Procès Ousmane Sonko Vs Mame Mbaye Niang : À Rebeuss, les barricades de sécurité irritent les populations

Le procès opposant Mame Mbaye Niang à Ousmane Sonko a aussi son lot de « dommages collatéraux » à Rebeuss même, quartier abritant le palais de Justice. Les âmes de cette partie de Dakar ne rigolent plus de l’empiètement de leur espace vital, à chaque fois qu’un rendez-vous judiciaire concerne le président du parti Pastef.

C’est devenu une coutume maintenant à Rebeuss, ce quartier du centre de Dakar qui abrite le palais de Justice.

En effet, à chaque fois que l’opposant Ousmane Sonko doit se rendre dans ce temple de Thémis, les populations de cette localité modifient un peu leurs habitudes. Et ce jeudi n’a pas dérogé à cette règle. Premiers au « banc des impactés », les habitants du quartier hôte de ce lieu de justice n’apprécient pas globalement de toujours payer les pots qu’ils n’ont pas cassés.

« Je suis obligé de contourner tout le tribunal pour me rendre chez moi. Le contrôle est obligatoire et, parfois, il faut remuer ciel et terre pour que les policiers te laissent passer. Pour éviter tout cela, cette perte de temps, les déviations sont notre seule issue. Pour tout vous dire, on en a assez de devoir quasiment toujours nous barricader, chaque fois qu’il y a ce genre d’événement », constate Ibrahima, un habitant du quartier qui ne cache pas son ras-le-bol.

Pour ce jeune homme au visage juvénile, la page doit être tournée pour le bien de tous. « Il faut en finir avec cette histoire ; les choses doivent s’accélérer et peut-être vider tous les dossiers dans lesquels le nom de Sonko apparaît, pour qu’ici à Rebeuss notamment et partout à travers le pays, l’on retrouve notre quiétude », recommande-t-il.

À côté d’Ibrahima, d’autres Rebeussois semblent accepter tout bonnement cette situation qui prévaut dans leur secteur. C’est le passage obligé, si on veut se rendre dans les quartiers du palais de Justice, les passants doivent impérativement s’arrêter au niveau de ces barrières qui servent de frontière. Sur place, ils sont obligés de convaincre les quelques policiers en poste, afin de décrocher leur ticket de voyage, autrement, l’autre unique option restante est de rebrousser chemin.

« C’est devenu une routine pour nous, désormais. Ce dispositif de sécurité est normal, pour éviter que la situation dégénère. Il faudrait peut-être juste assouplir le contrôle, car certains habitent ici et ne font que vaquer à leurs occupations », recommande Adama.

Du côté des mécaniciens, le coup est rude. En effet, cette affaire judiciaire transcende tout bonnement les deux principaux intéressés. « Dans cette partie de Rebeuss, les forces de l’ordre sont venues empiéter sur notre espace de travail. Leurs voitures et autres engins blindés occupent toute la place. Aujourd’hui, nous avons rangé nos outils de travail.

La journée ne sera malheureusement pas rentabilisée », regrette Modou, qui lui habite Pikine. Le Pikinois à la tenue archi maculée de d’huile de moteur a même voulu se projeter dans cette affaire. « À ce qu’il paraît, leur face-à-face est renvoyé jusqu’au 16 février prochain. Non seulement on nous prive d’une journée entière de travail, mais il va falloir s’attendre encore à ce même scénario d’ici une quinzaine de jours. C’est regrettable. Nous nous dirigeons encore vers une journée chômée et non payée ».

Vendeur de café, Abdoulaye est l’un des nombreux travailleurs qui payent les frais de jour de procès. « D’ordinaire, je suis juste à quelques encablures du palais de Justice. Mais aujourd’hui, le déménagement est patent. Les forces de l’ordre nous ont intimé de nous éloigner, afin qu’elles puissent installer le périmètre de sécurité. Bien évidemment, c’est un manque à gagner énorme pour moi et mes autres collègues. Les clients sont aux abonnés absents, sans doute par peur de faire face à une situation compliquée ».

« J’espère, poursuit-il, que ce feuilleton prendra bientôt fin, car comme vous le savez sans doute, nos activités tournent au ralenti à chaque fois que cela concerne Ousmane Sonko. Ce n’est pas pour charger le leader du Pastef, mais c’est comme ça ».

Note plus ou moins positive, le jeune homme a aussi apprécié l’atmosphère dans laquelle cette affaire s’est tenue, même si l’un des protagonistes, à savoir Ousmane Sonko, a manqué à l’appel. « Force est de constater que la situation est très calme. Je n’ai encore pas eu écho d’aucune manifestation », semble se féliciter le commerçant.

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Mamadou Nancy Fall
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