M. Mesmin Koulet-Vickot, représentant résidant du FMI au Sénégal : « La croissance du Sénégal a été revue à la baisse de 5.5 à 5 »

En marge de la grande conférence économique organisée vendredi 3 juin 2022 par le Centre Africain d’Etudes Supérieures en Gestion (CESAG) et la représentation du Fonds Monétaire International (FMI) vous convient à une Grande conférence économique, M. Mesmin Koulet-Vickot, représentant résident du FMI au Sénégal estime que la croissance du Sénégal a été revue à la baisse de 5.5 à 5.

Rappelons que la conférence porte sur le thème : « Perspectives économiques régionales de l’Afrique Subsaharienne : un nouveau choc et une faible marge de manœuvre.
Selon M. Mesmin Koulet-Vickot, représentant résident du FMI au Sénégal, le FMI estime les besoins de relance post-Covid à 425 milliards de dollars pour l’Afrique.
Il estime que le FMI pour combler ce besoin de refinancement, a fait une allocation des DTS dont 23 milliards de dollars ont été alloués à l’Afrique subsaharienne. Il a tenu à préciser que le FMI aussi a grandement augmenté ces appuis financiers aux pays africains.
Il poursuit : « Je disais tout à l’heure l’exemple du Sénégal où, dans les deux ans, on a débloqué plus de 1 milliard de dollars pour aider le Sénégal à traverser cette période difficile, plus de 1 milliards de dollar, c’est de 600 milliards de F CFA. Donc le Fmi joue sa part pour alléger, atténuer l’impact de ces chocs sur les populations ».
Et le représentant résidant du FMI de rajouter : « Les prévisions économiques pour cette année, avec la guerre en Ukraine, nos prévisions pour l’Afrique subsaharienne, c’est de 3,8% alors que l’année dernière, c’était à 4%, donc il y a un ralentissement de la croissance mais il faut souligner que les risques restent orienter à la baisse puisqu’on vit dans un climat d’incertitudes, on ne sait pas encore tous les contours de la guerre en Ukraine. Au niveau de l’inflation en Afrique, on peut voire plus de 12% cette année. Au Sénégal, on est des chiffres autour de 5.5comparé à 2.2 l’année dernière. On est dans un contexte de forte pression inflationniste avec l’impact sur le pouvoir d’achat des ménages, de la population. La croissance du Sénégal a été revue à la baisse de 5.5 à 5, il y a toujours une croissance mais les plus faibles qu’initialement projetées en début d’année ».

Risque de surendettement des pays à faible revenu

« Au-delà de ça, vous avez aussi entendu parler des initiatives au niveau international que ça soit l’initiative de suspension de la dette et aussi le cas du Sommet de G20 qui sont des initiatives qui devraient permettre d’amortir le poids un peu de la dette qui a considérablement augmenté dans certains pays. Plus de la moitié des pays à faibles revenus sont sur le risque de surendettement élevé et certains pays ont carrément des niveaux de dette insoutenables, il faudrait restructurer », dira-t-il.
Il souligne qu’il y a eu des engagements de réallouer 100 milliards de dollars de DTS des pays avancés ou qui ont des positions extérieures fortes vers les pays à faible revenu, à travers différents mécanismes, dont le mécanisme faciliter les réductions du Fmi.

Toujours concernant le Sénégal, M. Mesmin Koulet-Vickot affirme : « Nous avons un programme avec le Sénégal, un programme pour confirmation de l’accord qui est en train d’être déroulé, on est à la deuxième revue de ce programme, c’est un programme avec financement, qui devait aussi permettre au Sénégal d’atténuer un peu l’impact de la crise en Ukraine sur l’économie. Et d’ailleurs le pays a sollicité une augmentation d’accès à ce fonds. Les allocations sont fonctions de la cote part de chaque pays dans le capital du FMI ».
Il explique que si l’Afrique subsahélienne a reçu 23 milliards de dollars, ces 23 milliards représentent la cote part de l’Afrique dans le capital du Fmi, donc, c’est la règle de distribution.

Augmentation de 10 points de pourcentage de l’endettement du Sénégal

« Il a fallu sauver des vies et sauver des moyens de subsistance de la population. A ce moment-là, les Etats ont dû faire une politique budgétaire expansive pour protéger ces populations, la tradition étant que l’endettement a augmenté. Je prends l’exemple du Sénégal, entre 2019et 2021, l’endettement a augmenté de 10 points de pourcentage du PIB mais c’est un endettement qui est justifié par le besoin de sauver des vies et de protéger les moyens de subsistance de la population. Maintenant ce choc intervient dans ce contexte, notre recommandation de politique économique, c’est de mieux cibler l’intervention de l’Etat, cibler envers les couches les plus vulnérables de la population qu’il faut protéger et de poursuivre les efforts en matière de mobilisation de recettes et d’efficience des dépenses publiques pour éviter le basculement à un risque de surendettement élevé du Sénégal et des autres pays africains de façon générale », renchérit M. Mesmin Koulet-Vickot.

Saër DIAL

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