Réticence à l’égard des vaccins contre la COVID : La jeunesse entre méfiance et défiance

La méfiance des jeunes à l’égard du vaccin contre la Covid-19 est une réalité. Pour mesurer son ampleur, une enquête nationale a été menée. Elle montre que si la moitié des personnes interrogées dans le cadre de cette étude étaient prêtes à se faire vacciner en janvier dernier, un mois après, six d’entre elles sur 10 déclaraient désormais refuser de le faire, renseigne l’Aps.

«En janvier 2021, la moitié des Sénégalais interrogés dans une enquête nationale étaient prêts à se faire vacciner. Mais un mois après, en février, au Sénégal, environ six personnes sur 10 déclaraient qu’elles refuseraient le vaccin si on le leur proposait», a fait savoir le docteur Ibou Guissé, du Service national de l’éducation et de l’information pour la santé.

Il a précisé qu’«une personne sur 10 accepte de se faire vacciner, trois personnes sur 10 ont mentionné qu’elles n’étaient pas décidées ou que leur choix serait soumis à des conditions».

Des interviews de jeunes rencontrés sur le terrain rendent compte des réticences à l’égard des vaccins développés. Un recul à la dernière minute, un manque de confiance total en ces produits, la prudence face à ce produit jugé encore non maitrisé…, les raisons invoquées par les jeunes non-vaccinés sont diverses et variées.

«Pour le moment, la vaccination reste la seule manière de prévenir les formes graves de Covid-19, a soutenu le docteur Ibou Guissé invitant les jeunes à se faire vacciner. Pour la socio-anthropologue Mame Yacine Mbodj, du Centre régional de recherche et de formation à la prise en charge clinique de Fann (CRCF), à Dakar, l’hésitation notée chez les jeunes peut signifier «une défiance envers l’industrie du vaccin et les autorités politiques ou sanitaires nationales».

Elle a fait mention d’une étude conduite entre juin et août 2021 dont les résultats indiquent que sur un échantillon de 20 sur 33 personnes non vaccinées, trois ont affirmé un refus catégorique [de se faire vacciner] et 17 sont encore incertaines sur la décision à prendre». «Les principales raisons invoquées sont le manque de confiance dans le vaccin, d’autres sont inquiets» au sujet des «différents types de vaccins et d’autres encore doutent de l’existence du Covid-19», a-t-elle expliqué.

Depuis l’apparition de la pandémie sur le territoire sénégalais, 59 jeunes âgés de 18 à 35 ans sont décédés des suites du Covid-19, sur plus de 1.500 personnes ayant perdu la vie des suites de cette maladie, relève le Centre national des opérations d’urgence sanitaire (COUS) datant de fin septembre.

Au total, à la date du 25 septembre 2021, sur un total de 73 728 personnes infectées par le Covid-19, 19 307 (26,1 %) sont âgées de 18 à 35 ans, 9 135 (47,3 %) d’entre elles sont de sexe féminin et 10 172 (52,7 %) de sexe masculin. Le directeur du COUS, Alioune Badara Ly, faisant le bilan des trois vagues du Covid-19, le 13 septembre dernier, a réitéré la nécessité du «respect des mesures barrières». Il a exhorté les populations à se faire vacciner pour se protéger des formes graves de coronavirus.

Pour venir à bout de la persistance de la méfiance des populations, malgré une meilleure acceptabilité du vaccin, le docteur Thierno Madiou Diallo, du CRCF, propose de «restaurer la confiance et l’adhésion de la population à la riposte du Covid-19». «La communication doit être basée sur des données fiables, et il faut dépolitiser la question du vaccin», a-t-il proposé.

Dieyna SENE
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