Santé-Un cousin d’Ebola signalé en Guinée Equatoriale, ses voisins se protègent : le point de santé hebdomadaire en Afrique

Ecofin-Cette semaine en Afrique: la Guinée équatoriale confirme sa première épidémie de la maladie de Marburg, une fièvre hémorragique proche d’Ebola ; l’OMS signale une montée “exponentielle” des cas de choléra sur le continent, tandis que l’Ouganda a lancé un plan de relance sanitaire post-Ebola…

Guinée équatoriale : une fièvre hémorragique mystérieuse identifiée

En Afrique centrale, la fièvre hémorragique mystérieuse, qui a tenu les autorités en alerte la semaine dernière dans la zone frontalière entre la Guinée équatoriale et le Cameroun, a été identifiée. Il s’agit de la maladie de Marburg, l’autre cousin d’Ebola. En effet, la Guinée équatoriale a confirmé lundi 13 février sa première épidémie de la maladie à virus Marburg, tout comme l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Les tests préliminaires ont été positifs pour la fièvre hémorragique virale après la mort d’au moins neuf personnes dans la province de Kie Ntem, à l’est du pays.

Les échantillons ont été envoyés au laboratoire de référence de l’Institut Pasteur de Dakar (au Sénégal), avec le soutien de l’OMS, pour déterminer la cause de la maladie après une alerte lancée par un responsable de la santé du district le 7 février. Dans la foulée, des équipes avancées ont été déployées dans les districts touchés pour tracer les contacts, isoler et fournir des soins médicaux aux personnes présentant des symptômes. Les autorités sanitaires annoncent également que des efforts sont déployés pour monter rapidement une réponse d’urgence, l’OMS déployant des experts sur le terrain. L’un des défis est de s’assurer de la collaboration des communautés locales dans le contrôle de l’épidémie.

Pour rappel, la maladie à virus de Marburg est une pathologie hautement virulente qui cause de la fièvre hémorragique, avec un taux de mortalité pouvant atteindre 88%. Il n’existe pas de vaccins ou de traitements antiviraux approuvés pour traiter le virus. Cependant, des soins de soutien améliorent les chances de survie.

Le Cameroun et le Gabon en état d’alerte 

De son côté, le Cameroun voisin reste en état d’alerte, bien qu’aucun cas n’ait encore été détecté. Malachie Manaouda, ministre de la Santé au pays de Paul Biya, a confirmé qu’aucun décès ni cas de fièvre hémorragique Marburg n’a été signalé pour l’instant.

Les équipes sanitaires étaient en état d’alerte depuis le 9 février, travaillant à renforcer le système de surveillance et de réponse en cas de propagation de la maladie. C’est également le cas au Gabon, autre pays voisin, qui s’est mis en alerte rouge.

Les trois pays (Guinée équatoriale, Cameroun et Gabon) se préparent du reste à lancer une réponse commune face à l’épidémie, comme le rapporte le média StopBlablaCam. Si la Guinée fait face directement au risque épidémique, le Cameroun notamment renforce son dispositif de surveillance et de riposte épidémiologique pour éviter l’importation de cas sur son sol. Pour l’instant, apprend-on, la prévention est la priorité, car il n’y a ni vaccin, ni traitement sûr.

Montée “exponentielle” du choléra en Afrique (OMS)

Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), l’Afrique est actuellement touchée par une hausse “exponentielle” du nombre de cas de choléra. Au 29 janvier, on estime que plus de 26 000 cas et 660 décès ont déjà été signalés dans 10 pays. L’OMS a averti la semaine dernière que si la tendance actuelle se poursuit, les cas pourraient dépasser le nombre enregistré en 2021 – la “pire année” pour le choléra en Afrique depuis près d’une décennie.

Les chiffres publiés par l’OMS indiquent qu’en janvier 2023, le nombre de cas notifiés sur le continent a déjà atteint plus de 30 % du nombre total de cas enregistrés sur l’ensemble de l’année 2022. Cette année-là, environ 80 000 cas et 1863 décès avaient été enregistrés dans 15 pays touchés par le choléra

Le Malawi est le pays le plus touché par la maladie avec une situation de crise qui atteint des proportions alarmantes. D’autres pays, tels que le Mozambique, la Zambie, l’Éthiopie, le Kenya, la Somalie, le Burundi, le Cameroun, la République démocratique du Congo et le Nigeria, ont également signalé des cas.

