Lutte contre la pauvreté et la faim : la biodiversité protège les êtres humains, les sociétés et l’économie et joue un rôle fondamental

À l’occasion du Sommet des Nations Unies sur la biodiversité, le Directeur général de la FAO appelle à «respecter la nature» et à accélérer la transformation des systèmes alimentaires

«La biodiversité est le pilier sur lequel reposent la plupart des activités économiques, notamment dans le secteur agroalimentaire, c’est pourquoi nous devons enrayer son érosion par une action collective, cohérente et intégrée», a affirmé aujourd’hui le Directeur général de la FAO, M. QU Dongyu.

«L’appauvrissement de la biodiversité mine les efforts qui sont menés à l’échelle mondiale pour venir à bout de la pauvreté et de la faim: sans biodiversité, il n’y a pas de diversité alimentaire possible», a-t-il rappelé dans un message vidéo dans le cadre du Sommet des Nations Unies sur la biodiversité.
M. QU Dongyu, qui s’est exprimé au nom de plusieurs organismes des Nations Unies, représentait le système des Nations Unies lors d’un dialogue des dirigeants sur l’intégration des enjeux liés à biodiversité dans l’action plus large menée en faveur du développement durable.

Parmi les autres participants figuraient notamment la Chancelière allemande, Angela Merkel, le Premier ministre pakistanais, Imran Khan, la Directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay, ainsi que les dirigeants de l’Union internationale pour la conservation de la nature, de l’Union interparlementaire et de WWF International.

Le Sommet des Nations Unies, qui réunit des chefs d’État et de gouvernement, se tient alors que se termine la Décennie des Nations Unies pour la diversité biologique, et vise à mobiliser des engagements et des efforts concrets et rapides lors de la quinzième réunion de la Conférence des Parties à la Convention sur la diversité biologique, qui se déroulera à Kunming (Chine) en 2021 et durant laquelle les participants devraient adopter le Cadre mondial de la biodiversité pour l’après-2020.

L’utilisation durable de la biodiversité et le partage équitable des avantages en découlant sont essentiels en vue de la réalisation de 14 des 17 objectifs de développement durables. Qui plus est, 70 pour cent des médicaments contre le cancer sont des produits naturels ou synthétiques inspirés de la nature, et la pandémie du COVID-19 a démontré à quel point la dégradation de la biodiversité pouvait fragiliser la chaîne du vivant et accroître le risque de transmission de maladies de l’animal à l’homme.

Faisant écho à l’appel à une action urgente, le Directeur général de la FAO a insisté sur «la nécessité d’une transformation radicale de nos économies et de nos comportements pour les rendre plus inclusifs, plus verts et plus durables».

Il a souligné les liens importants qui existent entre ce sommet et le Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires qui doit se tenir l’année prochaine, faisant remarquer que l’avenir de nos systèmes agroalimentaires et celui de la biodiversité dépendent tous deux à la fois de la transformation de ces systèmes et de notre «respect de la nature», avant d’ajouter qu’il était temps de «faire converger nos priorités».

Aujourd’hui, seules neuf espèces de plantes cultivées assurent près de 66 pour cent de la production agricole totale, et seulement huit espèces de mammifères et d’oiseaux domestiquées fournissent plus de 95 pour cent de l’apport alimentaire tiré de l’élevage, selon les vastes recherches menées par la FAO sur la biodiversité. Le fait d’être tributaire d’un éventail aussi étroit de ressources limite les effets de la protection naturelle dont on bénéficie et, à plus longue échéance, amoindrit la résilience en matière de sécurité alimentaire.

Que faut-il faire?

«Déterminés à mettre en pratique leurs propres recommandations, les organismes du système des Nations Unies s’efforcent d’intégrer les questions de biodiversité dans l’ensemble de leurs activités internes, de leurs programmes et de leurs politiques et aident leurs Membres à en faire de même, en mettant l’accent sur les stratégies de développement vert, la gestion des risques de catastrophe et la mise en œuvre des politiques et accords internationaux pour garantir la sécurité alimentaire, les moyens d’existence et la durabilité», a expliqué le Directeur général.

Il a par ailleurs ajouté que la remise en état des écosystèmes terrestres et aquatiques, l’adoption de solutions fondées sur la nature, la conservation des espèces génétiques et des ressources naturelles, le financement vert et bleu, les changements orientés vers la durabilité ainsi que la transformation des modes de consommation et de production comptaient parmi les domaines d’action prioritaires.

Une intensification des efforts s’impose. La FAO œuvre actuellement pour la restauration des terres, notamment dans le cadre de l’initiative Grande muraille verte du Sahara et du Sahel. Cependant, à l’échelle mondiale, les activités menées dans ce domaine ne couvrent que deux pour cent des plus de deux milliards d’hectares de terres dégradées qui doivent être remises en état pour renforcer la biodiversité, les services écosystémiques et la productivité agricole, d’après la Convention sur la diversité biologique.

Sur le plan de l’action, la FAO est membre du Groupe de la gestion de l’environnement des Nations Unies qui fournit des indications pour l’élaboration du Cadre mondial de la biodiversité pour l’après-2020 qui doit voir le jour à Kunming.

Sur le plan des connaissances, l’Organisation a récemment publié le tout premier rapport d’évaluation de la biodiversité, intitulé L’État de la biodiversité pour l’alimentation et l’agriculture dans le monde, qui servira de point de référence. Entre autres constatations, le rapport met en évidence le fait que, si les rapports nationaux confirment que 24 pour cent des près de 4 000 espèces sauvages prélevées dans la nature à des fins alimentaires diminuent en abondance, il n’existe en revanche aucune donnée pour plus de la moitié de ces espèces (61 pour cent), ce qui indique que nous disposons de preuves de durabilité pour moins d’une espèce sur six.

Sur le plan des orientations générales, un nouveau rapport de la FAO met en avant la nécessité d’innover dans le cadre d’une approche de gestion fondée sur les écosystèmes, par exemple en sélectionnant les espèces cultivées en fonction de leur interaction avec d’autres espèces pour améliorer la santé du sol, en réduisant le recours aux toxines dans la lutte contre les ravageurs et en s’adaptant aux effets du changement climatique.

Oumou Khaïry NDIAYE
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