Juridiquement la RTS est un média de service public avec des compétences et des moyens qui lui donnent les pleins pouvoirs pour ratisser le plus large possible sur la base d’une pluralité d’acteurs ayant tous accès à ce bien commun. La notion de service de public peut être vague mais l’on va choisir quelques éléments qui la sous-entendent
Tout d’abord l’égalité dans les traitements de l’information. Cela veut dire en langage simple qu’il faut se démarquer de la discrimination entre les usagers du service. Tout Sénégalais de quelque obédience politique religieuse ou ethnique qu’il soit, devrait pouvoir se sentir intégré et pris en compte dans la diffusion de l’émission.
Faut-il l’avouer le problème véritable vient du rejet total des voix dissidentes pour le bonheur relatif du pouvoir. Par exemple la façon dont on traite une information venant du parti au pouvoir -différent des institutions de la République- doit être identique à la façon dont on traite une information venant de l’opposition. Il ne doit pas y avoir de « part du lion ».
Ensuite, la neutralité, qui est une tendance complexe certes, mais qui peut être peinte par une aspiration à l’équilibre et à l’objectivité, à se suffire de l’information dans sa substance, sans aucune volonté de manipulation. Par exemple, l’on ne peut dire qu’après la pluie, il n’y a aucune inondation à Dakar alors que l’eau est présente jusque dans les maisons.
Nous avons vu la RTS diffuser dans son journal, après une journée de pluie, que la politique de l’Etat a permis d’évacuer les eaux alors que les eaux étaient bien présentes. Dans le cadre de la neutralité, l’enjeu majeur réside dans le traitement des informations des acteurs politiques car chaque camp, tant qu’il peut polir ce qui le concerne, n’hésitera pas à le faire.
Le gouvernement, ceux que nous avons connus, en orientant l’information sur ses réalisations et en niant l’existence de problème avec une totale insuffisance, masque la réalité et oublie la souffrance du peuple avec la complicité de la RTS.
Et enfin, l’équidistance qui est elle-même l’essence du journalisme. L’on a vu un journaliste présenter le journal alors qu’il milite ostensiblement dans le camp du pouvoir. Ce comportement remet en cause l’éthique et la déontologie du journaliste lui-même, mais aussi du responsable de la rédaction qui devrait veiller à l’intégrité du contenu (l’information) et du contenant (le canal).
Parmi les éléments du contenant l’objectivité du présentateur est importante, voire primordiale car elle permet d’entretenir la confiance qui existe entre le média et le public.
Ma conviction est qu’il faut rajeunir les administrations des médias de service public. Presque les mêmes problèmes dans la gestion se posent au Soleil et à l’Agence de presse sénégalaise (Aps). Il faut responsabiliser les jeunes, définir des objectifs, les accompagner et surtout mettre en avant leur capacité d’adaptation à l’évolution de l’audiovisuel.