En direction de l’installation de la quatorzième législature prévue ce 12 septembre, la coalition Yewwi Askan-Wi fait face à des candidatures pour différents postes dont celui de président de l’Assemblée nationale. Sauf qu’ils sont plusieurs à avoir été élus maire, puis député et à vouloir garder leur double casquette malgré la charte de Yewwi qui interdit le cumul des mandats. Face à ce choc des ambitions, la coalition pourra-t-elle échapper à l’implosion ?

Avec des résultats qui ont fini de mettre en évidence des coalitions comme Yewwi Askan-Wi et Wallù Sénégal, l’opposition tient à marquer son territoire dans la prochaine Assemblée. Laquelle sera installée ce 12 septembre.

Pour ce faire, au sein de la principale coalition de l’opposition, en l’occurrence Yewwi Askan-wi, la convoitise autour des postes a fini de montrer quelques fissures dans les rangs. Et ce, d’autant que de hauts postes de responsabilité leur tendent les bras au vu de la configuration de cette quatorzième législature.

A ce propos, le poste de président de l’Assemblée nationale intéresse certains membres de Yewwi. D’ailleurs, quelques-uns parmi les élus de Yewwi ont déjà fait connaître leurs prétentions et tiennent absolument à s’imposer pour occuper le Perchoir. C’est le cas de Barthélemy Dias tout comme d’Ahmed Aïdara qui veulent absolument, tout en restant maires respectivement de Dakar et de Guédiawaye, occuper la présidence de la future Assemblée. Ce qui n’est pas sans risque pour la stabilité de la coalition Yewwi.

Sonko, Barth, Abass Fall : le jeu de calculs

Avec la majorité très étriquée de la coalition Benno Bokk Yakaar, tout peut arriver, si l’on sait que le vote est secret. D’où l’ambition affichée d’un Barthélémy Dias pour le perchoir. Elu récemment maire de Dakar, il ne rêve ni plus ni moins que de marcher sur les traces du défunt maire emblématique de la capitale, Mamadou Diop, ainsi que de Pape Diop.

Ces deux ont marqué les esprits pour avoir été à la fois député et maire de Dakar. C’est ce rêve que caresse Barthélémy Dias dont l’ambition pourrait tout de même se heurter à la charte de Yewwi qui interdit le cumul des mandats. Quand bien même, il se montre très favorable à la candidature de Barth pour la présidence de l’Assemblée, la position sur la question n’est pas sans calcul.

Et pour cause, dans l’entendement du leader de Pastef « Les Patriotes », si Barth tient à trôner à la présidence de l’Assemblée, c’est qu’il doit être disposé à se passer de son écharpe de maire de Dakar. En conformité avec les dispositions de la charte de Yewwi. Ce qui ouvrirait ainsi la voix à son premier adjoint et responsable départemental de Pastef à Dakar, Abass Fall. Lequel pourra ainsi se hisser allègrement à la tête de la ville de Dakar. Sauf que Barth ne l’entend point de cette oreille et tient absolument à sa double casquette le cas échéant. En voilà donc une grosse pomme de discorde qui, si l’on n’y prend garde, pourrait avoir de lourdes conséquences sur la solidité de l’alliance au sein de Yewwi.

Ameth Aïdara, l’autre casse-tête de Yewwi

L’autre candidat déclaré de Yewwi à la présidence de l’Assemblée est Ahmed Aïdara. Une candidature qui, contrairement à celle de Barth, n’agrée pas du tout à Ousmane Sonko.

Et pour cause, il n’a manifestement pas le profil de l’emploi et son choix par Yewwi pourrait être très mal perçue par une majorité de Sénégalais qui s’attendent à voir une personnalité d’une certaine épaisseur à la tête de l’Assemblée. Il se pose aussi, comme pour Barth, la question du cumul des mandats.

Autant de facteurs qui font que le très (ou le trop) ambitieux Ahmed Aïdara n’est vraiment pas adoubé par les leaders de Yewwi. A l’exception peut-être de Malick Gakou dont il apparait comme le poulain. Maire de Guédiawaye et député élu lors des élections législatives du 31 juillet dernier, il a vu le patron du Grand Parti lui laisser un grand boulevard.

Et, en perspective de la présidentielle de février 2024, il sera ainsi appelé à soutenir la candidature de Malick Gakou. Comme on le voit, là aussi, les calculs ne manquent pas. Ce qui pourrait avoir raison de la cohésion au sein de Yewwi. Il s’y ajoute que Sonko, qui est résolument contre le cumul des mandats, pourrait pour une fois ne pas être suivis par les députés – maires pastéfiens. Autant dire que Yewwi traverse présentement une zone de turbulences

Le Vrai Journal