IMMIGRATION IRREGULIERE : Une plaie béante difficile à panser

La saignée est réelle. Ils partent. Oui, ils partent. A l’instant où vous lisez entre ces lignes, ils partent et continuent de partir. Nul ne peut les arrêter. Ce sont des centaines de milliers de jeunes du monde qui partent à la recherche du « mieux-être ». Ils bravent les houles dangereuses des océans, la chaleur et la soif des déserts, les fauves dangereux des forêts de l’Amérique Latine et le froid glacial des montagnes pour rallier l’Europe, les Etats Unis d’Amérique ou les pays émergents de l’Asie.

Pourtant, ils le font au prix de leurs vies. Une fois arrivés dans leurs « eldorados », les conditions de travail de ces immigrés d’Afrique, d’Asie et d’Amérique du Sud sont parfois inhumaines. Très mal payés parce qu’ils travaillent dans la clandestinité, nos semblables vivent dans des conditions déplorables qui piétinent la dignité humaine au vu et au su de tous. Malgré ces risques énormes, ils partent et continuent de partir. Et les chiffres font peur.

Entre le 1er janvier et le 31 octobre 2023 plus de 30 000 migrants sont arrivés dans les Iles Canaries en Espagne.
Aux Etats-Unis d’Amérique, « la police des frontières américaines a arrêté au moins 91 000 migrants qui traversaient en groupes familiaux, “dépassant le précédent record mensuel, établi en mai 2019, sous l’administration Trump”. Au total, la police des frontières a effectué 177 000 arrestations le mois dernier (août), beaucoup plus que les deux mois précédents, où leur nombre avait nettement chuté. », nous apprend The Washington Post en septembre 2023. Ailleurs, mais toujours avec l’émigration clandestine, les frontières grecques ont reçu 11 470 arrivées au mois de septembre 2023.

Si certains ont eu la chance d’atteindre leurs eldorados, malheureusement ce n’est pas le cas pour d’autres. Ces derniers ont aujourd’hui eu comme dernières demeures les plages, les jungles, les vallées, les plaines, les déserts et les sommets enneigés des montagnes.
En hommage à Tourad, Daouda, Patrice, Hamid, Sidy, Alpha, Ronaldo, Bocar, Jean, Bachir, Fatim, Antoinette, Modou, Kouadio, Koffi, Joachim, Ablaye, Vladimir, Mollah, Cristiano, Niokhor qui sont enterrés le long des plages de l’Atlantique, du Pacifique, de la Méditerranée, dans les déserts du Sahara, du Ténéré, de l’Arabie, du Kalahari ou dans les forêts de l’Amazonie, je lance un appel à nos dirigeants respectifs afin que cette plaie béante soit pansée.

Comment la soigner ? Certes, trouver une réponse à cette lésion maligne ne sera pas facile, mais reconnaissons que les solutions existent. A mon humble avis, il se fera par un développement du secteur primaire et une industrialisation de nos pays.

Pourquoi une industrialisation vous me direz ? En effet, l’industrialisation est un vecteur de création d’emplois. Elle permet de transformer et de valoriser nos matières premières provenant du secteur primaire ou celui des mines dans nos différentes régions.
Au-delà de la création d’emplois qui fixe les jeunes, l’industrialisation permet de limiter les sorties de devises. Elle peut également constituer une réponse à l’exode rural à travers le développement du secteur primaire. Toutefois, elle doit obéir à l’équité territoriale afin d’éviter d’appauvrir certaines zones et pousser les habitants à partir gagner leur vie ailleurs.
A nos décideurs, une industrialisation organisée en tenant compte de la spécificité des zones de production permettra de panser cette plaie béante longtemps incurable.

Talibouya AIDARA
Journaliste/communicant
Email : aidara.or.t@gmail.com

Saër DIAL

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