eurobonds au mois de juin 2021.

Le taux de croissance est estimé à 4,8% en 2022. Côté offre, la croissance sera tirée par les performances du secteur agricole et minier, et dans une moindre mesure par la poursuite du rebond dans le secteur des services. Du côté de la demande, la consommation privée devrait moins contribuer que prévu, suite aux conséquences de l’inflation, mais les investissements privés, notamment dans le secteur minier contribueront à soutenir la croissance. À cause des tensions géopolitiques mondiales, les pressions inflationnistes devraient s’accentuer significativement en 2022 atteignant 8,7%. Les prix de l’énergie et des denrées agricoles, qui connaissaient une augmentation préalable au conflit, ont connu une forte accélération au cours de la première moitié de l’année. À moyen terme, la croissance devrait être fortement stimulée par le début de la production d’hydrocarbures pour atteindre, en moyenne, 9,2% sur la période 2023-2024.

Le déficit de la balance courante (dons compris) devrait légèrement se détériorer et s’établir à 13,6% du PIB en 2022. Les causes principales sont la hausse significative du prix des importations des produits pétroliers et la poursuite des investissements dans le secteur en construction des hydrocarbures. Les revenus additionnels issus de l’exploitation des mines d’or permettront de compenser partiellement cette tendance. Toutefois, dès lors que la production d’hydrocarbures sera mise en service, les pressions sur la balance courante s’atténueront avec la hausse des exportations et la baisse des importations liées au secteur extractif. Une accentuation des tensions géopolitiques et l’extension de la zone d’instabilité sécuritaire depuis le Sahel représentent des risques pour l’amélioration de la balance commerciale.

Les pressions budgétaires continueront à être élevées en 2022 avec un déficit estimé à 6,2% du PIB. Dans un contexte inflationniste exacerbée par le conflit en Ukraine, la politique budgétaire devrait permettre de soutenir les ménages face à l’augmentation des prix générant un déficit très proche du niveau de 2021 (6,3% du PIB). Les recettes fiscales qui étaient en deçà de leur niveau de 2019 ces deux dernières années devraient retrouver leur tendance à la hausse à partir de 2022. Le stock de dette publique devrait atteindre 75.1% du PIB en 2022 avant de diminuer progressivement. L’analyse de viabilité de la dette conjointe de la Banque mondiale et du FMI publiée en janvier 2022 a conclu que le risque de surendettement reste modéré au Sénégal, avec une capacité limitée à faire face à un choc sur le court terme.

Le contexte du conflit russo-ukrainien et ses évolutions au cours de l’année 2022 introduit des incertitudes majeures concernant les prix de l’énergie, des denrées alimentaires et des restrictions commerciales. Les plans de riposte à ce choc extérieur, visant à soutenir les ménages, représente un risque budgétaire pour le Sénégal. De surcroit, la poursuite de l’accélération du resserrement de la politique monétaire des banques centrales étatsunienne et européenne pourrait détériorer les conditions de refinancement sur les marchés internationaux. Enfin, le Sénégal est exposé à l’érosion côtière et aux chocs climatiques (inondations, sécheresses et risques sanitaires associés) qui pourraient impacter la productivité agricole et le secteur du tourisme.

Mamadou Nancy Fall
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