Le chèque signé par le peuple aux nouvelles autorités, n’est pas un chèque à blanc. Il est rempli d’exigences, Rester Focus ! Par Amadou Tidiane Wone

Le 24 mars 2024, le peuple sénégalais a fait une option, claire et sans équivoque, pour un changement résolu et définitif d’avec le train-train politicien dominant depuis plus de 60 ans. En vérité, une Révolution démocratique et sociale a posé son premier jalon, dès le premier tour d’une élection dont personne n’attendait une issue aussi claire, nette et sans bavures.  Les électeurs ont porté leur choix sur la jeunesse et sur la rupture. Ce faisant, ils ont fait le pari de la restauration de notre indépendance, progressivement hypothéquée par les abandons progressifs de Souveraineté sur des pans essentiels et stratégiques de notre  économie.

Le peuple a aussi fait une option pour l’intégration africaine, la promotion du mérite et, par-dessus tout, pour une lutte sans merci contre la corruption, les détournements de deniers publics, le pillage des ressources naturelles, le bradage du domaine national et la cannibalisation du domaine maritime.

Bref, le peuple s’est élevé contre la désinvolture,  notée ces dernières années, de serviteurs de l’État sensés veiller sur les intérêts de tous, et dont les noms sont associés à des crimes économiques,  supposés ou réels. Nous attendons, à cet égard, l’issue des procédures en cours ou à venir…

Il faut ranger au registre de la corruption… d’Etat ( !) les avantages exorbitants consentis à certains corps par rapport à d’autres, aussi méritants, tant par leur formation qu’au regard des services rendus quotidiennement à la nation. La grille salariale de la fonction publique doit être revisitée, totalement, dans le sens de la restauration de plusieurs équilibres rompus ces dernières années par un clientélisme politicien destructeur.

Même les Forces de défenses et de Sécurité, pudiquement emmurées derrière la notion de « secret défense »,  doivent lever le voile sur les dépenses liées à des simples questions d’intendance.

Celles-ci qui doivent être évaluées et réévaluées, au besoin, au même titre que les divers engagements de l’Etat. Le voile du secret ne s’étend pas à la gestion rigoureuse de certaines dépenses comme la popote, la construction de casernes, le carburant, les tenues militaires etc. On se comprendra !

Quant au fond, toutes ces distorsions procèdent d’une crise morale profonde dont les symptômes sont visibles à plusieurs niveaux de notre corps social. Il va falloir poser un diagnostic sérieux, qui va bien au-delà des procès d’intention et des règlements de comptes politiques. Le mal est très profond et se niche, bien des fois, dans des recoins insoupçonnables …

Au demeurant, en un mot comme en mille, le chèque signé par le peuple aux nouvelles autorités investies de sa confiance, pour un premier mandat de 5 ans, n’est pas un chèque à blanc. Il est rempli d’exigences, dont certaines sont livrables immédiatement, et d’autres prendront le temps de réformes profondes qu’il va falloir entamer très rapidement.

Autant les changements de personnels aux commandes de plusieurs leviers d’actions sont impératifs, autant le souci de la tenue, stricte, de tous les engagements pris, doit faire l’objet d’une communication gouvernementale millimétrée et d’un souci pédagogique en temps réels.

Mieux, les actions liées aux changements de comportements doivent être prises  en charge par les 54 % d’électeurs qui ont endossé la responsabilité de la rupture et du changement !  Il s’agit, pour chacun et chacune d’entre nous, d’incarner la rupture et de lui donner corps en toutes circonstances. Pour séduire et convaincre les indécis, afin de réduire l’hostilité et la capacité de nuisance des partisans du statu quo ante.

Cela doit être la nouvelle feuille de route du Focus 2024. Il faut l’endosser et la conduire.

Pour cela, il est nécessaire de s’attacher à la mise sur pied d’une coalition nationale contre la corruption,  le pillage des ressources nationales, le détournement des deniers publics et l’impunité ! Au-delà des partis, mouvements et personnalités membres de la coalition Diomaye Président, il faut fonder et engager une nouvelle dynamique  citoyenne plus large, moins politicienne et plus engagée à défendre notre pays des convulsions artificielles dont sont férus les politicards professionnels. Il s’agit de faire respecter le choix des électeurs sénégalais et de conduire les réformes attendues par :

Une lutte sans merci contre la corruption et tous ses avatars,

La restauration d’une justice équitable pour tous,

La mise en œuvre d’une politique d’assainissement des finances publiques et de choix budgétaires judicieux,

La réforme en profondeur de notre système éducatif dans toutes ses composantes,

Donner du sens à la devise nationale : un peuple-un but-une foi par la criminalisation des discours haineux et qui tendent à s’attaquer à l’âme de notre nation au sein d’une Afrique décomplexée  et en reconstruction.

De tout cela, ma conviction reste que la lutte contre la corruption, dans toutes ses dimensions, est la priorité des priorités ! De son éradication, sortira le nouveau type de sénégalais dont nous voulons que nos enfants soient l’incarnation. Cela est possible si la volonté politique, annoncée au plus haut niveau de l’Etat, est portée par chacun d’entre nous au quotidien.

Alors, dans 5 ans Inch’Allah nous pourrons dire :

«  We did it ! What else ? »

Amadou Tidiane Wone

info@amadoutidianewone.com

Dieyna SENE
Up Next

Related Posts