Richard-Toll : Sermat, le pont de tous les dangers qui hante le sommeil des populations

Reliant la partie principale de la ville de Richard-Toll aux quartiers de Gadalkhout, Campement, Thiabakh ou Ndombo, le pont Sermat qui menace ruine attend désespérément une réhabilitation à l’arrêt depuis 2017. Une suspension qui met en péril la vie des populations, obligées de la traverser quotidiennement pour vaquer à leurs

Cheikh Sy Samb est un jeune de la ville. Surpris en pleine discussion avec ses camarades, la moutarde lui monte au nez dès que le pont Sermat est évoqué. Le ton haut, Cheikh estime que le retard de livraison du pont demeure un calvaire pour les populations.

«Le chantier a démarré il y a plus de six ans. Mais, depuis six ans, on vit dans la galère et un danger permanent guette la population. On ne peut plus se fier aux promesses des autorités.» Au grand dam des populations.

La trentaine révolue, corpulence de sportif, El Hadj fait  partie des mille et un impactés du pont. Assis à ses abords, il sirote tranquillement son café Touba. Pour lui, c’est un manque de considération de la part des autorités vis-à-vis de la population. Il pense que celles-ci ne manifestent aucune volonté afin de trouver une solution le plus rapidement possible.

El Hadji se remémore encore ce jour où il a sauvé une fille des eaux. Le drame a été évité de justesse. «J’étais en train de marcher au bord du canal, tout d’un coup j’ai entendu un enfant demander de l’aide. C’était une jeune fille qui s’était retrouvée dans les eaux par inadvertance, alors qu’elle traversait le pont. Il a fallu que je me jette à l’eau pour la tirer d’affaire.»

Ce genre de cas semble récurrent. Cheikh Sy Samb narre lui aussi le spectacle auquel il a assisté. «Un jour, un talibé a chuté et s’est retrouvé au fond des eaux du canal. N’eût été notre intervention, il allait se noyer. L’enfant nous a confié qu’il avait chuté dans le canal vers dix-sept heures. Nous sommes intervenus vers vingt heures pour le tirer de ce guêpier. Imaginez ce que l’enfant a pu vivre.»

Il y va encore d’un second cas. «Un autre jour, une jeune fille a failli se noyer dans le canal. Nous tous ici étions présents sur les lieux ce jour-là. Elle criait de toutes ses forces. On s’est précipité pour lui porter secours. Elle dit qu’elle avait accusé du retard pour se rendre à l’école. Et elle a choisi de nager pour aller plus vite.» Elle a failli y laisser sa vie.

D’après Issa, un drame risque de se produire un jour. La plupart des riverains n’ayant pas les moyens de payer le transport pour emprunter la voie de contournement. Il argue que le billet est trop élevé pour des personnes qui peinent à joindre les deux bouts.

«Chaque jour, nous sommes obligés de dépenser 600 FCfa pour faire le trajet. Aucune famille n’a ce budget. Le retard de livraison a complètement plombé l’économie de la ville. On a l’impression que l’entreprise contractuelle n’est pas assez outillée pour faire.»

« l’Obs »

Dieyna SENE
Up Next

Related Posts