Stratégie politique ou écarts de langage : Sonko, une com’ à problèmes

Le leader de Pastef « Les patriotes » et de la coalition Yewwi Askan-Wi a certes le vent en poupe. Une ascension fulgurante qu’Ousmane Sonko a peut-être du mal à bien gérer comme s’il avait fini par en avoir le tournis. Multipliant les prises de parole, il « fusille » pratiquement tout le monde et s’aliène certains segments de la société. Sa dernière sortie en date : son attaque incisive contre les autres coalitions de l’opposition qu’il accuse d’être « à la solde de Macky Sall ». Stratégie politique ou dérives de langage ? Sa communication est en tout cas sujette à critique et pourrait lui valoir de mauvaises surprises. Décryptage par Momar Diongue Le Vrai Journal !

S’il est une personnalité politique qui est autant adulée que critiquée, c’est bien Ousmane Sonko. Régulièrement pointé du doigt, d’aucuns pensent que sa communication, en dehors des aspects liés à l’économie, au social et aux ressources pétrolières et gazières, laisse beaucoup à désirer. Stratégie politique pour mieux attirer l’attention sur sa personne ?

Dans tous les cas, il reste actuellement la personnalité politique la plus populaire. Chaque jour, l’on parle de lui et il attire les foules, surtout en cette période de campagne électorale en direction des élections législatives du 31 juillet. Il est suivi partout et écouté religieusement Adulé par une frange importante de la population, essentiellement composée de jeunes et de femmes, le leader de Pastef ‘Les Patriotes » est également acculé par ceux qui lui reprochent sa communication désinvolte, irrévérencieuse, voire dangereuse.

Après avoir menacer de «fusiller» les anciens présidents du Sénégal, Ousmane Sonko n’a pas hésité à tenir des propos jugés désobligeants, voire offensants, sur plusieurs personnalités appartenant à la Justice, à la Gendarmerie ou encore à la Police. Ses propos sur le général Moussa Fall, chef d’état-major de la Gendarmerie bourdonnent encore dans l’oreille des Sénégalais.

Quid du Procureur de la République ou encore de l’actuel Doyen des juges ? Sur le même tempo, le leader de Pastef a continué à créer de vives polémiques à cause d’une communication plutôt problématique. Et pour cause, devant le Khalife général des Mourides, il avait soutenu que «dix sur les treize jeunes tués lors des manifestations de mars 2021 étaient de la famille de Serigne Touba.»

Récemment, lors d’une manifestation de la coalition Yewwi Askan-Wi tenue à la place de l’Obélisque – c’était le 8 juin dernier – , il affirma sans sourciller : «s’il y a une autre manifestation, casser les maisons de certaines autorités, c’est y retrouver beaucoup d’argent ». Faisant ainsi allusion à la grosse somme d’argent qui avait été dérobée au domicile du griot du Président et député à l’Assemblée nationale, Farba Ngom.

Les risques d’un isolement

En plus de ses propos jugés déplacés lorsqu’il parlait de la relation entre le Président Macky Sall et la Casamance, Ousmane Sonko s’est encore illustré en tirant sur toute l’opposition en course pour les législatives en l’accusant d’être à la solde du locataire du Palais. Ne fallait-il pas relativiser ?

Mieux, ne fallait-il pas diluer ses propos pour ne pas trop verser dans une communication qui allait entraîner à coup sûr la riposte de l’autre camp ? Il a également eu récemment de fortes divergences avec la société civile sénégalaise qu’il avait aussi accusée de rouler pour Macky Sall. Ce qui avait réagir Moundiaye Cissé, Alioune Tine et Cie, recadrant au passage le leader de Yewwi Askan-Wi.

Alors, Sonko ne devrait-il pas éviter d’avoir dans le dos tout ce beau monde ?

En tout cas, en politique, s’esseuler, c’est s’affaiblir. Or, il ne doit pas perdre de vue qu’il n’en a pas fini avec le dossier Adji Sarr certes au point mort, mais qui pourrait être relancé à tout moment. Et le cas échéant, il aura sûrement besoin du soutien de beaucoup de segments qu’il pourrait finir par s’aliéner, si ce n’est déjà fait.

De même, pourquoi hypothéquer les chances d’une future alliance sous la prochaine législature avec cette partie de l’opposition qu’il accuse de collusion avec Macky Sall ?

Et si la majorité de l’opposition sous la 14ième législature devait passer par la jonction entre Yewwi et les coalitions de l’opposition qu’il vilipende ?

Décidément, à force de tirer sur tout le monde et à tout bout de champ, le leader prend le gros risque de s’écarter de tous et de s’isoler. Après tout, ne dit-on pas que la politique est l’art des compromis ?

 

Le Vrai Journal

Dieyna SENE
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