“Zéro palu, je m’engage”: la déclaration de l’OOAS à l’occasion la Journée mondiale de lutte contre le paludisme 2020

En ce jour, l’Organisation Ouest Africaine de la Santé (OOAS) se joint au Partenariat Faire reculer le paludisme (RBM) pour mettre fin à la maladie, pour célébrer la Journée mondiale du paludisme 2020, sous le thème « Zéro palu, je m’engage ».

L’objectif de la Journée mondiale annuelle du paludisme, est de maintenir le paludisme en bonne place à l’agenda politique, de mobiliser des ressources supplémentaires et de donner aux communautés les moyens de s’approprier de plus en plus, la prévention et les soins en matière de paludisme.

Cette année, ces objectifs sont devenus particulièrement urgents compte tenu de la possibilité d’un détournement des ressources et de l’attention au profit de la pandémie du Covid-19 ainsi que de la menace imminente d’une réduction par les États-Unis, de son financement à l’Organisation mondiale de la santé (OMS); ce qui aura un impact négatif majeur sur notre région.

En 2018, la dernière année complète pour laquelle des données sont actuellement disponibles, on estime à 228 millions, le nombre de cas de paludisme dans le monde. 93 % de ces cas se trouvaient en Afrique, et près de la moitié (48 %) en Afrique de l’Ouest.

Bien que notre région, la CEDEAO, ait enregistré une réduction des cas et des décès dus au paludisme de 6,6 % et 36 % respectivement entre 2010 et 2018, la situation reste critique puisque nous représentons la moitié de la charge mondiale du paludisme alors que nous ne constituons qu’un dixième de la population mondiale.

De plus, les taux élevés de mortalité maternelle pendant la grossesse et l’accouchement ainsi que des enfants de moins de 5 ans dans la région sont aggravés par l’incidence élevée du paludisme, car les femmes enceintes et les enfants sont les plus touchés. L’OOAS se joint donc aux partenaires internationaux dans leurs efforts visant à promouvoir un monde sans paludisme d’ici 2030.

Il est important que nous maintenions et améliorions les acquis récemment obtenus dans notre région de la CEDEAO, notamment une meilleure gestion des cas, une utilisation accrue des moustiquaires imprégnées d’insecticide de longue durée et une plus grande utilisation de la chimio-prophylaxie contre le paludisme saisonnier.

Le Cap-Vert est en bonne voie pour l’élimination du paludisme d’ici 2030, tandis que le Sénégal et la Gambie sont en voie de pré-élimination avec moins d’un cas pour 1000 habitants. Ces dernières années, l’OOAS s’est portée en défenseuse de la cause de l’élimination du paludisme dans notre région.

À titre illustratif, le paludisme a été l’un des principaux thèmes de la 20ème session de notre Assemblée ordinaire des ministres de la santé de la CEDEAO, qui s’est tenue l’année dernière à Cotonou et qui a décidé qu’il soit veillé à ce que les 15 États membres incluent dans leurs plans nationaux, un programme multisectoriel chiffré pour passer de la lutte contre le paludisme à sa pré-élimination.

Il est à signaler que l’OOAS est l’institution de mise en oeuvre du projet de la Banque mondiale sur le paludisme au Sahel, le Secrétariat de l’initiative d’élimination du paludisme au Sahel (SaME), le champion régional du programme d’éradication du paludisme

de RBM en Afrique de l’Ouest et l’exécutant régional du projet de gestion intégrée des vecteurs de l’Union africaine et du NEPAD. Nous voudrions donc en ce moment précis, remercier tous nos partenaires qui financent les programmes d’élimination du paludisme dans la région, en particulier le Fonds mondial, la Banque mondiale, la Fondation Bill & Melinda Gates et bien d’autres encore.

À l’occasion de la Journée mondiale du paludisme de cette année, l’OOAS appelle toutes les parties prenantes à savoir les gouvernements nationaux, les organisations et partenaires internationaux, le secteur privé, les organisations de la société civile ainsi que les communautés, à redoubler d’efforts pour surmonter les difficultés liées à cette lutte.

Il s’agit notamment des questions relatives aux capacités en matière de ressources humaines, en particulier en ce qui concerne le personnel du laboratoire, de la faible couverture des interventions, de l’accès limité aux services, de la faible participation des communautés, de l’inefficacité de la logistique dans la gestion de la chaîne d’approvisionnement des médicaments et de la faiblesse des investissements financiers, en particulier du financement national pour l’élimination du paludisme.

Nous plaidons auprès du Président des États-Unis afin qu’il tienne compte de l’impact dévastateur qu’aura la rétention des fonds destinés à l’OMS sur la campagne d’éradication du paludisme en Afrique ; et surtout, nous demandons instamment que l’action collective dans cette lutte pour l’éradication du paludisme accorde la priorité aux femmes enceintes et aux enfants de moins de 5 ans qui sont les groupes les plus vulnérables touchés par le paludisme dans notre région.

Enfin, comme l’a déclaré le professeur Stanley Okolo, Directeur général de l’OOAS, « l’attention accrue portée à la pandémie du COVID-19 risque de menacer les investissements nécessaires pour lutter contre le paludisme ».

Donc, en ce moment, plus que jamais, nous avons besoin d’un engagement multisectoriel accru, d’une amélioration des mécanismes de gouvernance, d’une mobilisation accrue des ressources nationales et internationales, d’une collaboration transfrontalière et d’une surveillance renforcée de la maladie pour vaincre ce fléau.

Nous remercions les États membres et les partenaires de la CEDEAO pour leur soutien constant à l’OOAS dans l’accomplissement de son mandat d’intégration régionale à travers des programmes d’amélioration de la santé des populations de l’Afrique de l’Ouest.

Oumou Khaïry NDIAYE
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