Un des grands objectifs de la FAO: Des aliments sains pour tous grâce au développement agricole durable

Il ne suffit pas de se concentrer uniquement sur le fait de produire davantage de nourriture, il est également essentiel de produire des aliments sains et nutritifs, tout en préservant l’environnement, a déclaré aujourd’hui M. José Graziano da Silva, Directeur général de la FAO, lors de l’Assemblée générale de la Caritas Internationalis’, à Rome. «Nourrir les gens doit aller de pair avec la préservation de la planète», a-t-il souligné.

Communiqué de la FAO : Dans son allocution, le Directeur général a reconnu «le rôle primordial du Saint-Siège en matière de promotion de l’inclusion et du développement durable».

«Le Pape François est une référence de premier plan en ce qui concerne les valeurs de solidarité et de justice sociale. Son encyclique «Laudato Sì» nous enseigne l’importance d’un meilleur équilibre entre les êtres humains et Mère nature en vue d’assurer un avenir durable pour notre planète», a ajouté M. Graziano da Silva.

Articuler les actions autour de trois axes principaux pour mettre un terme à la faim et à la pauvreté

Le Directeur général a fait remarquer que, depuis l’adoption des 17 Objectifs de développement durable en 2015, la faim dans le monde n’a fait qu’augmenter principalement en raison des conflits et de l’impact du changement climatique.

Graziano da Silva d’ajouter, «si nous ne réalisons pas les ODD 1 [éradication de la faim] et 2 [Objectif Faim Zéro], il ne sera pas possible d’atteindre les 15 autres objectifs».

Afin de renverser cette tendance alarmante, le Directeur général encourage les actions autour de trois axes principaux: en premier lieu, développer la résilience des communautés rurales dans les zones de conflit; ensuite, promouvoir l’adaptation des agriculteurs familiaux aux impacts du changement climatique; et enfin, atténuer les effets des ralentissements économiques par des filets de sécurité sociale et des politiques publiques, notamment les programmes de distribution de repas scolaires basés sur les achats de produits locaux auprès des agriculteurs familiaux.

La menace de l’obésité

Dans son propos, le Directeur général a également exprimé son inquiétude en ce qui concerne la prévalence croissante de l’obésité et la carence en micronutriments. De nos jours, un problème bien plus complexe lié à la nutrition menace l’humanité: «plus de 2 milliards de personnes sont en surpoids, dont 670 millions d’obèses», a-t-il affirmé.

Il a averti que le nombre de personnes obèses dans le monde dépasserait très bientôt le nombre de personnes souffrant de la faim, qui s’élevait à 821 millions de personnes en 2017 – ce qui est déjà le cas en Amérique latine et dans les Caraïbes depuis 2015.

Selon M. Graziano da Silva, alors que la faim est restreinte à des zones bien spécifiques, en particulier les zones de conflit et celles affectées par le changement climatique, l’obésité se trouve partout. «Nous assistons à la mondialisation de l’obésité: 8 des 20 pays caractérisés par les hausses des taux d’obésité chez les adultes les plus rapides au monde se trouvent en Afrique», a-t-il expliqué.

Il a souligné le fait que l’obésité était liée à de nombreuses maladies chroniques, notamment le diabète, les maladies cardiaques, l’hypertension et certaines formes de cancer, et coûtait environ 2 mille milliards de dollars par an en frais de santé directs et en perte de productivité. «Cela équivaut à l’impact du tabagisme ou à celui des conflits armés à l’heure actuelle», a-t-il précisé.

Pour améliorer les régimes alimentaires, nous devons encourager les producteurs locaux à favoriser une variété de cultures riches en nutriments, y compris les fruits et les légumes, a-t-il souligné, et ceci pourrait se faire en introduisant, par exemple, des politiques et des législations visant à garantir un approvisionnement alimentaire auprès des agriculteurs familiaux locaux.

Selon le Directeur général, la grande consommation d’aliments ultra-transformés figure parmi les principaux facteurs à l’origine de l’obésité et des carences en micronutriments. «Les aliments ultra-transformés ont une valeur nutritionnelle très basse ou inexistante, ils ont une forte teneur en graisses saturées, en sucres raffinés, en sel et en additifs chimiques», a-t-il indiqué, précisant que ces produits sont en général moins chers et plus accessibles que les aliments frais, en particulier pour les populations pauvres des zones urbaines.

«Nous ne devons pas uniquement produire de la nourriture, mais plutôt produire des aliments sains et nutritifs, tout en préservant l’environnement. Des aliments sains pour tous grâce au développement agricole durable: c’est là l’objectif de la FAO».

Les agriculteurs familiaux, essentiels au développement durable

José Graziano da Silva a rappelé aux participants que la majeure partie de la nourriture consommée dans le monde provenait des agriculteurs familiaux et que leur contribution allait bien au-delà de la production alimentaire.

«Il s’agit de stimuler les économies locales. Il s’agit de transmettre les connaissances d’une génération à l’autre, de respecter et de valoriser les traditions, les coutumes et les cultures locales, d’améliorer la nutrition et de proposer des régimes alimentaires plus sains basés sur les aliments frais, en particulier les fruits et les légumes. Il s’agit également de développement territorial local et de durabilité. Rien ne se rapproche plus du concept de développement durable des systèmes alimentaires que l’agriculture familiale».

Cependant, les agriculteurs familiaux sont confrontés à nombre de défis, à savoir la hausse des températures, les aléas météorologiques, la désertification croissante et la pénurie d’eau, ainsi que l’apparition de ravageurs et de maladies, qu’il faut aborder d’urgence.

Dans ce contexte, le Directeur général a rappelé l’importance de la prochaine Décennie des Nations Unies pour l’agriculture familiale, approuvée l’année dernière par l’Assemblée générale des Nations Unies et visant à renforcer le soutien aux communautés rurales vulnérables à l’échelle mondiale. «Les agriculteurs familiaux ont besoin de notre soutien, mais nous avons également besoin d’eux pour parvenir à l’avenir durable auquel nous aspirons tous».

La FAO et Caritas Internationalis, une confédération d’organisations catholiques d’aide, de développement et de service social, ont longuement collaboré sur des sujets d’intérêt commun relatifs à la lutte contre la faim et la pauvreté dans le monde.

 

Oumou Khaïry NDIAYE
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