L’enseignement des sciences à l’air du numérique, le Sénégal en retard (Fallou Dia, commission numérique Moncap)

Au regard de notre trajectoire historique, l’éducation et la formation ont occupé une place prépondérante dans l’évolution de la société sénégalaise. Dès le 8ème siécle, les rives du Fouta Toro concentre l’essentiel de l’enseignement religieux axé sur la théologie musulmane. Les premiers lettrés sénégalais à l’instar de Wardiaby Ndiaye ont cultivé leur intellectualisme par le concours de l’écriture arabe et les cercles d’apprentissages appelés daaras(écoles). Au 17 iéme siécle, l’université de «Pir sagnoxor» fondé par le savant khaly Amar Fall est le théâtre d’enseignement de l’astronomie, des mathématiques et des sciences religieuses livresque. Il ne serait pas exagéré de mentionner que les « Daaras » sont les portes étendard du système éducatif jusqu’à l’avènement du colonialisme.

Entendons nous bien, le colonialisme est intrinsèquement pervers. Cependant, il a le mérite d’avoir apporté l’école moderne qui est la matrice de formation des futurs cadres des années 60. Au début des indépendances, l’éducation occupe l’épicentre des préoccupations politiques avec un enseignement rythmé par une prédominance des matières littéraires et un apprentissage limité des sciences et technologies. Ce système reste inchangé de Senghor à Abdoulaye Wade.

Au baccalauréat 2022, le Sénégal compte 123 988 candidats littéraires contre 24 298 candidats scientifiques, soit 16,38% de scientifiques contre 83,62% de littéraire. Ce rapport radicalement disproportionné est susceptible de faire peur. Il esquisse le pas de l’interrogation sur notre réelle volonté de développement. À l’air du METAVERSE, de l’intelligence artificielle et la conquête spatiale, le système éducatif sénégalais nous envoie un signal de détresse sur la déprédation de l’enseignement des sciences.

Il serait simpliste de considérer que la jeunesse se délecte des séries scientifiques en raison d’un manque de sagacité intellectuelle et d’une paresse chronique. Cette allégation me semble mal à propos, l’épicentre du problème réside dans le contenu éducatif périmé, d’un mécanisme d’enseignement anachronique et des moyens éducatif dérisoire. Quelle que soit l’habilité de l’enseignant, la craie et le tableau noir sont des outils trop rudimentaire pour enseigner des sciences aussi complexes que la biologie, la chimie et la physique. L’heure est à l’urgence de créer une génération de scientifique susceptible de relever les défit du développement.

La connaissance des causes fait parti du processus de solutionnement des problèmes. La cause principale de la pauvreté, c’est le chômage de masse liée à une formation inadapté au monde du travail du 21 iéme siècle. Il convient de souligner que l’introduction des technologies numériques dans le système éducatif pourrait renverser la tendance et inciter les jeunes à s’intéresser davantage aux séries scientifique. Le numérique offre une pléthore de logiciel et de matériel destinée à l’éducation à l’instar des outils de « e- learning », des tablettes, la réalité virtuelle , la programmation graphique, la téléécole permettant un meilleur enseignement des sciences. Cette réforme à des préalables nécessaires pour sa réussite.

Il s’agira d’organiser les états généraux de l’enseignement des sciences par les

technologies au Sénégal. L’heure serait au rendez-vous de mettre à contribution les principaux acteurs à savoir les enseignants, les élèves, les directeurs , les agents de l’éducation, les entreprises et surtout intégrer les réalités économiques du Sénégal. Il faut inscrire au menu du rendez-vous la constitution d’un contenu scientifique répondant aux besoins de notre époque, le choix d’outils numériques servant de support d’enseignement et la formation des acteurs de l’éducation.

Il serait mal habile d’entreprendre des réformes sans s’inspirer des expériences réussis des autres nations. Le cas du Rwanda mérite une attention particulière, son projet «KIC»(Kigali inovation city) évalué à 163 Milliards FCFA (3 fois plus que le parc des technologies numérique de Diamniadio) destiné à construire une cité de l’innovation qui regroupe des universités locales connectées aux universités américaines, des laboratoires de recherches, des entreprises privées locales et étrangères.

Bien entendu, le soubassement d’une telle réussite technologique repose sur l’apprentissage des sciences dès l’école élémentaire. Kigali est à l’initiative du « STEM » (Science Technologie Engineer Mathematic) , ce projet vise à inculquer les sciences et technique aux enfants par l’apprentissage de la robotique, de la programmation graphique et des mathématiques. Le fond d’innovation est évalué à 100 millions d’euros soit 65 milliards de FCFA. Au regard des moyens mobilisés pour l’enseignement des sciences, il est normal que le pays devient un hub technologique avec l’émergence d’entreprise d’assemblage d’ordinateur. Les smartphones Mara X sont fabriqués par la société rwandaise Mara Group, il s’agit du premier smartphone 100% africain. Le 27 juin 2018, Kigali venait de flatter la fierté africaine avec l’installation d’une usine d’assemblage de véhicule Volkswagen.

Comparer au Rwanda, le Sénégal est à l’enfance du développement scientifique et technologique, Il serait important de reconnaître que des efforts ont été consenti par le gouvernement sénégalais. Le Système d’Information et de Ménagement de l’Éducation National est un projet visant à inclure le numérique dans l’enseignement. Les cours en ligne, la téléécole constitue une révolution dans l’éducation. En à croire le ministre sénégalais de l’Éducation, le gouvernement du Sénégal a contribué à hauteur de 2 milliards 200 millions de FCFA pour l’acquisition de matériel informatique en vue de digitaliser l’enseignement en 2022.

Nonobstant son retard remarquable, il est plausible de mentionner que le Sénégal dispose d’un grand capital scientifique dans sa diaspora. Ce levier pourrait impulser une nouvelle dynamique dans l’apprentissage des sciences et techniques par l’élaboration, la mise en place de programmes numérique susceptible de faciliter l’enseignement des sciences. Cependant, force est de constater que cette perspective est suspendue à la corde de la volonté du gouvernement de Macky Sall. Cette corde est trop fragile pour porter un quelconque changement.

Fallou Dia, commission numérique

Mouvement National des Cadres Patriotes-MONCAP

Oumou Khaïry NDIAYE
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