Plus de 10 milliards dus aux meuniers : le pain, entre pénurie ou hausse du prix

Les meuniers du Sénégal sont montés au créneau pour tirer la sonnette d’alarme. En conférence de presse hier dans un hôtel de la place, Claude Demba Diop, président de l’Association de meuniers et industriels du Sénégal (Amis) a fait savoir que si l’Etat la dette de plus dix milliards due à leur secteur, le Sénégal risque de connaitre une pénurie suivie d’une augmentation du prix de pain, sans oublier les nombreux dégâts collatéraux.

Depuis l’éclatement du conflit armé Russo-Ukrainien en mars 2022, les coûts de référence du blé (325 euros la tonne) ayant permis la fixation du prix de la farine à 19 200 FCFA (le sac de 50kg) sont devenus obsolètes. Personne ne pouvant nier la flambée des prix du blé, l’État avait pris l’engagement de compenser dans la limite de 180 000 tonnes le surcoût supporté par les Meuniers industriels à compter du 1er mars», a d’emblée déclaré Claude Demba Diop, président de l’Association des meuniers et industriels du Sénégal (Amis).

Poursuivant, il rappelle qu’«il s’agissait alors de répondre à une préoccupation partagée 3 de stabiliser le prix du pain pour nos concitoyens sur une première période d’observation de trois mois. Cet engagement de prime à l’importation reposait sur une compensation du prix compris entre 325 à 500 euros la tonne et faisait partie du plan de soutien de 4 produits de premières nécessités pour la population sénégalaise : riz, sucre, huile et blé.»

A ce jour, dit-il, «ces dispositifs de subvention du pouvoir d’achat, voulu par l’État et que nous saluons, ont généré une dette de dix milliards neuf cent soixante-seize millions quatre cent trente et un mille Francs CFA (10.976.431.000 FCFA) au profit des Meuniers Industriels.» Il n’a pas manqué de faire savoir que «les meuniers Industriels avaient le 14 septembre 2021 alerté l’État, les acteurs de la filière et les consommateurs sur la situation résultant des cours mondiaux du blé, les fluctuations du dollar et du fret maritime. Comme nous le savons tous, l’arrêt volontaire de production de farine intervenu le 2 novembre 2021 procédait de l’impossibilité pour les Meuniers Industriels de continuer de vendre à perte sous le diktat d’un prix homologué en dessous des coûts de revient.»

Selon lui, «il aura fallu suite, à l’intervention du CNP, des engagements et assurances de l’État, à travers le Ministre des Finances et du Budget, pour une reprise d’activité des unités de production et de livraison de farine, le jeudi 11 novembre 2021. Il était convenu, avant l’entrée du nouveau prix homologué à 19 200 FCFA, que la différence soit compensée par l’État jusqu’au 21 décembre 2021 marquant la publication du nouvel arrêté sur le prix de la farine.» Il dit que «cette dette correspond à ce jour à 4.007.900.000 FCFA. A ce jour, les Meuniers Industriels sont en attente du paiement de cette dette permettant de répondre aux difficultés qui se sont accentuées sur le marché mondial des céréales.»

«Il est urgent que la dette soit payée…»

Sur la même lancée, Claude Demba Diop indique qu’«il est à présent urgent que la dette des Meuniers soit payée et que des solutions durables soient apportées à la crise qui perturbe la filière. Au moment où les coûts du blé ont dépassé 500 euros la tonne, il est illusoire de poursuivre une approche de subvention qui dans son mécanisme de dette publique accélère le péril des industries locales.»

Une occasion pour clamer que «si nous n’y prenons pas garde et si les engagements de paiement ne sont pas respectés, des industriels sénégalais seront dans l’incapacité financière de s’approvisionner dans un marché des céréales très capricieux. La baisse inéluctable des niveaux de production va créer une rareté de la farine qui va alimenter une spéculation et montée de prix dans la distribution. Dans tous les pays de la sous-région et du monde, les gouvernants ont réagi en appliquant la vérité des prix.»

A ses yeux, «si l’État du Sénégal fait le choix de la subvention à l’importation il est impératif d’apporter les ressources financières permettant d’approvisionner notre pays. A défaut, la cessation d’approvisionnement en blé risque de provoquer l’arrêt des unités de production. Il y va du sauvetage de l’industrie meunière mais au-delà, de la filière toute entière.»

S’adressant «à tous les partenaires économiques et gouvernementaux pour une véritable mesure des enjeux», M. Diop de faire remarquer qu’«il est attendu un remboursement des avances 4.007.900.000 FCFA de 2021 et de 10.976.431.000 FCFA réalisées à la date du 23 mai 2022 pour le compte de l’État.»

Une manière de faire comprendre que «par ce procédé, nous assurerons à nos concitoyens et partenaires un accès continu à la farine qui reste un produit de première nécessité et une production vitale pour tous. Par ce procédé, nous éviterons la baisse de production et pénurie dans les prochaines semaines au regard des difficultés d’approvisionnement en blé.»

Par ce procédé, persiste M. Diop, «nous pourrons éviter la spéculation à laquelle les boulangers pourraient être confrontés avec un prix dérégulé par les réalités du marché local. Les Meuniers Industriels constatent que le principe de la prime à l’importation du blé, qui exprime la volonté de l’État de soutenir les populations, a atteint ses limites et sont dans une forte attente de sauvetage durable de la filière.»

Le Vrai Journal

Dieyna SENE
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