Lutte contre la Covid-19 : les transports en commun, le goulot d’étranglement, le couvre-feu empire la situation

Près de deux semaines de couvre-feu, la situation de la pandémie de la Covid-19 est toujours alarmante : 56 décès enregistrés la semaine passée et l’on en compte encore 10 nouveaux hier. Ces chiffres ne sont pas surprenants quand on voit le scénario depuis l’annonce des mesures d’urgence prises par le chef de l’Etat pour contrecarrer la seconde vague.

Le souhait des autorités qui était de diminuer le contact entre les personnes en instaurant le couvre-feu de 18 heures à 21 heures risque de tomber à l’eau avec tout ce que l’on voit dans les transports. Même si le port de masque est bien respecté par bon nombre de citoyens sénégalais, la distanciation sociale n’est pas encore de mise. Les transports en commun semblent fouler au pied les directives que le ministre des Transports a annoncées dès le lendemain de la déclaration de l’Etat d’urgence par Macky Sall.

Interpelé par un policier de la circulation sur le dépassement du nombre de passagers dans un bus Tata, le chauffeur lui rétorque ceci : «je suis obligé de faire ça puisque toutes ces personnes devraient rentrer chez eux avant 21 heures».

En effet, la situation est encore pire depuis que le couvre-feu a été réinstauré. Dans les Bus Tata, «car rapide », «Ndiaga Ndiaye»… il n’y a pas de règles. Les passagers prennent le risque de se frotter les uns contre les autres car il faut coûte que coûte rentrer avant le couvre-feu.

«On veut éviter la maladie mais à ce rythme, la situation sera difficile à gérer ; c’est le sauve qui peut avant 21 heures parce qu’on ne veut pas violer le couvre-feu qui, je pense, ne règle pas vraiment grand-chose», a indiqué Souleymane Dieng, un jeune banlieusard.

Ce jeune informaticien est obligé de marcher des kilomètres pour éviter les embouteillages et les bus bondés de monde. «C’est un effort inutile parce que même si tu prends un bus bien aéré, il faut deux ou trois arrêts partant de l’Université Cheikh Anta Diop pour que le bus se trouve hyper plein. Les usagers veulent occuper le moindre mètre carré disponible, et nous sommes obligés de faire avec. Et bien sûr les chauffeurs insistent pour entasser les gens dedans parce que tout le monde doit arriver à temps», dit-il.

Embouchant la même trompette, Oumou Kalsoum, technicienne dans une entreprise située sur la Vdn, fait le même constat. Pour éviter les tracas, elle compte sur un ami possédant une moto pour lui réduire le trajet.

Habitant en banlieue, à Pikine, la zone est enclavée pour trouver un bus sur ce trajet. «Il me dépose à liberté 6 pour que je puisse prendre la ligne 31 qui se trouve déjà bondée. Je suis obligée de le prendre malgré le fait qu’on soit entassé comme des sardines», avoue-t-elle.

Le pire, regrette la jeune technicienne, c’est que les voleurs de plaisir en profitent.

Selon Oumou Baldé, les autorités doivent lever le couvre-feu. «Cela est en train d’empirer la situation.

Entre les embouteillages monstres et le déficit des moyens de transport, c’est la course contre la montre ; si vous ne prenez pas le premier bus qui arrive, vous risquez de marcher pour rentrer», s’explique-t-elle.

Pour Oumou Kalsoum, le couvre-feu expose davantage les populations à la contamination parce que, dans les bus ou autres transports en commun, il est impossible d’éviter les contacts. «La situation dans les transports risque de faire hausser encore plus les cas de covid», a déclaré Oumou Kalsoum.

Lii quotidien

Oumou Khaïry NDIAYE
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