Infos hebdomadaires de de Transparency International : Donner une chance à la paix

Il y a deux ans cette semaine, l’armée a lancé un coup d’État au Myanmar, arrachant le contrôle aux dirigeants civils et augmentant la violence et les violations des droits de l’homme dans le pays. La junte qui a renversé le gouvernement élu a cherché à garder le contrôle en attaquant les militants pro-démocratie et toute opposition.

Sans surprise, le régime a également été miné par la corruption. L’un des principaux moyens par lesquels ce petit groupe de chefs militaires a consolidé son pouvoir est l’entreprise publique Myanma Oil and Gas Enterprise (MOGE), qui a été accusée de blanchiment d’argent et de corruption. Le MOGE fournit à la junte des milliards de dollars chaque année, qui financent sa campagne brutale contre ceux qui élèvent la voix.

Malheureusement, le Myanmar est un exemple de la façon dont la corruption, les conflits et la sécurité sont profondément liés. Depuis le coup d’État, le Myanmar a perdu cinq points à 23 sur 100 dans l’indice de perception de la corruption (IPC) de Transparency International.

Publié cette semaine, l’IPC 2022 analyse comment la corruption crée des conditions dans lesquelles les conflits sont plus susceptibles de se produire en favorisant la division entre différents groupes et en érodant l’État de droit.

Au Mali (score IPC : 28), qui a perdu sept points depuis 2015, les divisions à l’origine de la violence ont été renforcées par des années de mauvaise gestion des ressources et d’indifférence face au sort de certains groupes de la société malienne. Les groupes terroristes exacerbent la situation, se montrant habiles à exploiter les griefs qui découlent en grande partie de la corruption.

Dans le même temps, la corruption peut affaiblir les institutions mêmes censées protéger le public et faire respecter l’État de droit. Prenez par exemple le Honduras (23) – où la police ferme les yeux sur les activités criminelles, du trafic d’êtres humains au trafic de drogue ou d’armes – ou le Guatemala (24), où l’État cible activement les fonctionnaires qui tentent d’enquêter sur la corruption.

Plus préoccupant encore est le dénominateur commun parmi les pays les moins bien notés dans l’IPC : la Somalie (12), la Syrie (13) et le Soudan du Sud (13). Ces pays sont parmi les nations les moins pacifiques selon le Global Peace Index. Ils ont été ravagés par des années de violence et de guerre, qui ont éradiqué les ressources et rendu les gouvernements incapables de lutter contre la corruption. La corruption se nourrit des conflits, créant un cercle vicieux qui finit par devenir un obstacle pour parvenir à la paix.

Les dirigeants politiques doivent reconnaître la grave menace que la corruption fait peser sur la paix et la sécurité si l’on veut rompre le cycle.

Momar Diack SECK
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