Situation alarmante au District Sanitaire de Richard Toll : un tiers des cas de tuberculose portés disparus

La tuberculose constitue un défi dans la région de Saint Louis. En plus des 1/3 des cas enregistrés manquant, le taux de décès est extrêmement élevé dans le district sanitaire de Richard-Toll. L’annonce a été faite hier au cours de la célébration de la journée mondiale de lutte contre cette maladie.

Au Sénégal, six régions sont plus touchées par la tuberculose. Il s’agit de la région de Dakar, Thiès, Diourbel, Kaolack, Ziguinchor, Saint-Louis. Près de 20 000 cas sont attendus dans l’année dont les 82% sont retrouvés dans ces régions. Pour accentuer le combat, la journée mondiale de tuberculose a été célébrée hier dans le district de Richard Toll.

Selon le préfet du département de Dagana, Ibrahima Ismaïla Ndiaye, en 2022, le District sanitaire de Richard Toll, malgré les performances thérapeutiques, s’est distingué par le nombre de cas incidents manquant à la détection. ‘’Il y a environ un tiers des cas non retrouvé. La proportion de décès est très élevée au niveau du district. Elle est à 3%’’, annonce-t-il.

Pour lui, les comorbidités associées comme l’infection à VIH et les formes pharmaco-résistantes de la maladie compliquent la lutte. ‘’Les principaux déterminants de la maladie qui entretiennent l’épidémie sont la pauvreté, la dénutrition ou malnutrition, l’infection à VIH, la consommation de tabac et le diabète. Devant un tel fléau, toute la communauté, à tous les niveaux, est interpellée et invitée à plus d’engagement pour mettre fin à cette épidémie’’, recommande-til.

Le médecin chef de la région de Saint Louis, Docteur Seynabou Ndiaye souligne qu’au niveau de la région de Saint-Louis, ils ont deux districts qui ont une porte extrêmement importante pour la tuberculose.

‘’Nous avons remarqué effectivement que le tiers des cas que nous recherchons dans le dépistage sont retrouvés souvent au niveau du District de Richard Toll. Nous avons un taux de décès quand même qui est assez élevé. Ce qui montre qu’il est encore important de faire des efforts au niveau de la lutte contre la tuberculose. C’est pour cette raison qu’on a décidé de célébrer la journée dans ce district », explique Dr Ndiaye.

Ce choix, dit-elle, est aussi une façon d’encourager la communauté à continuer les efforts de lutte dont le thème de cette année est ‘’Oui, nous pouvons mettre fin à la tuberculose’’. ‘’Les acteurs communautaires nous aident vraiment dans l’intervention des dépistages. Il s’agit pour nous de dépister le maximum de cas. C’est ce qui explique aussi le taux élevé que nous avons au niveau de la région’’, fait-elle savoir.

La région de Saint-Louis est à 75% du taux de détection

Dr Seynabou Ndiaye informe qu’ils ont un taux de détection très élevé. ‘’Puisqu’il s’agit de dépister alors, là nous avons ratissé large. Nous avons un taux de détection qui est extrêmement élevé au niveau de la région, au-delà de la moyenne nationale qui est de 72%. Nous, nous sommes aujourd’hui à 75%, mais il faut dire que c’est pour ça aussi que nous avons un succès thérapeutique autour de 98%’’, annonce Dr Ndiaye.

Elle estime qu’aujourd’hui, le gouvernement a la possibilité de donner cette chance à un malade tuberculeux d’être dépisté et d’être traité au niveau des structures jusqu’au niveau de la communauté. C’est une maladie, rassure-t-elle, qu’il est possible d’éliminer au niveau de la région. Pour y arriver, ils ont développé des stratégies communautaires qui consistent d’abord à former des membres des organisations communautaires de base qui sont au sein de la communauté à reconnaître les signes de cette maladie et à pouvoir orienter tous ces patients. Il y a ensuite le suivi fait par ces acteurs aux patients ayant un examen positif.

‘’Après cette référence du diagnostic, il y a le traitement. L’observance est un élément et un facteur de réussite par rapport à ce traitement. Donc ces acteurs communautaires continuent avec ce patient à aller lui rendre visite au niveau de la communauté pour pouvoir l’accompagner dans ce traitement.

En plus de cela, cet acteur va encourager l’entourage familial lorsque nous avons un certain nombre de critères qui sont définis et qui existent, à pouvoir dépister très tôt cette maladie et de pouvoir la traiter. Donc le secteur communautaire joue un rôle extrêmement important au niveau de la licence de cette maladie, c’est une stratégie vraiment importante au niveau de la région’’, soutient-elle. Par ailleurs, la première vice-présidente du Conseil départemental de Dagana, Khady Diop précise que la tuberculose n’est plus un tabou.

Au début, les personnes atteintes de cette maladie n’osaient jamais se dévoiler à cause de la stigmatisation. Mais avec l’avancée de la médecine, les choses ont changé. ‘’Toutes ces considérations ne sont plus suivies. Cela, grâce aussi en partie au travail de sensibilisation fait sur le terrain par les acteurs communautaires. Ces acteurs de la première heure de lutte contre la maladie ont besoin d’être valorisés. Si aujourd’hui les médecins ne sentent pas trop les difficultés sur le terrain pour la recherche de cas suspects, c’est grâce aux acteurs communautaires. Ils sont les piliers de la lutte. Ils ont besoin de moyens pour mieux assurer leur travail’’, défend-a-t-elle.

Une thèse soutenue par Ablaye Diop, président des organisations communautaires de base. Selon lui, si le district de Richard-Toll a ses résultats c’est grâce au travail des agents communautaires. ‘’Nous faisons un énorme travail sur le terrain pour trouver des cas suspects. En 2022, on a pu orienter 63 personnes au district dont les résultats étaient finalement positifs. Ils ont bien suivi leur traitement avec l’accompagnement des marraines de quartier et des relais communautaires’’, renseigne-t-il.

Toutefois, il souligne qu’ils rencontrent énormément de difficultés dans l’exercice de leur travail. Ils n’arrivent pas à accéder dans les zones les plus éloignées. ‘’Il y a des zones difficiles d’accès et très éloignées. Pour y aller, c’est la croix et la bannière. C’est pourquoi nous voulons plus de moyens pour atteindre ces zones. Tout ce que nous faisions c’est pour aider la population. Mais on n’a pas des moyens de transport pour le faire, le travail devient difficile et cela peut constituer un frein dans la lutte’’, explique M Diop.

En outre, il sollicite l’appui des Organisations Non Gouvernementales. A son avis, si tout le monde s’implique, le Sénégal peut vaincre la tuberculose

Quotidien L’Info

Oumou Khaïry NDIAYE
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