Litige Foncier à Sédhiou : après Dingler, Le feu couve à Sinkère Bouthie !

Après ndingler, un autre dossier foncier se signale dans la commune de Djiredj dans le département de Sédhiou en Casamance. Les familles Diandy 1 et 2, Biaye, Maria, Kora et Danfa, réunies autour d’un collectif, réclament leurs terres à Mamadou Lamine Keita, actuel maire de Bignona et ancien ministre de la Jeunesse, dans le gouvernement de Cheikh Hadjibou Soumaré, sous le régime du président Me Abdoulaye Wade.

Le début de cette histoire remonte en 2011 quand Monsieur Mamadou Lamine Keita, alors ministre, est venu, selon nos sources, demander des terres au niveau de son village d’origine parce que le président Wade avait demandé à ses ministres de retourner dans leurs villages pour cultiver la terre et rendre effectif la Grande Offensive Agricole pour la Nourriture et l’Abondance (GOANA).

Alors s’est tenue une réunion entre Mamadou Lamine Keita et les villageois. Selon eux, l’ex-ministre de Wade avait promis des emplois pour les jeunes et d’autres retombées pour les villageois. Joint au téléphone, pour en avoir le cœur net sur un procès-verbal de cette rencontre, l’actuel chef de village, Abdoulaye Dana, le sous-préfet et le préfet de Sédhiou, soutiennent ne pas trouver un dit document.

L’accord entre Keita est les villageois était verbal. C’est ainsi, que le Conseil communal a procédé, en 2012, à une délibération pour octroyer dans le cadre de son projet agricole 185 hectares. D’ailleurs, la délibération pose un problème au niveau de certaines familles qui disent ne pas être au courant.

Pire, la commission domaniale de la commune de Djiredj a discuté avec feu Mody Djité, feu Landian Danfa et Mor Kéba Ndiaye qui, toujours selon les villageois, n’avaient même pas de terre sur le site aujourd’hui en litige.

Toujours selon nos sources, un travail de défrichage était entamé par l’ancien ministre pour ensuite être arrêté. Ce qui fait que de 2012 à 2020, aucune exploitation n’a vu le jour sur ces terres. Ce n’est qu’entre les mois d’octobre et de septembre 2020 que l’ancien ministre de Wade a introduit et obtenu une autorisation de défrichement au niveau du Conseil départemental de Sédhiou.

Mis au courant, les familles autour du Collectif ont élevé leurs voix pour réclamer leurs terres. «Ces familles toujours établies dans le village de Sinkère Bouthie dont leurs grands-parents les ont laissé comme héritage ces terres se trouvent désemparées par cette situation qui porterait atteinte à leur activité principale qu’est l’agriculture», ont-elles contestée, à travers une correspondance, datée du mois d’avril 2021, déposée sur les tables du maire de la commune de Djiredj, du Gouverneur, du Préfet de Sédhiou et du Sous-préfet de l’Arrondissement de Djiredj. Et de pointer : «C’est pourquoi ces familles, réunies en collectif contestent cet acte de délibération et demande son annulation afin de leur permettre de retrouver leur propriété et de poursuivre l’activité qu’elles exerçaient depuis des années». La famille Diandy réclame 7,5 ha, celle Maria court derrière 7 ha et les autres familles n’ont pas encore mesuré l’étendue de leurs terres.

Le sous-préfet de Sédhiou prend une mesure conservatoire en suspendant provisoirement les travaux…

Face à cet imbroglio, l’administration territoriale est entrée en jeu pour éviter tout affrontement au niveau de la localité entre les paysans et les travailleurs de Mamadou Lamine Keita. Quid d’une certaine tension notée entre les populations, selon le chef de village, Abdoulaye Danfa, qui pourrait mettre le feu aux poudres ?

Tous les travaux sur ces terres ont été suspendus provisoirement par les autorités administratives locales pour mener des investigations sur la légalité des uns et des autres. Aucune clause écrite entre les populations et Mamadou Lamine Keita n’a été retrouvée et la vérification faite sur l’exploitation des terres a montré que rien n’a été fait depuis près d’une quinzaine d’années sur les terres et aucun titre de propriété n’a été établi. Pour faire parler la paix, le sous-préfet de Djérid a organisé trois rencontres entre les deux camps en conflit pour trouver une solution.

Ce n’est qu’à la troisième rencontre que Mamadou Lamine Keita s’est présenté. Aucun consensus n’a été trouvé. Pour Abdoulaye Danfa, les discussions vont se poursuivre «pour trouver une solution définitive à ce problème», malgré la position figée des uns et des autres.

Mais entre-temps, seule la délibération faite par la commune de Djiredj fait foi et elle rejetée, au moment où nous écrivons ces lignes, par le Collectif. D’ailleurs, sur les 185 ha, seuls près de 55 ha ont été déchiffrés. Les questions qui se posent sont de savoir si, en 2012, la commission domaniale de Djiredj avait réellement fait une bonne mesure de la surface in­diquée sur l’acte de délibération.

Parce qu’entre 55 et 185 ha, il y a toute une bande de terre ! Qu’est-ce qui explique la non-annulation de la délibération du moment où durant plus de 10 ans, le projet agricole en question n’a pas été réalisé ? La voie juridique est-elle possible pour ces familles de retrouver leurs terres ou Mamadou Lamine Keita de les garder ?

Mamadou Lamine Keita : «ma famille m’a attribué ces terres dans une zone qui appartenait traditionnellement à elle»

Le maire de Bignona, originaire du village de Sinkère Bouthie, voit un «chantage» dans ce dossier. Joint au téléphone et par sms, Mamadou Lamine Keita de préciser dans cette affaire : «Voulant me lancer dans l’agriculture, j’ai demandé à ma famille des terres. Celle-ci m’a attribué des Ha dans une zone qui appartenait traditionnellement à elle mais qui n’avaient jamais été cultivée. J’ai adressé une demande d’attribution en 2012 à la collectivité locale qui me l’a attribuée avec approbation de l’autorité administrative. J’ai commencé à mettre en valeur progressivement».

L’ancien ministre de poursuivre : «Ce sont des jeunes du village qui y travaillent y compris ceux des familles des deux personnes citées (Ablaye Danfa et Vieux Diandy, Ndlr). Jamais personne n’a rien dit. Un des individus que vous avez cités était mon chef de chantier. Ce sont eux qui supervisaient mes travaux. L’autre précision est que le site n’ayant jamais été cultivé avant moi, personne ne peut dire y tirer ses moyens de subsistance. Une question pour terminer, pourquoi attendre presque dix ans après pour s’agiter ?» Poursuivant Keita de marteler : «Il s’agit de deux personnes et non de deux familles car tout le village m’accompagne dans ce projet. Vous comprendrez que celui qui supervisait vos travaux si vous l’écarter pour des raisons objectives, tente de vous faire du chantage mais nous sommes tous du même village, cela ne passera pas».

24 heures

Pape Ismaïla CAMARA
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