Dr Bocar Niang, lauréat 2021 du Prix John-Bullen, accordé à la meilleure thèse de doctorat complétée dans une université canadienne et portant sur tout domaine de spécialisation en histoire. Dr Niang est professeur en histoire à l’Université Sherbrooke,
Dr Niang a effectué sa thèse sous la direction Pr Alpha Ousmane Barry (Université Michel de Montaigne Bordeaux III) et du Pr Pape Dramé professeur titulaire, chercheur et spécialiste en histoire coloniale et de la décolonisation en Afrique au département d’histoire de l’Université Sherbrooke.
L’étude de Bocar Niang sur la diffusion de masse est une réflexion importante sur le rôle dominant de ce média dans la construction de l’autorité de l’État et de l’idéologie officielle de la négritude dans l’histoire du Sénégal et de l’Afrique de l’Ouest. Depuis l’introduction de la radio en 1939 par la France, en passant par les indépendances, jusqu’aux années 1970 où se développe le socialisme africain, la radio a été un outil stratégique essentiel dans le développement de la vie politique du pays et dans l’affirmation de l’autorité de la puissance existante. Cependant, comme le démontre Niang dans le cas du Sénégal, la propagande a une trajectoire particulière et a subi des transformations importantes. Dans le contexte postcolonial, où l’idéologie officielle privilégie l’oralité et l’usage des langues nationales, le rôle de la radio va au-delà de la propagande, et Niang démontre de manière convaincante que la radio avait plusieurs fonctions dans la formation de l’opinion publique.
A travers une étude détaillée des archives sonores de la Radio-Télévision du Sénégal (RTS), des archives de l’Association colonies-sciences à la Bibliothèque Nationale de France, de plusieurs journaux, et à l’aide de nombreux entretiens oraux menés avec d’anciens animateurs de la première radio franco-africaine, Niang offre un nouveau regard sur le rôle joué par les médias dans la politique postcoloniale. Son intervention dans l’histoire de la négritude offre un regard novateur sur le développement de l’idéologie postcoloniale et sur la révolution culturelle de l’Afrique noire. Sa thèse est stimulante et provocatrice à plusieurs égards. Située à l’ère du mouvement Black Lives Matter, cette thèse démontre l’intersectionnalité importante de la critique politique, culturelle et intellectuelle dans le rejet et la contestation de l’assimilation culturelle.
Cette thèse clairement écrite apporte une contribution importante à l’historiographie du Sénégal et de l’Afrique française ainsi qu’aux études postcoloniales. Il s’agit d’un modèle de thèse exceptionnel et a donc été considéré comme la thèse de doctorat la plus méritante pour le prix John Bullen en 2020.