L’Ouganda lance un plan de relance sanitaire post-Ebola

L’Ouganda, qui a récemment dû faire face à une épidémie d’un autre filovirus (famille qui comprend Ebola et Marburg), veut désormais tirer des leçons de cette expérience. Avec le soutien de plusieurs partenaires, le ministère de la Santé ougandais a lancé cette semaine un plan de six mois pour la reprise post-Ebola, visant à combler les lacunes identifiées lors de la lutte contre l’épidémie. Pour rappel, neuf districts ont été touchés par l’épidémie d’Ebola (qui a été déclarée close le 11 janvier), avec un total de 142 cas confirmés et 55 décès.

Une des priorités identifiées est d’améliorer la capacité de surveillance pour une détection rapide des cas. Les autres piliers de ce plan comprennent la gestion des cas, le renforcement des systèmes de laboratoire et la mise en place d’une équipe multidisciplinaire prête à intervenir en cas d’urgence. Un budget total d’environ 120 milliards de shillings (environ 20 milliards de FCFA) est alloué à l’initiative, dont une partie est destinée à l’établissement de laboratoires mobiles sur le terrain.

Afrique du Sud : plus de 500 cas de rougeole en 5 mois

En Afrique du Sud, l’épidémie de rougeole se poursuit dans certaines provinces. 506 cas confirmés de rougeole ont été signalés dans le pays depuis la première semaine d’octobre 2022. Parmi eux, 484 cas ont été recensés dans les provinces touchées par l’épidémie. La majorité des cas (40%) se trouvent dans le groupe d’âge de 5 à 9 ans, et seulement 19% des cas avaient été vaccinés. Dans le pays d’Afrique australe, les autorités sanitaires recommandent aux parents de vérifier le statut vaccinal de leurs enfants et proposent une vaccination gratuite contre la rougeole à tout enfant non vacciné âgé de plus de six mois.

RDC : Choléra au Nord-Kivu

Une épidémie de choléra a été officiellement déclarée par le gouverneur de la province du Nord-Kivu en décembre dernier. Des Vibrio cholerae (bactérie responsable du choléra) ont été isolés chez 140 des 247 échantillons prélevés sur des cas suspects de la zone de santé de Nyiragongo. Au 4 février 2023, un total de 4386 cas d’infection entérique aiguë (dont 1009 confirmés en laboratoire) avec 16 décès (létalité de 0,4%) ont été signalés. En tout, 4011 cas (91,5%) proviennent de Nyiragongo et 375 (8,5%) de Karisimbi. Au total, 15 zones de santé, dont sept dans la HZ de Nyiragongo (Kanyaruchinya, Kibati, Kiziba, Mudja, Munigi, Ngangi III et Turunga) et huit dans la HZ de Karisimbi (Baraka, Bujovu, Kasika, Katoyi, Majengo, Methodiste Mugunga et Muugano Solidarite),sont actuellement touchées par l’épidémie de choléra.

Notons que l’épidémie affecte principalement les populations déplacées, avec 97% des cas signalés chez les déplacés dans la HZ de Nyiragongo, et 59% des cas signalés chez les déplacés de la zone de santé Methodiste de Karisimbi, qui abrite le camp de déplacés Don Bosco, comme le relève l’OMS.

Ceci étant, l’épidémie se propage également dans les communautés environnantes, avec près de 3% des cas dans la HZ de Nyiragongo et 41% des cas dans la HZ de Karisimbi appartenant à la communauté hôte.

Nigeria : la fièvre de Lassa a tué 50 personnes en janvier

Dans le pays le plus peuplé d’Afrique, on a enregistré plus de 50 décès dus à la fièvre de Lassa en janvier 2023, selon le Centre nigérian de contrôle et de prévention des maladies (NCDC). Ainsi, jusqu’au 29 janvier, 1378 cas suspects et 361 cas confirmés de fièvre de Lassa ont été signalés dans 18 États du pays. Ceci représente une hausse notable de 71 % des cas confirmés par rapport à la même période en 2022 (211). Près de 15 % des cas confirmés sont décédés en janvier, soit un taux de létalité de 15 %. Selon les mêmes sources, les plus touchés sont ceux d’Ondo, d’Edo et de Taraba, représentant 74 % des cas confirmés. Dans la foulée, le NCDC a activé un Centre national d’opérations d’urgence multisectorielles de la fièvre de Lassa (LF-EOC), pour coordonner et renforcer la réponse en cours dans le pays.

Pour rappel, la fièvre de Lassa est une maladie virale aiguë qui se transmet à l’homme par l’intermédiaire de rats infectés. Chez les humains, elle peut provoquer une fièvre sévère, des douleurs musculaires, des nausées et des vomissements, ainsi que des saignements dans les yeux, le nez ou la bouche. La maladie peut également entraîner une insuffisance rénale, une paralysie ou même la mort.

Ecofin

Oumou Khaïry NDIAYE
Up Next

Related Posts