Matam : Deux morts dans un accident et un naufragé introuvable

Deux personnes ont péri dans un accident de moto, aux alentours de Thilogne, avant qu’une pirogue qui transportait de jeunes joueurs de football ne chavire dans les eaux du fleuve Sénégal. Quatre rescapés ont été retrouvés, mais le dernier passager est toujours introuvable, après 72 heures de recherches.

Les populations du département de Matam se demandent bien si la société marocaine en charge des travaux du tronçon Thilogne – Ourossogui ne sont pas en mission de sabotage dans la région. En plus de ne pas respecter les délais d’exécution fixés par l’État, l’entreprise fait de l’entretien des pistes de déviation et de l’installation des panneaux de signalisation le cadet de ses soucis. Des négligences qui s’avèrent fatales pour les populations. Mardi dernier, deux jeunes hommes vendeurs de poisson, originaires du village de Mbahna, à bord d’une moto-Jakarta en provenance de Thilogne, se sont engouffrés dans les ouvrages du pont.

L’accident s’est produit, selon des témoins, vers 22 h. L’un des passagers est mort sur le coup, tandis que le second a succombé à ses blessures, quelques jours plus tard. Cette nouvelle a profondément révolté les populations qui menacent de s’organiser pour faire face aux dirigeants de l’entreprise marocaine.

‘’Nous n’avons pas d’autorités pour porter notre combat. Tout le monde sait le calvaire que nous vivons, depuis que les travaux ont démarré sur ce tronçon (NDLR : Thilogne – Ourossogui). Ces travaux ont démarré depuis 2017. Jusqu’à présent, la route n’est pas terminée. Ils ne prennent même pas la peine d’arroser les pistes de déviation pour nous épargner de la poussière. L’état catastrophique des pistes est la cause de beaucoup d’accidents de voitures. Pire encore, ils creusent partout pour construire des ponts et ne placent pas de tableaux de signalisation pour alerter sur le danger. Personne ne parle, ni les autorités administratives, encore moins nos autorités locales. Leur silence coupable nous interpelle. Alors, nous allons prendre notre destin en main’’, avertit Moussa Diallo, membre actif du mouvement Dental.

En attendant, les familles des victimes au village de Mbahna, dans la commune de Bokidiawé, pleurent leurs morts.

Une autre pirogue chavire

A Ourossogui aussi, l’émoi et la consternation ont gagné toutes les familles, suite à l’annonce de la noyade d’un jeune garçon dans le fleuve Sénégal. Vendredi dernier, cinq jeunes, en partance pour la Mauritanie pour y jouer un match de football en tant que ‘’mercenaires’’, ont soudainement vu leur pirogue chavirer.

Quatre personnes ont pu regagner le rivage, à l’exception d’une personne toujours introuvable. Les riverains, mis au parfum, se sont déployés vers les côtes de Nawel à Diamel pour retrouver le disparu, en vain. Les sapeurs-pompiers ont élargi la zone de recherches sans trouver le moindre indice.

Trois jours plus tard, le corps n’est toujours pas retrouvé. Selon certaines explications des sages du peuple de l’eau qui habitent majoritairement dans Matam-commune, si le corps n’est toujours pas retrouvé, soit il est coincé dans les profondeurs des eaux par des troncs d’arbres. Et dans ce cas, il faudra plusieurs semaines encore pour le retrouver, quand l’eau va se retirer. Et si ce sont les génies du fleuve qui l’ont séquestré, il pourrait être retrouvé sain et sauf.

Les explications surnaturelles fournies semblent à priori peu plausibles. La maison de la famille du jeune garçon disparu refuse du monde, mais la mort du naufragé n’est pas encore acceptée, même si plus les jours passent, plus les espoirs s’étiolent.

Cet accident survenu dans les eaux du fleuve Sénégal remet au goût du jour la lancinante problématique du port obligatoire du gilet de sauvetage. Malheureusement, lors des traversées, les passagers minorent toujours le danger de faire le voyage maritime sans l’indispensable gilet de sauvetage

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Saphiétou Mbengue
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