Pots-de-vin et pénalités : la lettre hebdomadaire de Transparency International

Lorsque les temps sont durs – et il est indéniable qu’ils l’ont été récemment – le sport peut offrir un répit bienvenu dans le cycle de l’actualité. Mais certaines évolutions dans le monde du sport méritent à elles seules une pause.

Le ministère américain de la Justice a récemment annoncé qu’il restituerait à la FIFA elle-même les fonds saisis dans le cadre de leur enquête de longue date sur le scandale de corruption de la FIFA en 2015.

Considérant que la FIFA a été largement perçue comme un auteur, cette nouvelle peut en surprendre beaucoup. Il y a plusieurs années, les gros titres mettant l’accent sur les hauts responsables de la FIFA qui ont accepté des pots-de-vin en échange de droits médiatiques et marketing lucratifs ont secoué les fans de sport du monde entier.

 

Mais la corruption est une voie à double sens. Dans ce schéma, les corrompus étaient des officiels de la FIFA qui occupaient simultanément – ​​à l’époque ou auparavant – des postes dans des organisations de football régionales ou nationales. Les payeurs de pots-de-vin étaient des dirigeants d’entreprise et des entreprises des États-Unis, d’Amérique du Sud et d’ailleurs.

Alors que des enquêtes sont toujours en cours dans plusieurs pays, les enquêtes américaines à elles seules ont abouti à l’inculpation de plus de 50 personnes et entités. Parmi eux se trouve Julius Baer, ​​une banque suisse dont nous avons déjà examiné les transactions douteuses.

En tant que gardiens du secteur financier, les banques ont la tâche importante de détecter les fonds illicites et de les empêcher d’entrer sur les marchés financiers. C’est pourquoi nous avons appelé partout les autorités nationales de surveillance à intensifier leurs efforts. Ils doivent être prompts à imposer des sanctions proportionnées et efficaces aux banques, à leurs employés et à leurs cadres supérieurs qui enfreignent les obligations de lutte contre le blanchiment d’argent.

Dans le cas de la FIFA, nous savons maintenant que Julius Baer a aidé à blanchir plus de 36 millions de dollars de pots-de-vin. Ces fonds et d’autres à confisquer par les autorités américaines s’élèvent à 201 millions de dollars US. La FIFA a créé une fondation pour débourser ces fonds dans des projets communautaires, affirmant que le processus sera soumis à un contrôle strict.

Le scandale de corruption de 2015 a donné à la FIFA une impulsion pour enfin remanier ses systèmes, renforcer sa conformité et améliorer ses politiques internes. Mais le monde du football doit encore surmonter de nombreuses lacunes structurelles, en particulier lorsqu’il s’agit d’assurer la transparence et la responsabilité au niveau national.

La décision de reconnaître la FIFA et d’autres fédérations de football comme victimes de corruption constitue également un précédent important. Dans les affaires transfrontalières à grande échelle telles que le scandale de corruption transnationale d’Airbus, les produits confisqués se retrouvent souvent dans les trésors publics des pays exportateurs de corruption, tandis que les individus et les groupes lésés par ces stratagèmes reçoivent rarement une indemnisation. Cette décision peut nous aider à promouvoir l’introduction de l’indemnisation des victimes comme pratique courante dans les affaires de corruption transnationale et de blanchiment d’argent.

Pape Ismaïla CAMARA
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