Corruption : comment le Cameroun a perdu 44 milliards FCFA en 2021

En 2021, le Cameroun figurait à la 35e place sur 54, dans le classement des pays africains, selon l’indice de perception de la corruption de l’ONG Transparency International.  Selon le dernier rapport sur l’état de la lutte contre la corruption au Cameroun en 2021 dévoilé le 10 novembre dernier par la Commission nationale anti-corruption (Conac), la corruption a fait perdre 43,947 milliards FCFA (69,7 millions $) au pays l’année dernière. Soit une hausse de 26,3 milliards FCFA par rapport à 2020.

Ce montant a été établi au terme des missions d’investigations de la Conac, des débets du Conseil de discipline budgétaire et financière (Cdbf) chargé de la sanction des responsabilités des ordonnateurs et gestionnaires des crédits publics et des entreprises publiques, ainsi que des décisions du Tribunal criminel spécial (TCS), juridiction créée en 2011, chargée notamment de réprimer les infractions de détournements de deniers publics lorsque le préjudice atteint un montant minimum de 50 millions FCFA.

« Le rassemblement des preuves de corruption s’est fait soit au terme des dénonciations reçues à la Conac, soit au terme des investigations, des enquêtes et des missions de contrôle ou d’interventions rapides sur le terrain », peut-on lire dans ce 11e rapport consulté par Stopblablacam. La Conac déclare avoir reçu, en 2021, 6 705 dénonciations (contre 16 067 en 2020) provenant de toutes les régions du pays et de l’étranger, mené 16 actions par voie d’interventions rapides (contre 19 en 2020) pour divers cas d’arnaque et de corruption et conduit six missions d’enquête sur le terrain (contre 2 en 2020).

Ainsi, au terme des enquêtes clôturées par la Conac l’année dernière, le préjudice financier subi par l’État se chiffre dans l’ensemble à 24,801 milliards FCFA, dont 24,249 milliards FCFA imputables à la Société de recouvrement des créances du Cameroun (SRC) épinglée pour diverses « irrégularités » entre 2011 et 2014. Le Cdbf a pris 24 décisions concernant des responsables ou d’anciens responsables des administrations publiques au cours de cette année-là. Sur les 24 personnes mises en cause devant cette juridiction, huit ont été reconnues coupables et ont écopé d’amendes spéciales d’un montant total de 8,800 millions FCFA.

Monnayage de signature

« Certains de ces responsables ont été mis en débet pour un montant total de 600 844 610 FCFA représentant le préjudice financier subi par l’État du Cameroun dans ces affaires », apprend-on. De son côté, le TCS a rendu 17 arrêts définitifs pour des affaires relatives à l’infraction de détournement de biens publics et 37 personnes ont été déclarées coupables. Le montant total du préjudice financier subi par l’État ici s’élève à 18,545 milliards FCFA, selon le rapport. Le document révèle que l’administration territoriale arrive en tête des onze secteurs les plus dénoncés en 2021.

Les usagers dénoncent notamment le monnayage de la signature des sous-préfets et préfets alors que le service public est gratuit, l’extorsion de fonds par les maires ou encore l’exigence d’appui financier et matériel aux administrés lors des descentes sur le terrain des commissions de constats et d’évaluation.

La santé referme ce top 11 des secteurs les plus corrompus. Corruption dans l’établissement des résultats du test Covid-19, arnaque dans l’établissement des certificats médicaux, rançonnement et détournement des malades et vente illicite de médicaments sont, entre autres, les maux reprochés à ce secteur.

 

Ecofin

Pape Ismaïla CAMARA
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