Louga – Escroquerie Le charlatan, le commerçant, l’impuissance sexuelle et les 11 millions de FCfa

Sur son 31, le charlatan s’avance d’un pas lent vers la barre du tribunal de Louga. Les deux bras croisés, la mine déconfite et le regard hagard, il tend l’oreille au juge qui lui rappelait les chefs d’inculpation qui lui valent sa comparution devant la juridiction : «Vous êtes poursuivis pour charlatanisme et escroquerie. Reconnaissez-vous les faits ?»

Marquant un bref silence, le prévenu répond par la négative. En effet, pour tirer au clair cette affaire, il a donné la parole à la partie civile, le commerçant S. Sarr. Piaffant d’impatience, il déclare :

«J’avais un contentieux avec la Douane au sujet d’un véhicule que j’avais acheté. Moussa Sow qui venait souvent dans ma boutique, m’avait mis en rapport avec un charlatan. Il m’avait assuré qu’il pouvait m’aider pour que je puisse entrer en possession de mon véhicule. Il m’avait alors communiqué le numéro de ce dernier.

Quand je suis entré en contact avec lui, il m’a demandé la somme de 150 000 FCfa pour une séance de prière. Le lendemain, il m’a appelé à nouveau pour me demander de l’argent. Il m’a fait comprendre qu’il se trouvait à Tambacounda, mais ses Djinns viendront pour récupérer l’argent. Il en était ainsi durant presque deux mois. Tous les jours, je lui envoyais de l’argent via Wave.

Les transactions financières étaient estimées à plus de 6 millions de FCfa. Il m’a aussi fait acheter 10 boubous et de mettre dans chaque poche une somme de 50 000FCfa. J’ai attendu la nuit pour les déposer dans la brousse. Pour suivre ses recommandations, je ne me retournais pas, sinon j’allais mourir. Il m’a ruiné. Je ne pouvais lui dire non, car il m’avait envoûté. Il m’a escroqué à hauteur de 11 millions de FCfa…»

Invité à s’expliquer sur ces accusations, le charlatan s’est défendu : «M. Sarr était atteint par une impuissance sexuelle, il m’avait sollicité pour que je lui fasse des prières. J’ai respecté mon engagement, car il a récemment baptisé son premier enfant. L’argent qu’il m’avait donné était destiné aux prières. Je ne lui ai jamais dit que j’habite à Tambacounda. Je m’attendais qu’il me remercie, parce que n’eut été moi, sa femme allait le quitter.

Comment pourrais-je l’envoutera lorsque je ne l’ai jamais rencontré ?» Son co-prévenu, Moussa Sow, arrêté pour complicité, a lui aussi nié les faits : «Certes, j’ai mis M. Sarr en rapport avec mon ami, mais je ne lui ai jamais dit qu’il habite Tambacounda. Je veux juste l’aider dans la mesure où, il faisait face à des difficultés. D’ailleurs, il m’avait appelé pour me remercier…»

A la fin du débat contradictoire, Me Sidy Seck qui s’était constitué pour la partie civile, a réclamé une somme de 12 millions de FCfa au titre de dommages et intérêts. La défense assurée par Nfamara Mané, a plaidé la relaxe. Au délibéré, le charlatan, reconnu coupable des délits visés, a été condamné à un an ferme, en sus du versement de la somme de 12 millions de FCfa à la partie civile. Son co-prévenu a écopé d’une peine de 6 mois ferme.

L’Obs

Saphiétou Mbengue
Up Next

Related Posts