Mise En Circulation Du Brt, Achat De Nouveaux Bus Ddd, Ter : Les transporteurs privés crient à l’asphyxie et chargent l’Etat

La mise en circulation du Bus Rapid Transit (BRT), hier, sur l’axe Guédiawaye – Petersen en passant par plusieurs quartiers de la banlieue dakaroise fait le bonheur des usagers. Mais, elle semble porter le coup de grâce aux transporteurs privés après le lancement du Train Express Régional (TER) et le renforcement du parc automobile de l’opérateur national de transport en commun, Dakar Dem Dikk.

Joints avant hier, ces derniers crient à la concurrence déloyale et à la mort programmée de lignes AFTU.

«Notre problème nous acteurs du transport en commun, c’est que nous avons constaté depuis quelques années que l’Etat du Sénégal est en train d’investir beaucoup d’argent dans le transport de masse comme le TER et le BRT, mais il a laissé en rade les acteurs professionnels que nous sommes. Toujours, vous trouvez à côté des cars «Ndiaga Ndiaye» âgés de 40 ans, des cars «super» vieux de plusieurs décennies avec tout ce que vous entendez comme programmes de renouvellement du parc automobile et qui tarde à se concrétiser chez nous», déclare, mécontent, le Secrétaire général du syndicat des professionnels du transport routier du Sénégal. Fallou Samb.

Il rue dans les brancards et dit néanmoins apprécié comme tous les Sénégalais que l’Etat fasse un effort pour transporter les populations, leur permettre de se déplacer facilement avec des transports de masse.

«Ceci est à saluer sauf s’il ne prend pas en compte le privé national», conditionne-t-il. Également secrétaire administratif du Cadre unitaire des syndicats des transports routiers du Sénégal, regroupant 9 entités, Fal­lou Samb pense que la mise en circulation du BRT serait mieux accueillie si l’Etat déboursait une somme et pensait à renouveler une partie du parc du transport des acteurs privés.

«Mais si l’Etat fait venir par centaines des bus de DDD, inaugure le BRT, lance le TER et laisse toujours les transporteurs avec leur carcasses de véhicules, pour nous, c’est vraiment nous faire une concurrence déloyale. Or, l’Etat ne doit pas concurrencer ses propres citoyens», désapprouve M. Samb.

Par ailleurs, la mise en service du BRT, tout bénef pour les usagers, fait planer sur les travailleurs d’AFTU (Association de financement des professionnels du transport urbain) la menace de perte d’emplois avec la suppression, fort probable, de plusieurs lignes.

Le Secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs du transport sonne l’alerte. «En tant qu’usager, le BRT va faciliter nos déplacements. Mais en tant que défenseur des travailleurs, ce projet nous pose problème parce qu’il impacte de manière négative sur le droit social des travailleurs du secteur», soutient Amadou Samb.

Il informe, par rapport au réseau de l’AFTU, que toutes les lignes qui assuraient la desserte à côté du BRT seront durement impactées. «L’Etat crée des infrastructures, mais les emplois sont créés par le secteur privé. Ces braves transporteurs qui ont investi dans ce secteur ne s’y retrouvent plus», se plaint-il.

Selon lui, l’Etat devait réorganiser les lignes qui sont impactées avant de mettre en service le BRT. «Ces gens vont peut-être se retrouver au chômage parce que leurs employeurs ne pourront plus pouvoir supporter les coûts et les frais. Certes le BRT va générer des emplois, mais il y a beaucoup de milliers de travailleurs qui vont perdre leurs emplois», prévient Amadou Samb.

Des lignes de rabattement prévues dans le sillage du BRT

Pour éviter cette sombre perspective, El hadji Ndiogou Dieng, porte-parole d’AFTU, fait état d’une convention déjà signée entre AFTU, le TER, le BRT, Dakar Dem Dikk et le Centre d’appui à la professionnalisation des transports (Captrans, organe de gestion d’exploitation des bus AFTU) pour l’aménagement de nouvelles lignes de rabattement dans le sillage du TER, du BRT et DDD.

«Il reste à savoir quand et comment cela sera concrétisé», précise M. Dieng également joint au téléphone, hier. Il fait noter dans la foulée que d’importants efforts sont faits par le gouvernement pour le renouvellement du parc automobile d’AFTU, puisque, dit-il, il est prévu que les bus qui doivent rouler sur les tracées de rabattement seront des voitures neuves. «C’est un investissement qui dépasse le milliard de nos francs», a-t-il confié, sans plus de détails.

Source  Vox Populi

Momar Diack SECK
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