Un autre sommet extraordinaire de la CEDEAO ce vendredi, cette fois sur le Burkina Faso : l’organe régional perd-il la bataille démocratique ?

Si les sanctions punitives et sans précédent que la CEDEAO a imposées au Mali le 9 janvier visaient à dissuader les soldats de la région d’organiser d’autres coups d’État, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo et ses collègues du Burkina Faso demandent aux dirigeants régionaux de réfléchir à nouveau. (Par Paul Ejimé)

Au cours des 18 derniers mois, les militaires ont frappé dans quatre des 15 États membres de la CEDEAO – deux fois au Mali, et une fois au Niger, en Guinée et maintenant au Burkina Faso, respectivement.

Trois de ces pays, le Mali, la Guinée et le Burkina Faso, sont effectivement sous régime militaire.

Le 24 janvier, le lieutenant-colonel Sandaogo et ses co-coupistes, dans ce qui devient rapidement une dangereuse « nouvelle normalité », ont renversé le gouvernement du président élu Roch Marc Christian Kaboré et l’ont forcé à démissionner.

Comme d’habitude, le coup d’État a reçu de vives condamnations internationales, la CEDEAO appelant à la libération inconditionnelle du dirigeant déchu et au retour à l’ordre constitutionnel.

Il semblerait que les interventions de la CEDEAO, y compris les sanctions, au lieu de semer la peur dans l’armée sont au mieux inefficaces sinon contre-productives.

Il y a donc urgence à un changement de tact et de stratégie de la part de l’instance régionale et des autres médiateurs.

Le sommet de vendredi ne devrait pas être une autre occasion manquée de penser de façon critique et de prendre des décisions révolutionnaires en matière de gestion de crise.

La France, l’ancienne puissance coloniale dans les pays agités doit revoir sa présence controversée et ce que les critiques considèrent comme déstabilisante dans ses anciennes colonies africaines.

Le régime militaire est rétrograde, mais les dirigeants africains ne doivent pas fournir d’excuses pour leur propre malheur avec les citoyens qui souffrent depuis longtemps comme victimes.

Les dirigeants doivent penser et agir dans l’intérêt des citoyens qui les ont élus au pouvoir.

Les citoyens, pour leur part, doivent exiger des comptes de ceux qui occupent des postes de direction et d’autorité.

Les groupes de la société civile et les citoyens concernés aux niveaux national, continental et continental doivent se lever pour sauver la gouvernance des forces antidémocratiques.

La démocratie n’est pas un système parfait, mais ses avantages la distinguent des autres systèmes de gouvernance.

Sous une vraie dispensation démocratique, la volonté du peuple est suprême ; le pouvoir réside dans le peuple et personne n’est au-dessus des lois, pas même les politiciens ou les militaires.

L’Afrique de l’Ouest ne peut pas se permettre de retomber dans son passé peu glorieux de dictatures militaires, avec des gouvernements rivaux dans les villes et les buissons !

Momar Diack SECK
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