Dossier spécial Banque Mondiale : L’impact de la guerre en Ukraine sur les marchés des produits de base

Dans son dossier spécial, le rapport analyse de façon approfondie l’impact de la guerre sur les marchés des produits de base et la manière dont ces marchés ont réagi à des chocs analogues par le passé. Il ressort de cette analyse que les répercussions de la guerre pourraient être plus durables que celles des chocs précédents, et ce pour au moins deux raisons.

Premièrement, il est moins facile aujourd’hui de remplacer les produits énergétiques les plus affectés par d’autres sources fossiles, car les augmentations de prix ont été généralisées à tous les combustibles. Deuxièmement, par un effet boule de neige, la hausse des cours de certains produits de base entraîne d’autres augmentations : les prix élevés du gaz naturel ont ainsi fait grimper ceux des engrais, ce qui a exercé une pression à la hausse sur les prix agricoles. En outre, les réponses politiques ont jusqu’à présent privilégié les réductions d’impôts et les subventions — qui aggravent souvent les insuffisances de l’offre et les pressions sur les prix —, au détriment de mesures à long terme visant à réduire la demande et à favoriser d’autres sources d’approvisionnement.

La guerre induit en outre des circuits commerciaux plus coûteux qui risquent d’entraîner une inflation plus durable et une réorientation majeure des échanges sur le marché de l’énergie. Par exemple, certains pays cherchent désormais à s’approvisionner en charbon depuis des régions plus éloignées.

Parallèlement, certains grands consommateurs de charbon pourraient accroître leurs importations en provenance de Russie tout en réduisant la demande envers d’autres exportateurs importants. Le rapport souligne qu’une telle réorientation sera probablement plus onéreuse, car elle implique de plus grandes distances de transport, or le charbon est encombrant et coûteux à transporter. Enfin, des évolutions de même ordre se produisent pour le gaz naturel et le pétrole.

À court terme, la hausse des prix menace de perturber ou de retarder la transition vers des formes d’énergie plus propres. Plusieurs pays ont en effet annoncé leur intention d’augmenter la production de combustibles fossiles. Les prix élevés des métaux font également grimper le coût des énergies renouvelables qui dépendent par exemple de l’aluminium et du nickel pour les batteries.

Le rapport exhorte les responsables politiques à agir rapidement pour minimiser les dommages causés tant à leurs concitoyens qu’à l’économie mondiale. Il préconise de recourir à des dispositifs de protection sociale ciblés, tels que les transferts en espèces, les programmes de repas scolaires et les chantiers de travaux publics, plutôt qu’à des subventions aux denrées alimentaires et aux carburants. Une priorité essentielle devrait être d’investir dans l’efficacité énergétique, y compris la modernisation des bâtiments. Enfin, le rapport invite également les pays à accélérer le développement de sources d’énergie neutres en carbone, à l’image des énergies renouvelables

Momar Diack SECK
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