Amadou Cherif Diouf, Secrétaire d’État en charge des Sénégalais de l’Extérieur, a pris part à la première édition de la conférence « Afro-Diaspora et Société : « Construire des Ponts entre l’Espagne et l’Afrique », tenue les 9 et 10 mai 2024 sous l’égide du ministère espagnol des Affaires étrangères.
À cette occasion, à la demande des autorités diplomatiques et consulaires, il a saisi l’opportunité de rencontrer une délégation de 40 responsables d’associations et de Dahiras, principalement issus de Madrid. Cependant, cette sélection a été critiquée par certains membres de la communauté pour son caractère non inclusif.
Lors de la rencontre avec les responsables de structures, qui s’est tenue le samedi dernier dans les locaux de l’Ambassade, l’ambiance selon certains était teintée d’une certaine frustration. Les participants ont exprimé ouvertement leur déception face aux conditions d’accueil, qu’ils ont jugées bien en deçà de leurs attentes.
Selon certains participants l’agacement était palpable, notamment en raison du retard significatif dans le démarrage de la réunion prévue initialement pour 11 heures, celle-ci n’a débuté qu’après 12 heures. Ce qui aurait dû être une occasion de renforcer les liens et de discuter des préoccupations des sénégalais d’Espagne s’est transformé en un échange tumultueux, laissant les participants sur leur faim et déterminés à exiger plus de clarté et d’engagement de la part des autorités sénégalaises.
« Selon Elhadji Baba Ly, secrétaire général de Aar Suñu Diaspora, cette rencontre s’est soldée par un échec à plusieurs niveaux de l’accueil des participants venus du sud, du nord et des îles, qui, malgré les efforts consentis pour arriver à temps, ont trouvé une ambassade fermée.
Le second constat est que nous avons entendu des communications beaucoup plus politiques. Seuls les représentants des associations et des Dahiras ont évoqué les réels problèmes de la diaspora, tels que les difficultés liées à l’obtention des passeports, les coopératives d’habitat, l’aide et l’appui consentis à certaines associations et Dahira alors que d’autres n’en bénéficient pas, l’absence de visites des autorités diplomatiques et consulaires dans les différentes provinces en vue d’établir ce lien et ce dialogue combien importants entre les Sénégalais et leurs autorités.
- Ly continue en évoquant d’autres questions relatives aux conditions drastiques des Sénégalais hébergés dans les centres d’accueil et surtout des mineurs qui seront demain une perte pour le Sénégal.
Une question importante a été abordée concernant l’appel à candidature pour nos compatriotes devant venir en Espagne pour travailler dans le cadre de la migration circulaire. Une sélection marquée par l’inégalité des chances entre les Sénégalais, liée à une mauvaise communication dans le dossier à fournir.
À toutes ces questions, M. Ly souligne que les réponses attendues n’ont pas été satisfaisantes et Aar Suñu Diaspora a décidé d’enclencher une campagne d’information et de sensibilisation de toute la diaspora sénégalaise établie en Espagne.
- Ly martèle que le manque de maîtrise des dossiers évoqués ainsi que le manque d’expérience du secrétaire d’État des Sénégalais de l’extérieur, teintés quelques fois d’arrogance et de manque de considération de l’assistance, ont choqué Aar Suñu Diaspora qui juste après la rencontre s’est réuni pour une évaluation. Aar Suñu Diaspora restera plus que jamais vigilant surtout par rapport aux recommandations relatives à la politisation et à l’instrumentalisation des Associations et des Dahiras.
Des propos émanant du Secrétaire d’État ont bouleversé les représentants des Associations et Dahiras. En effet, le Secrétaire d’État soutient que si chaque Sénégalais donnait 100 € sur 78 000 Sénégalais, l’État aurait récolté 7 800 000 €, ce qui serait une forte contribution de la diaspora sur le budget du Sénégal. Quelle vision négative fulmine Mr Ly ! »
« La réaction de Ndiawar Seck face à cette réunion inopportune était marquée par la déception et la frustration. Il a exprimé ouvertement son mécontentement, critiquant l’attitude perçue comme arrogante du Secrétaire d’État ainsi que son discours trop politisé. Selon lui, cette approche a accentué les tensions et irrité l’ensemble des participants.
