Affaire Miss Sénégal 2020 Le dossier rouvert à la Sûreté Urbaine pour apologie du viol

Comme annoncé hier vendredi par le quotidien «Les Échos», l’enquête diligentée par les limiers de la Sûreté urbaine (SU) de Dakar pour élucider le scandale dit de «Miss Sénégal 2020, Fatima Dione», repart à zéro. Le procureur de la République aurait, selon nos confrères, retourné le dossier à la SU, qui avait bouclé l’enquête en concluant que le crime de viol est impossible dans cette affaire. Ceci, du fait que la victime présumée, Fatima Dione, a été incapable d’expliquer les circonstances dans lesquelles elle a été abusée.

Mieux, encours d’enquête, elle aurait organisé son injoignabilité lorsque les enquêteurs lui ont demandé de produire l’acte de naissance de son enfant issu de ce viol présumé.

A travers un soit-transmis N°2099, le parquet a demandé la réouverture de l’enquête au motif, nous soufflet-on, qu’il était question d’enquêter sur l’apologie du viol reproché à Aminata Badiane, présidente du comité d’organisation, et non sur le crime de viol. Et pourtant, à la sortie de la mère de la Miss Fatima Dione, dénonçant des faits d’agressions sexuelles subits par sa fille après son sacre, la président du comité d’organisation de cette manifestation, Amina Badiane, s’était à son tour exprimé sur une chaîne YouTube pour livrer sa part de vérité.

Au cours de ce live, A. Badiane avait maladroitement tenu des propos, indiquant que lorsqu’une fille (faisant allusion à la Miss) se plaint d’avoir été violée, c’est parce qu’elle l’a vraiment voulu. Des propos jugés scandaleux qui vont devenir viral sur la toile et susciter un vaste élan de solidarité, au nombre desquels, l’Ong Jamra et des associations de féministes, qui vont porter le combat, portant plainte contre Amina Badiane pour apologie du viol.

En lieu et place d’un classement sans suite de ce dossier au vu des conclusions de l’enquête, le procureur de la République imprime une nouvelle tournure à l’affaire, demandant aux enquêteurs de repartir à zéro. Pour Mame Mactar Guèye de l’Ong Jamra, partie civile dans cette histoire, «le parquet a pris une sage décision. Nous n’étions pas engagé dans une logique de dénonciation des faits de viol, mais plutôt dans une dénonciation de l’apologie du viol, à la suite des déclarations irresponsables de l’organisatrice.

Face à la presse, elle avait banalisé les allégations de viol, indiquant: «Fi kougniou violé, yaw la nex» (si la Miss se dit victime de viol, c’est qu’elle l’a voulu, Ndlr). En banalisant le viol, elle a fait l’apologie. Fatima n’est pas seule à avoir parler. Une autre a dit avoir été engrossée par un ministre de la République.

Donc en tant que responsable morale, elle aurait dû tenir des propos allant dans le sens de l’apaisement etde la compassion. Dans cette histoire, notre conviction est que l’organisatrice utilise les filles pour se faire de l’argent», a déclaré Mame Matar Guèye

Pour Me Babacar Niang, avocat d’Aminata Badiane, sa conviction esttoute simple : «Il s’agit en réalité d’un non événement. L’objectif de ce revirement noté dans ce dossier, est d’arriver à une confirmation ou un désistement des auteurs des plaintes, avant une éventuelle décision du procureur de la République de poursuivre Aminata Badiane, ou encore de classer sans suite toutes les plaintes portant apologie du viol. Cette dernière hypothèse permettra à ma cliente de poursuivre ceux qui confirmeront leurs plaintes, pour dénonciation calomnieuse», a analysé la robe noire.

Poursuivant, Me Niang assure que sa cliente «Aminata Badiane est sereine. Elle s’insurge contre cette perte de temps qui ne profite qu’à ses détracteurs. Elle est confiante sur le fait qu’aucun fait répréhensible au sens de la Loi pénale ne pourra lui être imputé. Au contraire, il y a eu des revirements à 360°depuis la découverte des mensonges.

Le procureur de la République n’a pas besoin de l’éclairage des auteurs des plaintes pour qualifier ou non, au sens de la Loi pénale, les propos de la présidente du comité qui sont clairs et précis et relayés sur l’Internet.

La qualification pénale ne relève pas des enquêteurs. Il lui appartient de décider de poursuivre ou de classer sans suite. En vérité, l’enquête est déjà terminée depuis des lustres. Il n’y a pas de viol. Il n’y a pas d’apologie de viol. Les propos ne relèvent d’aucune infraction prévue et réprimée par la loi. Il n’y a pas non plus de proxénétisme. Le Procureur de la République doit écourter cette polémique qui tire en longueur inutilement. C’est aberrant», a conclu l’avocat

L’Obs

Pape Ismaïla CAMARA
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