Conséquences du conflit russo-ukrainien sur l’Afrique subsaharienne : ce que note un rapport de la Banque Mondiale

Le conflit en Ukraine risque de se répercuter sur les économies d’Afrique subsaharienne par l’intermédiaire de plusieurs canaux directs et indirects : le commerce extérieur et les prix mondiaux des matières premières (produits énergétiques, métaux, minerais et denrées agricoles de base) ; l’impact de prix des produits de base durablement élevés sur l’inflation alimentaire, énergétique et globale ; le durcissement des conditions financières mondiales ; et la réduction des flux financiers étrangers vers la région.

L’Afrique subsaharienne n’entretient pas de liens commerciaux aussi étroits avec la Russie et l’Ukraine qu’avec les pays d’autres régions du monde, à quelques exceptions près (République du Congo, Gambie, Togo et Soudan). La Russie et l’Ukraine représentent 1,3 % du total des importations de l’Afrique subsaharienne (1 % pour la Russie et 0,3 % pour l’Ukraine).

Cependant, les perturbations du commerce mondial affectent non seulement les prix du pétrole et du gaz, mais aussi ceux des denrées alimentaires de base (surtout les céréales et les huiles comestibles) et des engrais.

La flambée des prix du blé affecte les importateurs de la région, en particulier les pays tributaires des importations en provenance de Russie et d’Ukraine (République démocratique du Congo, République du Congo, Ouganda, Éthiopie ou Mauritanie, par exemple).

Les prix élevés des carburants et des denrées alimentaires se traduiront par une hausse de l’inflation dans les pays africains, ce qui touchera les populations pauvres, notamment ceux vivant dans les zones urbaines. L’inflation alimentée par les prix des aliments et de l’énergie accroît le risque de troubles civils dans un contexte d’instabilité politique accrue.

Le conflit exacerbe les pressions inflationnistes préexistantes, ce qui pourrait amener les banques centrales des pays avancés à relever leurs taux directeurs plus tôt et plus fortement que prévu, au détriment des mesures de soutien nécessaires face à une reprise économique encore trop lente.

 

Projections de croissance pour les principales économies d’Afrique de l’Est et australe

 

En Afrique du Sud, l’économie devrait retrouver son potentiel de croissance à 1,1 % en 2023 et atteindre 1,8 % en 2024.

En Angola, la croissance économique devrait s’accélérer, avec un taux de 2,9 % en 2022 et de 3,1 % en 2023.

Le Rwanda et les Seychelles devraient enregistrer la plus forte baisse en 2022, respectivement de 4,1 et 3,3 points de pourcentage, suivis par l’Éthiopie (-3 points), l’Afrique du Sud (-2,8 points), le Zimbabwe (-2,2 points), Madagascar (-1,8 point) et le Kenya (-1,7 point).

 

Projections de croissance pour les principales économies d’Afrique de l’Ouest et centrale

 

Au Nigéria, la croissance devrait atteindre 3,8 % en 2022 et se stabiliser à 4 % en 2023-24.

Au Ghana, l’économie devrait retrouver de la vigueur en 2022, avec une croissance de 5,5 %, avant de ralentir progressivement pour atteindre 5 % en 2024, soit une croissance inférieure aux 7 % environ enregistrés avant la pandémie.

Le Gabon devrait connaître une croissance de 3,3 % en 2022 et de 3 % en 2024, avec un recul en 2023 (2,6 %). En revanche, les prévisions pour le Cameroun font apparaître une croissance robuste et soutenue, qui atteindra 4,4 % en 2024.

La Côte d’Ivoire retrouvera son rythme de croissance antérieur à la pandémie et devrait enregistrer en 2022 la progression économique la plus rapide (5,7 %) de tous les membres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA).

Au Sénégal, la croissance devrait ralentir à 4,4 % en 2022, contre 6,1 % en 2021. La croissance du PIB réel devrait rebondir fortement pour atteindre 8,5 % en 2023 et progresser encore à 10,6 % en 2024, affichant ainsi un dynamisme supérieur à celui d’avant la pandémie et au reste de la région.

Momar Diack SECK
Up Next

Related Posts