La déception de Ndiawar Seck reflète un sentiment généralisé d’insatisfaction quant à la manière dont la réunion a été menée. Cette réaction souligne l’importance d’une approche plus ouverte et inclusive lors de telles rencontres, mettant en avant le besoin d’un dialogue fécond et d’un respect mutuel pour favoriser des échanges fructueux et constructifs. »
« Yoro Sow a exprimé un sentiment d’amertume en qualifiant cette rencontre de fiasco, soulignant que le Secrétaire d’État semblait loin de maîtriser son domaine. Il a ensuite poursuivi en affirmant qu’il est impératif que nos autorités comprennent les besoins et les préoccupations de la communauté, et qu’elles s’engagent à apporter des débuts de solutions. Cette réaction révèle une profonde frustration quant à l’inefficacité perçue du gouvernement à répondre aux attentes et aux demandes des citoyens.
Yoro Sow souligne ainsi l’urgence d’une meilleure compréhension et d’une action concrète de la part des autorités pour répondre aux besoins de la communauté de manière significative car selon lui les tracasseries subies par les compatriotes empruntant la route entre le Maroc et le Sénégal, ainsi que la question de l’âge des voitures sont des problèmes qui nécessitent des solutions urgentes. »
« Khalifa Ababacar Diène affirme avec fermeté que si le Secrétaire d’État n’avait pas souhaité cette rencontre, il aurait été plus judicieux de ne pas entreprendre un déplacement de plus de 600 kilomètres pour y assister.
Il exprime ainsi le sentiment que le déplacement aurait été évitable si la volonté de rencontrer la communauté n’était pas réelle de la part du Secrétaire d’État. De plus, il souligne le sentiment d’imposition ressenti lorsqu’on lui accorde seulement trois minutes pour exprimer les préoccupations de sa communauté. » Cette critique met en lumière l’importance de l’engagement sincère des autorités et du respect du temps et de la voix des participants lors de telles rencontres.
Il est indéniable que certains participants ont exprimé leur frustration lors de la réunion. Cependant, il est tout aussi important de reconnaître que la communauté doit également s’engager dans une autocritique objective et constructive.
En effet, pour qu’elle puisse avancer de manière unie et efficace, il est nécessaire que ses membres réfléchissent à leurs propres contributions et comportements au sein de ces rencontres.
Cela implique de mettre de côté les divergences personnelles et de travailler ensemble pour trouver des solutions communes aux défis auxquels la communauté est confrontée. En adoptant une approche de dialogue et de collaboration, il devient possible de Parler d’Une Seule Voix et de renforcer ainsi l’impact des actions entreprises pour le bien-être de tous.
Bien que des malentendus aient parfois teinté les relations, il convient également de reconnaître que les autorités diplomatiques et consulaires ont toujours fait preuve de disponibilité pour résoudre les problèmes des compatriotes, même lorsque ces derniers dépassaient leurs compétences.
En définitive, il est important de noter que le Secrétaire d’État possède une expérience personnelle de la migration, ayant lui-même été émigré par le passé. Cette expérience lui confère une compréhension profonde des défis auxquels sont confrontés les Sénégalais résidant à l’étranger. Ainsi, lui accorder une période de grâce pourrait être bénéfique. Cela lui offrirait l’opportunité de renforcer son efficacité et de développer des solutions adaptées aux besoins de la diaspora sénégalaise. En dépit des difficultés rencontrées, cette perspective laisse entrevoir un potentiel d’amélioration et d’espoir pour un avenir meilleur pour les Sénégalais vivant à l’étranger.
Momar Dieng Diop Espagne