Rapport des Nations Unies : les autres facteurs de la faim et de la malnutrition

Dans de nombreuses régions du monde, la pandémie a provoqué des récessions brutales et compromis l’accès à la nourriture. Toutefois, même avant la pandémie la faim se répandait; et les progrès au plan de la malnutrition prenaient du retard.

On l’a surtout constaté dans les pays touchés par un conflit, par des phénomènes climatiques extrêmes ou par des fléchissements économiques, ou qui sont confrontés à de grandes inégalités – autant de situations qui constituent selon le rapport de grands facteurs d’insécurité alimentaire, lesquels qui plus est agissent les uns sur les autres

Si l’évolution actuelle se poursuit, affirme-t-on dans L’État de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde, l’objectif de développement durable 2 (Faim zéro d’ici à 2030)- sera manqué de près de 660 millions de personnes. Sur ces 660 millions, quelque 30 millions pourrait résulter des effets prolongés de la pandémie.

Ce qu’on peut (encore) faire

Selon la FAO, comme il avait été souligné dans l’édition précédente du rapport, il est essentiel de transformer les systèmes alimentaires pour parvenir à la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et mettre une alimentation saine à la portée de tous. L’édition de cette année va plus loin en énonçant six voies à suivre pour transformer les systèmes alimentaires. Ces voies, expliquent les auteurs, reposent sur «un ensemble cohérent de portefeuilles de politiques et d’investissements» propres à contrecarrer les effets des facteurs de la faim et de la malnutrition.

Selon le facteur particulier (ou l’association de facteurs) auquel le pays est confronté, les auteurs invitent instamment les décideurs à:

Intégrer les politiques d’aide humanitaire, de développement et de consolidation de la paix dans les zones touchées par des conflits – par exemple instituer des mesures de protection sociale pour que les familles ne se voient pas contraintes de vendre leur maigre capital pour se procurer de quoi manger;

Accroître la résilience face aux changements climatiques sur l’ensemble du système alimentaire – par exemple donner aux petits exploitants largement accès à des assurances contre les aléas climatiques et à un financement basé sur les prévisions;

Renforcer la résilience des plus vulnérables face à l’adversité économique – par exemple mettre en place des programmes d’aide en espèces ou en nature pour réduire les incidences des chocs de type pandémie ou les incidences de l’instabilité des prix des denrées alimentaires;

Intervenir tout le long de la chaîne d’approvisionnement alimentaire pour réduire le coût des aliments nutritifs – par exemple encourager la culture de plantes bio-enrichies ou faire en sorte que les producteurs de fruits et de légumes accèdent plus facilement aux marchés;

S’attaquer à la pauvreté et aux inégalités structurelles – par exemple donner une impulsion aux chaînes de valeur alimentaires dans les communautés pauvres grâce au transfert de technologies et à des programmes de certification;

Renforcer l’environnement alimentaire et faire évoluer le comportement des consommateurs – par exemple éliminer les acides grasses transes d’origine industrielle et réduire la teneur des aliments en sel et en sucre, ou encore protéger les enfants contre la publicité sur les produits alimentaires.

Le rapport appelle aussi à l’instauration d’environnements favorables reposant sur des mécanismes de gouvernance et des institutions, pour rendre la transformation possible. Il enjoint les décideurs à procéder à de larges consultations; à doter de moyens les femmes et les jeunes; et à mettre plus largement à disposition les données et les nouvelles technologies. Surtout, insistent les auteurs, c’est maintenant que le monde doit agir – ou nous devons nous résigner à voir les facteurs de la faim et de la malnutrition revenir avec une intensité croissante dans les années qui viennent, bien après que sera passé le choc de la pandémie.

Pape Ismaïla CAMARA
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