Guinée-Bissau: le gouvernement du Premier ministre nommé par Sissoco Embalo investi

Malgré le rappel à l’ordre de la CEDEAO, qui a indiqué qu’elle refusait de reconnaître « des organes créés et installés en dehors des cadres constitutionnels et légaux », le gouvernement du Premier ministre Nuno Gomès Nabiam, nommé par Umaro Sissoco Embalo, a été investi, ce lundi 2 mars, au palais présidentiel.

Dix-neuf ministères, treize secrétariats d’Etat… Le gouvernement de Nuno Gomès Nabiam a prêté serment dans la soirée au palais présidentiel, en présence de toute la haute hiérarchie militaire. Cérémonie protocolaire, à peine perturbée par une coupure de courant. Le Premier ministre nommé a présenté ses priorités : sécurité, éducation, services sociaux, même si aucun ministre n’a été nommé au portefeuille de la Santé.

Dans les discours, pas un mot sur le communiqué de la Cédéao, qui sonne pourtant comme un désaveu pour Umaro Sissoco Embalo. L’organisation ouest-africaine appelle à mettre fin à l’ « anarchie dans le pays », et s’inquiète de « l’immixtion des forces de défense et de sécurité dans la sphère politique ».

Mamadu Serifo Djaquité, nommé porte-parole du gouvernement, minimise. « La Cédéao est en train de faire ce qui est sous sa responsabilité. Et nous aussi nous sommes là pour pouvoir nous engager avec fermeté pour discuter avec la Cédéao d’une façon très claire. »

Cette cérémonie d’investiture lundi soir est donc une fin de non-recevoir adressée à ses détracteurs par Umaro Sissoco Embalo. « Illégal » et « anticonstitutionnel » pour le PAIGC. Les nouveaux ministres devraient s’installer dès ce mardi dans au palais du gouvernement, toujours contrôlé par les militaires.

La position de la CEDEAO

La Guinée Bissau a donc désormais deux gouvernements, malgré le communiqué de la Cédéao, dont la position dans ce bras de fer qui s’enlise pose question. Car le communiqué de ce lundi est beaucoup plus ferme que le précédent, publié samedi dernier. L’organisation exprimait alors simplement sa « très grande préoccupation », et appelait à la « coopération » entre la Cour suprême et la Commission nationale des élections.

La CEDEAO, médiatrice dans le pays, avait pourtant tapé du poing sur la table avant l’élection présidentielle de fin 2019, en soutenant fermement le Premier ministre Aristide Gomes – déjà limogé fin octobre par le président sortant José Mario Vaz – et menaçant de sanctions tous ceux qui gêneraient le processus électoral.

Entre les deux tours, le message était très clair : pas question de tolérer un nouveau coup d’Etat en Guinée Bissau. La CEDEAO évoque alors une possible intervention de l’Ecomib, la force en attente ouest-africaine dans le pays.

Mais depuis, la position de l’organisation a été plus ambiguë. Dans un communiqué du 22 janvier, elle évoque des résultats « définitifs », et « prend acte » de la victoire d’Umaro Sissoco Embalo. Etait-ce une volonté de clore le dossier, dans une situation qui a créé un vide ? Cela illustre en tout cas des tensions internes à l’organisation : le Sénégal le week-end dernier a de nouveau « félicité » Umaro Sissoco Embalo.

Source RFI

Saphiétou Mbengue
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